Il y a longtemps, très longtemps, la conjonction de certaines circonstances aussi variées que les modifications de l'orbite de la Terre autour du Soleil, de l'inclinaison de son axe de rotation ou même de la quantité d'énergie solaire reçue en surface ont provoqué un abaissement généralisé de la température atmosphérique. C'était il y a 115.000 ans, la glaciation de Würm venait de commencer.

Le chat et le climat. © Lepale, Pixabay, DP
Le chat et le climat. © Lepale, Pixabay, DP

Très progressivement, les calottes glaciaires se mirent à s'étendre. Lentement d'abord, puis plus rapidement. Tandis que le niveau moyen des mers baissait d'une centaine de mètres, la glace recouvrait progressivement les continents, Europe comme Amérique du Nord entre autres, ruinant les territoires de chasse des premiers hommes et les contraignant à redescendre vers le sud.

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Les Hommes n'étaient pas les seuls concernés

Ces modifications de température ne présentaient pas de risque immédiat pour les espèces qui l'habitaient, à condition de savoir se synchroniser avec le déplacement des zones climatiques. Ainsi toutes les espèces, animales comme végétales, suivirent le mouvement et descendirent vers des régions correspondant à leur biotope d'origine, c'est-à-dire vers le sud. Pendant ce temps, les régions abandonnées se voyaient progressivement recouvertes par des centaines de mètres de glaces... Cela dura des dizaines de millénaires.

L'Homme fut avantagé par son intelligence, qui lui procurait une faculté d'adaptation telle qu'en n'importe quelles circonstances, il restait capable de trouver sa subsistance. Certains des autres mammifères furent, eux, avantagés par... leur petite taille, qui leur permettait de survivre malgré des possibilités d'approvisionnement en nourriture réduites. Parmi eux, des félins. Mais l'histoire ne fait que commencer...

Il y a environ 20.000 ans, l'intensité de la glaciation de Würm atteint son maximum. Les populations européennes n'ont cessé de migrer vers le sud, mais elles ont atteint une barrière naturelle, infranchissable : la Méditerranée. Ne pouvant se réfugier en terre plus clémente, les espèces qui la composent commencent à s'éteindre, victimes du froid. Mais plus loin, au-delà de la mer, les espèces qui ont aussi migré vers le sud n'ont pu être remplacées et un vide, un désert, s'est créé et s'étend en direction de l'équateur.

<em>Felis silvestris ornata,</em> Pakistan N-E Inde.
Felis silvestris ornata, Pakistan N-E Inde.

L'adaptabilité du chat en phase avec les changements climatiques

Et notre chat ? Il est toujours là... Obéissant à sa nature et à son comportement félin, il chasse inlassablement les petits rongeurs, avantagés comme lui par leur taille réduite. Et ne s'intéresse pas à l'Homme. Tout comme l'Homme lui est parfaitement indifférent. Continuons.

Il y a 12.000 ans, la période glaciaire se décide à relâcher son emprise. Le climat se réchauffe progressivement, les glaciers commencent à fondre. À ce moment, la Méditerranée n'est plus entourée que de déserts. Au nord, c'est le froid. Au sud, c'est le désert. Toutes les espèces animales comme végétales, réfugiées sous les Tropiques, commencent à remonter vers le nord.

Ici, une petite parenthèse pour signaler une différence fondamentale dans l'histoire des continents de part et d'autre de l'Atlantique. En Amérique, les grandes chaînes montagneuses qui auraient pu former barrière (Apalaches, Rocheuses, Cordillière des Andes) sont toutes orientées nord-sud et ne font pas obstacle aux migrations, ce qui a permis aux hommes de mieux s'adapter aux modifications du climat. Contrairement en Europe où, nous l'avons vu, la Méditerranée a constitué une barrière infranchissable, causant la mort de milliers d'espèces faute de pouvoir se réfugier au sud.

Mais l'inversion du processus causera de nouvelles victimes. Alors que la glaciation avait repoussé tous les écosystèmes vers l'équateur, le réchauffement fait remonter les plantes réfugiées en Afrique, du moins les rares espèces qui ont pu s'adapter. Et elles se heurtent à nouveau à la barrière de la Méditerranée, cette fois dans l'autre sens. C'est ainsi qu'au cours du Quaternaire, la faune et la flore de l'Europe restent  beaucoup plus pauvres que celle de l'Amérique ou de l'Asie. Sauf...