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Le Grand Escarpement est une gigantesque falaise qui fait quasiment le tour du continent. Il est dû au rebond isostatique, après la séparationséparation de l'Amérique du Sud et de l'Afrique, et n'est pas dénué d'intérêt géologique ou de paysages spectaculaires : le col du Spreetshoogte, le col de Gamsberg, la petite localité de Solitaire font tout le charmecharme de cette région.
Les chutes d'Epupa Falls, sur la rivière Kunene, Namibia. © Hans Hillewaert, CC BY-SA 3.0
Voilà 80 millions d'années, toute l'Afrique du Sud s'est soulevée à la suite d'une compensation isostatique due à la rupture du Gondwana, et le cratoncraton du Kalahari a formé un grand « bol » bordé de chaînes de montagnes très raides sur leur face océanique. Obstacle infranchissable pour les premiers colons qui arrivaient avec des chars à bœufs dans ce paysage...
À 80 ou 100 km de la côte actuelle, quasiment ininterrompue par endroits, de 800 à 1.000 m plus haut que le Piémont, par endroits très abrupte, cette barre rocheuse sépare le désertdésert du Namib des plateaux intérieurs (situés entre 1.000 et 1.500 m d'altitude) pour ce qui concerne la Namibie.
L’ancien fort de Namutoni est aujourd’hui un lodge destiné aux touristes, dans le parc national d’Etosha. © Bettyx1138, Wikimedia Commons, CC by 2.0
L’arrière-pays de Swakopmund, le passage des colons
Une seule exception dans cette barrière : la région de l'arrière-pays de Swakopmund, constituée des granitesgranites du Damara, fragiles sous ces climatsclimats. Cette région érodée est le seul passage naturel vers l'intérieur. Ce fut la voie de pénétration des Allemands qui colonisèrent la Namibie de 1870 à 1914. Il y avait une piste de Swakopmund au fort de Namutoni : il fallait trois semaines aux convois tirés par des bœufs pour rallier la garnison du fort...
Les Britanniques, arrivés ensuite, sont passés depuis Le Cap en traversant le fleuve Orange. Ils avaient un port sur cette côte, Walvis Bay, port qui est resté sous domination britannique quelques années après l'indépendance du pays en 1990.
Du nord au sud, on trouve :
- un escarpement au nord de Swakopmund ;
- la région basse de l'arrière-pays de Swakopmund ;
- deux escarpements entre Swakopmund et Lüderitz ;
- trois escarpements au sud de Lüderitz.
Mais il existe plusieurs ruptures dans le continent suivant d'anciennes lignes de faiblesse.
Le col du Spreetshoogte a été aménagé au cours de la seconde guerre mondiale. © Christian König, DR
Le col du Spreetshoogte
Le col du Spreetshoogte est l'endroit le plus spectaculaire pour se rendre compte de la barrière que constitue ce Grand Escarpement. Vous êtes à 1.500 m en haut du col, et trois à quatre kilomètres plus bas, vous vous retrouvez à 800 m, avec des pentes de plus de 25 % sur la piste... Il a fallu paver les virages pour que les véhicules ne partent pas dans le décor ! J'étais au volant, en 4x44x4, en première, et je peux vous dire que ce n'est pas rassurant de conduire un véhicule d'une tonne avec un vide pareil devant soi ! Ce n'est pas très long, mais on espère de tout cœur qu'un véhicule ne vienne pas en sens contraire : impossible de se croiser...
Les quelques blocs qui dépassent dans le désert qui s'étale à vos pieds sont des inselbergs, restes de très anciennes montagnes complètement érodées dont les racines sont recouvertes de sablesable.
Le col de Gamsberg
Le Gamsberg, col voisin, beaucoup moins spectaculaire, vous fait traverser des roches de plus d'un milliard d'années du complexe de Rehoboth. Cette chaîne de montagnes a aussi été affectée par du volcanismevolcanisme, des plutonsplutons granitiques et des dykesdykes qu'on retrouve dans le paysage, mais ce qui est ici spectaculaire, ce sont les schistesschistes et micaschistesmicaschistes du Damara. Autre particularité du Gamsberg : son sommet tout à fait plat, constitué de quartzitequartzite très dur de 3 km2 et environ 20 à 30 m d'épaisseur, métamorphismemétamorphisme des sables de l'Etjo formés à partir des dunes du désert, et datés de 135 à 180 millions d'années (désert postglaciaire du GondwanaGondwana).
Solitaire est une petite localité du centre de la Namibie à proximité du parc national de Namib-Naukluft. Elle comprend actuellement une station d'essence, un bureau de poste, et le seul magasin (alimentation générale et drugstore) entre les dunes de Sossusvlei, la côte à Walvis Bay et la capitale Windhoek. © Christian König, DR
Solitaire, une petite localité de Namibie
Au pied de ces cols, nous avons Solitaire... Solitaire, qui porteporte bien son nom, est constitué d'une maison, de la station-service, et du camp. Le tout était géré par une ancienne institutrice d'Afrique du Sud tombée amoureuse de l'endroit et son assistant, fort sympathiques tous les deux. Par chance, nous sommes arrivés le jour de livraison de la viande, et nous avons eu droit, à la table commune, à de superbes steaks, bienvenus après des semaines « riz-tomatestomates-oignonsoignons » ! Nous avons partagé le repas avec un couple de Belges qui « faisaient » la Namibie à vélo... et, finalement, nous aussi, nous avons trouvé cet endroit magique !