au sommaire
Il existe un autre trésor offert par la mer qui ne souffre pas de surexploitation. C'est le sel, une denrée inépuisable et indispensable à la santé humaine. Dans le sud de Madagascar, un projet de développement tente de mettre en place la production d'un sel de qualité pour la population locale.
Coucher de soleil sur les marais salants. © Surasit Rojtrairat - Shutterstock
L'exploitation du sel s'est développée autour de la ville de Toliara, dans le sud du pays, il y a une cinquantaine d'années. Aujourd'hui, environ cinquante petits producteurs qui font travailler de nombreux habitants de la ville produisent l'or blanc. Le sel cristallise lorsque l'eau de mer, amenée par des canaux dans des bassins, s'évapore avec la chaleur solaire. La récolte se fait à la main : les ramasseurs, ou mpiasas, hommes et femmes, avancent pieds nus dans les bassins équipés de grands racloirs à l'aide desquels ils poussent le sel. Ils déposent ensuite les cristaux blancs dans des paniers qu'ils vont vider sur les mulons, nom donnés au tas de sel qui permettent un premier séchage au soleil. Puis les cristaux sont lavés, broyés et mis en sac.
Ce sont ensuite des charrettes qui transportent le précieux minéralminéral jusqu'à l'aire de chargement des camions où les mpaneras (nom malgache donné aux négociants) vont embarquer le sel pour le vendre.
Longtemps, l'activité des sauniers s'est développée sans réglementation ni structure, avec des techniques simples et une rentabilité faible. Le sel n'était pas traité. Or depuis les années 1990, le Ministère de la santé de Madagascar demande à ce que le sel utilisé dans l'alimentation soit enrichi en iode et en fluorfluor. En effet, d'importantes carencescarences ont été constatées dans les populations du sud de l'île ; le manque d'iode provoque des troubles hormonaux et des déficiences mentales. Quant au fluor, il est indispensable pour avoir de bonnes dents !
En 2006, un Comptoir régional du sel (CoReSEL) est créé. Son objectif est d'organiser les activités de production du sel, de mettre en place un système d'iodation et de fluoration, et d'améliorer la commercialisation. Le mode artisanal de la production de sel est conservé mais les techniques sont améliorées.
© Alexis Rosenfelf - Reproduction interdite
Des paludiers français venus des salines de Guérande viennent à Madagascar pour rencontrer leurs collègues malgaches et partager avec eux leur expérience. Des salines pilotes sont construites et certaines augmentent leur production de 200 % ! Des cycles de formation à la gestion-comptabilité sont organisés pour les exploitants. Un système de microcrédits est proposé qui leur permet d'améliorer leurs installations grâce à des prêts à taux très faibles. Un remboursement en nature, c'est à dire en sel, est même prévu.
Un hangar est aussi construit dans lequel le sel est iodé et fluoré. Une dizaine d'employés y travaillent. Une fois traité, le sel est mis à sécher à nouveau pendant vingt heures, étalé sur de grandes bâches posées à même le sol. Il est ensuite passé à la broyeuse. Pendant ce temps, les employés fabriquent les sachets : ils sont découpés ; cousus avant d'être emplis de sel. Les sachets sont regroupés dans un grand sac livré au revendeur.
Pour convaincre la population d'acheter ce sel traité, une campagne de communication a du être lançée. Car son coût est légèrement plus élevé que celui du sel non traité, et le prix est déterminant pour les familles souvent très pauvres. Un défilé-carnaval de deux cents enfants des écoles publiques à ainsi été organisé pour sensibiliser les habitants de Toliara au « Sira misy iody sy flior », ou bienfaits du sel iodé et fluoré.
Ainsi, les responsables de CoReSel espèrent arriver à mettre en place une filière mieux organisée, plus rentable et fournir aux habitants du sud-ouest de Madagascar un sel contribuant à améliorer leur santé.