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    La posidonie comporte des rhizomesrhizomes terminés par des bouquets de feuilles en lanière. Les feuilles, très denses (plusieurs milliers par mètre carré) piègent des sédimentssédiments. Les rhizomes réagissent à l'ensevelissement par une croissance verticale. Le fond s'élève donc. On nomme matte l'ensemble des rhizomes, pratiquement imputrescibles, et du sédiment qui colmate les interstices (Figures 4.1 et 4.2).

    Sur la plage de l'Almadrava, des résidus de posidonie. © Joanbanjo, <em>Wikimedia,</em> CC by-sa 4.0
    Sur la plage de l'Almadrava, des résidus de posidonie. © Joanbanjo, Wikimedia, CC by-sa 4.0

    La montée de la matte, au-dessus du fond initial, est comprise entre 10 centimètres et un mètre par siècle. L'épave romaine du golfe de Giens (Provence orientale), datée du 1er siècle avant notre ère, avec son millier d'amphores contenant du vin italien, a ainsi été enfouie (et préservée) sous trois mètres de matte.

    Figure 4.1. Les schémas de la matte <em>(Figure 4.2)</em> minimisent la densité des rhizomes, pour des raisons graphiques. En réalité, leur densité est très élevée. La quantité de carbone séquestré est donc considérable. © Sandrine Ruitton - Tous droits réservés - Reproduction interdite
    Figure 4.1. Les schémas de la matte (Figure 4.2) minimisent la densité des rhizomes, pour des raisons graphiques. En réalité, leur densité est très élevée. La quantité de carbone séquestré est donc considérable. © Sandrine Ruitton - Tous droits réservés - Reproduction interdite

    En mode battu, l'hydrodynamisme empêche l'herbier de s'approcher de la surface. L'herbier est détruit et il en résulte une pénéplaine de « matte morte ». Dans les baies abritées, en revanche, l'herbier s'approche de la surface et édifie un « récif-frangeant ». Au cours du temps, comme dans les récifs coralliens, le récif-frangeant progresse vers le large et devient un « récif-barrière », isolant un lagon.

    Figure 4.2. Les rhizomes de posidonie réagissent à l’ensevelissement par le sédiment, piégé par les feuilles, par une croissance verticale. Au cours du temps (a, b, c et d), la matte s’élève au-dessus du fond initial. En orange, les rhizomes vivants ; en rouge, les rhizomes morts ; en jaune : le sédiment qui colmate les interstices ; en vert : les feuilles vivantes. © Charles-François Boudouresque - Tous droits réservés - Reproduction interdite
    Figure 4.2. Les rhizomes de posidonie réagissent à l’ensevelissement par le sédiment, piégé par les feuilles, par une croissance verticale. Au cours du temps (a, b, c et d), la matte s’élève au-dessus du fond initial. En orange, les rhizomes vivants ; en rouge, les rhizomes morts ; en jaune : le sédiment qui colmate les interstices ; en vert : les feuilles vivantes. © Charles-François Boudouresque - Tous droits réservés - Reproduction interdite

    La matte, un piège à carbone

    Au sein de la matte, du carbone est piégé, séquestré de façon durable. Cela signifie qu'il peut y demeurer pendant des millénaires, et même des millions d'années. Il sera alors intégré dans la genèse des hydrocarbures. Quelques millions d'années plus tard, ce sera le pétrole que l'Homme extraira, pour son bien (l'énergie) et pour son mal (le CO2 rejeté, l'effet de serre et le réchauffement du climatclimat).

    Autour de la Méditerranée, certains gisementsgisements de pétrole (Algérie, Tunisie, Libye) correspondent à d'anciens herbiers de posidonies. Il convient toutefois de souligner que d'autres peuplements que les herbiers ont été à l'origine, au cours des temps géologiques, de gisements d'hydrocarbures.