au sommaire
Les densités de lemmings vont non seulement déterminer le nombre de couples de chouettes harfangs qui vont se partager les territoires, mais elles conditionnent aussi la taille des futures nichées. En véritable année de pic, la vallée, qui s'étend sur une vingtaine de kilomètres, peut alors accueillir plus de 15 couples.
Chaque ponte peut comporter jusqu'à plus de 10 œufs, incubés exclusivement par la femelle qui est régulièrement ravitaillée en lemmings par le mâle. Les éclosions interviennent à partir de fin juin et donnent lieu à des naissances échelonnées à intervalles d'environ deux jours. De tels écarts confèrent aux premiers nés un avantage décisif quant à leur future chance de survie.
Surtout qu'au fil des semaines, la fréquence des nourrissages (de l'ordre de quelques dizaines de proies par jour lors des meilleures années !) va s'espacer avec l'inéluctable crash estival de la population de lemmings consécutif aux effets d'une pression de prédation de plus en plus aiguë.
Varier les proies avec des limicoles ou des lièvres arctiques
À tel point que, même en année prolixe, rares seront les couples qui vont pouvoir mener plusieurs jeunes à l'envol. Avec les lemmings devenant de plus en plus discrets s'opère aussi un report vers des proies alternatives, notamment vers les jeunes limicoleslimicoles, bruants et autres oies ou eiders. Les lièvres arctiquesarctiques et lagopèdes alpins sont également des proies potentielles régulièrement ciblées.
Pour les jeunes harfangs sur le point de s'émanciper, le territoire natal n'a alors plus rien d'un pays de cocagne et c'est la disette qui va accompagner leurs premiers vols de dispersion. Une période critique qui va encore faire payer un lourd tribut dans les rangs des survivants, comme en témoignent les restes de plumées de jeunes harfangs découverts en toundra l'année d'après.