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    Déterminer le mode de vie complet des Gastornis permettrait de préciser de nombreuses interrogations sur le destin des mammifèresmammifères et celui des oiseaux dans l'Histoire de notre Planète. Malgré des avancées techniques et concrètes, de nombreuses questions sur ces oiseaux géants restent sans réponses.

    Les oiseaux ont-ils réellement concurrencé les mammifères après la disparition des dinosaures ? © 258817g, DP
    Les oiseaux ont-ils réellement concurrencé les mammifères après la disparition des dinosaures ? © 258817g, DP

    Depuis les découvertes de Gaston Planté à Meudon, en 1855, qui suscitèrent un énorme intérêt dans la communauté scientifique, l'oiseauoiseau géant Gastornis n'a pas cessé de poser des questions aux paléontologues. Au fil des tâtonnements, des découvertes, des erreurs aussi, notre connaissance de cette étrange créature a progressé, de sorte que nous en savons beaucoup plus qu'en 1855 sur son anatomieanatomie, sa position dans la classification des oiseaux, sa répartition stratigraphique et sa distribution géographique.

    Des énigmes non résolues

    Toutefois, il subsiste de grandes zones d'ombre en ce qui concerne sa biologie et son mode de vie. La question essentielle, car il est indispensable d'y répondre pour reconstituer le rôle de Gastornis dans les écosystèmesécosystèmes du début du Tertiaire, est celle de son régime alimentaire : grand carnivore faisant sa proie des mammifères contemporains, simple charognard, ou encore paisible végétarienvégétarien se nourrissant de feuillage ?

    Pour tenter de résoudre ce problème, un projet pluridisciplinaire a été lancé en 2011 avec le soutien de l'Institut des sciences de l'univers du CNRS. Il rassemble des paléontologuespaléontologues, des anatomistes et des géochimistes, dans le but d'essayer de reconstituer enfin de façon aussi précise que possible la paléobiologie des gastornithidés, en combinant des approches différentes. Il est ainsi prévu de réinterpréter la fonction du bec et des membres de Gastornis à la lumière des méthodes modernes de l'anatomie fonctionnelle : ni la mécanique des mâchoires, ni celle des pattes postérieures ne sont les mêmes chez un carnivorecarnivore, qui doit poursuivre, capturer et déchirer ses proies, et chez un herbivore se nourrissant de végétaux qui n'ont évidemment pas besoin d'être rattrapés à la course puis tués.

    La géochimie isotopique peut, elle, apporter des informations sur la place de Gastornis dans la chaîne alimentairechaîne alimentaire : à partir des rapports isotopiques de divers éléments contenus dans les os et les œufs (carbone, baryum, strontium), on peut tenter d'obtenir des informations sur le type de nourriture consommé par les oiseaux géants. Les isotopesisotopes de l'oxygèneoxygène peuvent, eux, donner des indications sur le milieu (température, aridité...) qu'habitaient ces oiseaux. Les résultats obtenus en utilisant ces différentes approches devraient nous permettre de mieux appréhender le mode de vie de ces animaux qui n'ont plus d'équivalent dans le monde actuel, et de répondre à ces vieilles questions qui restent pourtant d'actualité : les oiseaux ont-ils vraiment été les concurrents des mammifères après la disparition des dinosaures, et si oui pourquoi ont-ils perdu la partie ?