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    La chauve-sourischauve-souris utilise un système de localisation particulier : l'écholocationécholocation appelée aussi l'écholocalisation, une « vision acoustique » ou « sixième sens ». Elle émet par le neznez ou la bouche des ultrasons dont elle recueille l'écho. Ce système, très sensible, permet à la chauve-souris d'obtenir une image précise de son environnement.

    L'oreillard roux <em>Plecotus auritus </em>aux oreilles démesurées. © Gucio 55, Shutterstock
    L'oreillard roux Plecotus auritus aux oreilles démesurées. © Gucio 55, Shutterstock

    L'orientation grâce à l'écholocation

    L'écholocation n'existe que chez les Microchiroptères (c'est-à-dire nos chauves-souris). C'est en 1794 que Lazzaro Spallanzani fait des expériences scientifiques très probantes pour démontrer que les chauves-souris possèdent un « sixième » sens pour se déplacer sans utiliser les yeuxyeux... et ce n'est qu'en 1938 que B. Griffin et G. Pierce montrent expérimentalement que les chauves-souris émettent des ultrasons dont la bande ne sera déterminée qu'en 1941 par D. Griffin et Galambos. Il s'agit de fréquences entre 30 et 120 kilohertz. La durée d'émission se situe autour d'une à cinq millisecondes et la fréquence d'émission peut être de 60 impulsions par seconde en phase de chasse, c'est-à-dire en situation d'émission intense.

    Écholocation.
    Écholocation.

    D'autre part, on a pu mesurer l'énergie fournie au moment de l'émission et on a des chiffres de l'ordre de 110 décibelsdécibels à proximité de la tête, ce qui concurrence les plus grands chanteurs d'opéra ! Les longueurs d'onde varient entre 3 et 15 mm et ces sons sont émis par le larynxlarynx, par modulationmodulation d'un puissant courant d'airair. Ne pas oublier que la longueur d'ondelongueur d'onde de l'émission doit être proportionnée à la taille des proies. La chauve-souris arrête ensuite d'émettre et attend que l'écho sur l'obstacle revienne à son oreille (voir schéma ci-dessus) ; l'angle d'action de l'écho sonore est relativement étroit. On peut donc leur boucher les yeux, comme l'a fait Spallanzani, mais pas les oreilles ! Le grand MurinMurin de la photo suivante émet, la bouche bien ouverte et la tête orientée dans la direction d'émission.

    Émission de Grand Murin. © C. König, tous droits réservés
    Émission de Grand Murin. © C. König, tous droits réservés

    Certains animaux émettent en modulation de fréquence, des signaux très courts de 1 à 5 millisecondes, par exemple les Verspertilionidés, signaux émis par la bouche qui reste ouverte pendant le vol.

    D'autres émettent des signaux stables, par exemple le Grand Rhino à 83 kilohertz et le petit Rhino à 107 kilohertz avec une petite modulation de fréquence à la fin mais longs d'environ 50 millisecondes, par le nez et non par la bouche, d'où la conformationconformation spéciale de celui-ci, et la bouche fermée pendant le vol. Vous voyez, ci-dessous, un sonogramme de trois sortes de chauves-souris.

    Sonogramme.
    Sonogramme.

    Mais les chauves-souris émettent aussi toutes sortes d'autres cris dont certains dans l'audible (pour l'homme), cris qui servent à la communication sociale.

    La chasse et les proies de la chauve-souris

    Les chauves-souris combinent l'écholocation, l'ouïe et la structure alairealaire de l'uropatagium pour pratiquer une chasse très efficace. Identifiée et localisée par l'écholocation, la proie est dirigée vers l'uropatagium (la chauve-souris volant ailes déployées pendant la chasse) et c'est là qu'elle viendra la saisir avec la bouche. Certaines s'attaquent aux proies immobiles sur les feuilles ou les mursmurs comme l'Oreillard, d'autres encore volent au ras du sol pour y capturer de gros insectesinsectes comme des carabes, mais il n'y a pas de chasse en groupe. Les proies sont dévorées tout de suite et les parties chitineuses rejetées.

    Le Grand murin, par exemple, émet pour s'envoler. On n'a su qu'il chassait au sol qu'en déterminant les proies mangées par les résidus trouvés dans ses crottes (pinces de coléoptèrescoléoptères, ou restes de mandibulesmandibules) et on s'est aperçu qu'il y avait des proies qui ne volaient pas !

    Oreillards, reliefs des repas. © C. König, tous droits réservés
    Oreillards, reliefs des repas. © C. König, tous droits réservés

    L'Oreillard, lui, traque papillons et insectes (voir photo ci-dessus) ; il chasse la nuit sur et autour des branches où il se repose et où parfois il mange si la proie est grosse ou s'il y a trop de ventvent ou encore pour se reposer.

    La Pipistrelle commune, elle, mange des moustiques et des moucherons qu'elle attrape près des lampadaires le soir : elle est ainsi très facile à observer, même en ville, il s'agit d'une espèceespèce qui s'est très bien habituée à l'Homme contrairement à beaucoup d'autres.

    Dans tous les cas les chauves-souris ont une chasse très efficace, mangent beaucoup (elles ont un métabolismemétabolisme rapide) : elles consomment une quantité d'insectes qui peut représenter la moitié du poids du corps de l'animal. Elles peuvent parcourir, pour certaines d'entre elles, des distances de plusieurs kilomètres pour trouver une source de nourriture.