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    Pour mémoire, bien que ce ne soit pas le cœur du sujet de ce dossier, éliminons d'entrée de jeu deux solutions qui pourraient paraître séduisantes mais qui posent de gigantesques problèmes technologiques et de risques.

    La majorité des sources d’émissions de carbone sont trop dispersées (ou mobiles) pour qu’on puisse envisager de les capter. © RGY23, Pixabay, DP
    La majorité des sources d’émissions de carbone sont trop dispersées (ou mobiles) pour qu’on puisse envisager de les capter. © RGY23, Pixabay, DP

    Première idée : capter le carbone à la source

    La première idée consisterait à capter le carbone à la source, au moment même où on l'émet, par exemple dans les cheminéescheminées des centrales électriques à charbon ou les usines de purification du gaz naturelgaz naturel. Observons d'une part qu'on ne captera ainsi qu'une partie de carbone émis dans l'atmosphèreatmosphère : on ne va pas récolter et stocker celui qui est émis par les voituresvoitures ou les avions par exemple, ou les appareils de chauffageappareils de chauffage domestiques.

    Les échanges de carbone entre mers et atmosphère sont importants, peut-on accélérer le processus de captation ? © Isaac Sanolvacov, <em>Wikimedia commons </em>CC 3.0
    Les échanges de carbone entre mers et atmosphère sont importants, peut-on accélérer le processus de captation ? © Isaac Sanolvacov, Wikimedia commons CC 3.0

    Un problème de stockage

    Mais, même si on arrivait à attraper une part significative du carbone que l'on émet, le problème resterait alors de savoir comment on peut le stocker et l'enfouir. On a imaginé trois méthodes pour ce faire, qui restent encore actuellement largement à l'état de prototypes :

    • Injection dans des roches perméables via des puits profonds, sous forme « gazeuse super critique », à très haute pression, par exemple dans des anciens gisementsgisements de pétrole ou de gaz, ou dans des veines de charboncharbon inexploitées. Les sociétés pétrolières tentent de se placer sur ce nouveau marché. Cependant, comment se garantir contre une remontée massive de ce COvia des puits mal étanchéifiés, ou via les aquifèresaquifères ?

    • Stockage sous forme de neige carbonique dans des grands fonds océaniques. Une technologie qui reste provisoire et incertaine, et menaçante pour la biodiversitébiodiversité des grands fonds marins. Sans compter que, si ces plaques se détachaient et remontaient à la surface, elles s'enflammeraient spontanément, provoquant de véritables catastrophes.

    • « Inertage » sous forme de carbonates minérauxminéraux reconstitués, une fois l'oxygèneoxygène retiré. Une solution qui copie la nature, mais qui semble, dans l'état actuel des techniques, très coûteuse en énergieénergie.

    Bref ce n'est pas encore pour demain !

    Deuxième idée : augmenter le stockage du carbone dans les mers et océans

    La deuxième idée serait d'augmenter significativement le stockage du carbone dans les mers et les océans, puisque la très grande majorité du carbone présent sur terre est en fait dissoute dans la mer.

    Le plancton, les coraux et les poissonspoissons absorbent en effet le gaz carboniquegaz carbonique et leurs déchetsdéchets et cadavres tombent finalement en « pluie » continue, appelée « neige marineneige marine » sur les fonds marins. Ce qui n'est pas consommé par les organismes les plus profonds forme lentement des roches sédimentairesroches sédimentaires, ce qui fixe le carbone pour des millions d'années sous forme de roches. Compte tenu des immenses surfaces concernées, on estime que ce phénomène permet de fixer environ la moitié du gaz carbonique qui est absorbé sur la planète. Cependant, ce point est toujours sujet à des controverses alimentées par des études partielles et contradictoires, les unes trouvant que les mers séquestrent davantage de carbone qu'on ne le pensait, les autres démontrant qu'en fait elles en relâchent beaucoup. En réalité, on s'aperçoit que l'on connaît très peu ce milieu.

    Photo en gros plan d'un krill de l'Antarctique (<i>Euphausia superba</i>). © Uwe kills, <em>Wikimedia commons</em>, CC 3.0
    Photo en gros plan d'un krill de l'Antarctique (Euphausia superba). © Uwe kills, Wikimedia commons, CC 3.0

    Une fausse bonne idée

    Alors, est-ce qu'on peut néanmoins tenter d'en rajouter artificiellement dans les mers ? C'est largement une fausse bonne idée. Pour commencer, en l'état actuel des techniques, on ne sait pas bien comment faire pour y stocker davantage de carbone. Une des idées qui ont été émises consisterait à répandre des microparticules de ferfer ou de sulfate de fer pour doper la séquestration du carbone par l'océan grâce au planctonplancton. Quelques expérimentations ont été faites, en particulier en 2002 en AntarctiqueAntarctique, qui laissaient espérer que pour chaque atomeatome de fer répandu, entre 10 et 100.000 atomes de carbone pouvaient être fixés.

    Mais d'autres chercheurs ont calculé que les effets induits pouvaient être pires que les bénéfices escomptés, et en 2008, l'Organisation maritime internationale, ainsi que la Convention de LondresConvention de Londres sur la préventionprévention de la pollution de la mer par l'immersion des déchets, ont estimé que ces activités de fertilisation de l'océan devaient être interdites, sauf expérimentations scientifiques limitées.

    On redoute donc que les inconvénients de ce stockage supplémentaire soient très importants, en particulier en acidification de l'eau de mer...

    Le plus simple reste donc de tenter d'augmenter la séquestration « naturelle » dans le sol, sur terre ! Et bien évidemment, ce ne sont pas les coiffeurs, les banquiers ou les marchands de téléphones portables qui vont pouvoir effectuer ce service pour la collectivité, mais bien les agriculteurs et les forestiers !