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Un jour de 1855, un jeune physicienphysicien français promis à un grand avenir fut l'auteur d'une découverte qui fit sensation dans une discipline a priori bien éloignée de la sienne, à savoir la paléontologiepaléontologie. Il s'appelait Gaston Planté (1834-1889), et il devint célèbre pour avoir inventé l'accumulateur électrique, la batterie qu'utilisent encore toutes nos automobilesautomobiles. Mais son esprit curieux le menait aussi vers la géologiegéologie et la paléontologie, et en 1855 c'est en trouvant un os fossilisé qu'il fit parler de lui.
Un os mystérieux
La découverte eut lieu à Meudon, dans la banlieue ouest de Paris. Gaston Planté y récoltait des fossiles dans une couche géologique bien particulière, le ConglomératConglomérat de Meudon, qui s'est formée au début de l'Éocène, il y a quelque 55 millions d'années. Déposée par des cours d'eau, cette roche sédimentaireroche sédimentaire formée de fragments hétéroclites contient des restes de vertébrésvertébrés assez abondants, appartenant entre autres à des tortuestortues, des crocodilescrocodiles et des mammifèresmammifères. Mais le tibiatibia (ou plutôt tibiotarse, os formé, chez les oiseaux, par la fusion du tibia avec l'astragaleastragale et le calcanéum) trouvé par Planté appartenait à un être jusque-là inconnu de la science, à savoir un oiseauoiseau gigantesque.
Un oiseau géant
Le spécimen fut d'abord examiné par Edmond Hébert, alors professeur de géologie à l'École normale supérieure, puis par d'autres illustres géologuesgéologues et paléontologuespaléontologues français, dont Constant Prévost et Édouard Lartet. Tous s'accordèrent à y voir un oiseau aux dimensions impressionnantes, « aussi lourd qu'un cheval », pour reprendre la comparaison fréquemment utilisée à cette époque.
En dépit de la découverte à Meudon d'un second os, un fémurfémur cette fois, il n'était pas facile de reconstituer avec précision ce volatile gigantesque, qui était à l'époque un des plus anciens oiseaux fossilesfossiles connus, à partir de données si incomplètes. Une chose était claire, il s'agissait d'une espèceespèce non encore répertoriée, qui reçut le nom de Gastornis parisiensis. Le nom de genre, construit sur le suffixe ornis (« oiseau » en Grec), était un hommage au découvreur, Gaston Planté, et le nom d'espèce faisait allusion à la proximité de Paris. Restait à préciser la position zoologique de Gastornis, ce qui n'était pas une mince affaire. Les opinions les plus diverses furent émises, l'oiseau de Meudon étant rapproché tout à tour de l'albatros, de la cigognecigogne, et même du dodo.
Hébert, quant à lui, le voyait proche des « palmipèdespalmipèdes lamellirostres », c'est-à-dire des canards, et n'était sans doute pas loin de la vérité. Il concluait aussi avec raison qu'un oiseau aussi gros et lourd devait être incapable de voler. Constant Prévost y voyait un oiseau aquatique nageant comme le cygne mais capable aussi de se tenir sur une seule patte comme les échassiers.
Chose curieuse, le premier paléontologue à publier une illustration du tibiotarse de Gastornis fut le Britannique Richard Owen, qui avait obtenu un moulage de cet os lors d'une visite à Paris. Il en publia une description détaillée en 1856, le comparant aux moas, oiseaux géants éteints de Nouvelle-Zélande, qu'il avait fait connaître. Mais les restes connus de Gastornis demeuraient rares, et le restèrent pendant deux décennies.