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Le Cénozoïque ou la marche vers un monde moderne
Avec l'extinction des hybodontes à la fin du MésozoïqueMésozoïque, les faunesfaunes de poissonspoissons cartilagineux du CénozoïqueCénozoïque vont définitivement prendre l'aspect moderne qu'on leur connaît aujourd'hui, composées de chimèreschimères, relativement rares, d'une part et de requins et de raies, les néosélaciens, d'autre part.
Dès la fin du CrétacéCrétacé, la plupart des familles de requins et de raies modernes étaient déjà apparues. Le cénozoïque ne verra que quelques ajouts à la diversité des néosélaciens. Chez les raies notamment, les torpillestorpilles et leurs organes électriques feront leur première apparition juste après la grande crise de la limite Crétacé-Tertiaire, au paléocènepaléocène inférieur, il y a environ 62 millions d'années.
A l'EocèneEocène inférieur, il y 54 millions d'années, ce sera au tour des Pristidés, les poissons scies, d'apparaître. A noter cependant que ce n'est pas la première fois qu'apparaît au sein des néosélaciens un rostrerostre allongé garni de « dents » (il s'agit en fait de denticules dermiques modifiés, et non pas de vrai dents). Cet « outil » est apparu indépendamment trois fois chez les néosélaciens. La première fois au Crétacé moyen, il y a environ 120 millions d'années chez une famille de raies aujourd'hui disparue sans laisser de descendance, les Sclérorhynchidés. 25 millions d'années plus tard, au Crétacé supérieur, ce sera au tour des requins scies de faire leur apparition, puis à l'Eocène, on verra finalement apparaître les poissons scies, qui sont en fait des raies, et non des requins comme l'attestent leurs fentes branchiales situées sur la face ventrale de leur corps (elles sont situées sur le côté chez les requins).
Un poisson scie moderne, Pristis perotteti. Ces animaux peuvent atteindre 6 mètres de long. © Dessin Alain Beneteau
Si le Cénozoïque ne voit pas l'apparition de beaucoup de nouvelles familles, la relative abondance de chaque type de requins va se modifier de façon très nette au cours des derniers 65 millions d'années. Aujourd'hui, les plus abondants des requins sont les Carcharhiniformes qui, avec entre autres les requins des récifs et les chienschiens de mers, représentent plus de 50% du nombre total d'espècesespèces recensées (les raies ne sont pas prises en compte dans ce calcul).
Cependant cette domination des Carcharhiniformes est relativement récente, datant d'environ 5 millions d'années. Avant, c'était les Lamniformes, ou requins maquereaux, un groupe auquel appartient aujourd'hui le grand requin blanc, qui était en position dominante, alors qu'aujourd'hui ils ne représentent plus guère que 5% des espèces. Les raisons de ce remaniement ne sont pas clairement élucidés, mais il a eu pour effet de voir certains Lamniformes changer radicalement de mode de vie afin de survivre. C'est le cas des requins-lutins. Très commun dans les eaux peu profondes de toutes les mers du globe au Crétacé, on ne les trouve plus aujourd'hui que vivant à de grande profondeur, entre 350 et 600 mètres de profondeur, où ils semblent avoir trouvé refuge.
Scapanorhynchus, un requin lutin du Crétacé. © Dessin Alain Beneteau
Les Lamniformes gardent malgré tout une place de choix au sein des requins, au moins dans l'imagination populaire, en tant que super-prédateurs, comme le montre aujourd'hui le grand requin blanc, Carcharodon carchariasCarcharodon carcharias. Les Carcharhiniformes n'ont cependant pas grand'chose à leur envier avec le requin tigrerequin tigre, Galeocerdo cuvieri, dont les mensurations sont très proches de celles du requin blanc, ces deux superbes prédateurs pouvant dépasser six mètres de long. Mais en retournant quelque peu dans le passé, on verra que ce sont les Lamniformes qui ont produit l'un des plus impressionnants prédateurs marins de tous les temps : Carcharocles megalodonCarcharocles megalodon C. megalodon apparaît pour la première fois au MiocèneMiocène, il y a 23 millions d'années, et disparaît définitivement au PliocènePliocène, il y a environ 2 millions d'années. Avec une taille maximale proche de 13 mètres et des dents atteignant 17 centimètres de haut, il est sans équivalent dans la nature actuelle. Contrairement à ce que l'on croit, C. megalodon n'est pas un proche parent de notre actuel requin blanc. Il appartient en fait à une famille disparue sans laisser de descendance, les Otodontidae, dont il fût le dernier représentant. Avec sa disparition, c'est un peu la fin du règne des Lamniformes et la mise en place de l'ordre actuel, dominé par les Carcharhiniformes.
Dent de Carcharocles megalodon. Collection du Musée géologique de Copenhague © Photo Gilles Cuny