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Karua, le volcan né d'un cataclysme
Photo sous-marine. Chapelets de bulles de gaz émises depuis la zone sommitale du Karua. © IRD/ G. Bargibant.
- A - Après Kuwae, Karua
Le volcan sous-marinvolcan sous-marin de Karua s'est installé et développé dans l'immense caldeiracaldeira (60 km2) qui résulta du cataclysme de Kuwae vers 1450 de notre ère. Ce volcan, dont l'ancrage sous-marin se situe vers 400 mètres de profondeur, affleure en 1897 et 1900/1901 suivi par de nouvelles manifestations en 1923 et 1925 ; il émerge en 1948 (avec la constructionconstruction d'une île d'environ 1,5 km de diamètre et 100 mètres de hauteur et disparaît en 1950. Il réémerge en 1959 et en 1971 et forme une île jusqu'en 1975. Entre ces périodes, des bouillonnements et colorations sont assez régulièrement observés.
Visite sur l'île de Karua, qui a émergé en février 1971. © National Geographic Society, New Hebrides
En 1997 à l'occasion d'une campagne d'observation de l'IRDIRD dans le cadre du programme «d'étude et de surveillance des volcans du Vanuatu» le sommet du Karua, qui forme un large plateau au relief peu important, a été photographié et filmé.
Photo sous-marine. Chapelets de bulles de gaz émises depuis la zone sommitale du Karua. © IRD/ G. Bargibant
Le dégazagedégazage du volcan sous-marin sous une douzaine de mètres d'eau confirme le maintien de son activité. Les plongeurs n'ont remarqué que la présence de quelques alguesalgues et de nombreux petits invertébrésinvertébrés (alcyonaires, ascidies, astéries) fixés sur des roches de quelques dizaines de centimètres de diamètre posés sur des cendres grises ou rougeâtres.
- B - Une activité fumerolienne périodique
Une autre observation a permis quelques mois plus tard de filmer le sommet du Karua à l'aide d'un sous-marin téléguidé Pluto * l'absence de dégazage deux mois après les observations précédentes signifie simplement que l'activité fumerolienne reste périodique et confirme les témoignages de colorations de la surface de la mer. Le sous-marin Pluto téléguidable jusqu'à 400 mètres de profondeur et équipé d'une caméra a permis d'observer la colonisation par de nombreuses espècesespèces marines des bordures de la caldeira de Kuwae en particulier celles de l'île de Laika qui avec Tefala et le « Rocher à la voile » sont les restes émergés de la terre qui reliait Epi à Tongoa avant le cataclysme de 1452.
Mise à l'eau du sous-marin Pluto téléguidable jusqu'à 400 mètres de profondeur et équipé d'une caméra.
© IRD/Michel Lardy
* Pluto, petit sous-marin dédié à la recherche scientifique. Il fait partie de cette nouvelle génération d'automatesautomates destiné à l'observation sous-marine à faible et moyenne profondeur.© IRD/Michel Lardy.
Pluto est un petit sous-marin (- 400 mètres) dévolu à la recherche scientifique ; il est autonome et relié par un cordon ombilicalcordon ombilical de 500 mètres au travers duquel circule les ordres de commandes et les retours d'images vers le catamaran (base depuis laquelle opèrent les observateurs).
Cinq hélices commandées par un joystickjoystick le propulse à une vitesse maximale de 4 nœuds ; la position du sous-marin est suivie en permanence sur un écran de contrôle (sonar) et l'image observée par Pluto est transmise en temps réel et peut-être enregistrée sur support vidéo.
Instrument d'observation pour les biologistes et les géologuesgéologues, il a été acheté par une dizaine de marines et des pétroliers. Un modèle dispose en plus de l'observation par caméra des pinces de prélèvements. Une version « - 2000 mètres » est également commercialisée.
Pluto fait partie de cette nouvelle génération d'automates pour l'observation sous-marine à faible et moyenne profondeur. La facilité de mise en œuvre, la réduction des risques par rapport à des plongées en scaphandre autonome, l'investigation préalable avant la mise en œuvre d'opérations importantes... font de ce sous-marin un outil idéal pour l'océanologie.
- C - 500 ans de tradition orale
Si les sociétés de l'écrit ont consigné les traces des événements exceptionnels causés par les volcans, permettant de reconstituer une partie de leur histoire, les traditions orales peuvent également contribuer à la connaissance d'une région et guider le travail des volcanologuesvolcanologues. C'est ainsi que s'est transmise depuis plus de 500 ans, de génération en génération, l'histoire du cataclysme de Kuwae. Recueillis par des missionnaires, puis rapportés par des anthropologues, ces récits ont guidé les archéologues qui ont découvert les preuves et réalisé les premières datations. Des géologues enfin ont situé avec précision (1452) ce gigantesque cataclysme.
Dans un futur proche il est probable qu'une île composée de scoriesscories et de roches émerge définitivement, son impact devant toutefois rester limité aux îles d'Epi et Tongoa.