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Travail du métal, systèmes d'écriture, organisation politique... Trois civilisations (cycladique, crétoise et mycénienne) ont nourri ce qui allait devenir la Grèce.
Petite chronologie de la civilisation cycladique (voir aussi page précédente)
- De 3200 à 2800 avant J.-C. : Cycladique ancien I, dit aussi culture Grotta-Pelos
- De 2800 à 2300 avant J.-C. : Cycladique ancien II, dit aussi culture Kéros-Syros, souvent considérée comme l'apogée de la civilisation cycladique
- De 2300 à 2000 avant J.-C. : Cycladique ancien III, dit aussi culture Phylakopi
Petite chronologie de la civilisation crétoise
- De 2700 à 2000 avant J.-C. : Minoen ancien
- De 2000 à 1600 avant J.-C. : Minoen moyen, avec un pouvoir politique centralisé
- De 1600 à 1200 avant J.-C. : Minoen récent, avec l'hégémonie du roi de Cnossos sur toute la Crète
Terres cuites de l’altar (une sorte d’autel) d’Azoria en Crète. © DP
C'est l'époque de la domination crétoise en mer Égée : thalassocratie et fondation de comptoirs dans les Cyclades, à Rhodes, Samos, Milet. En regardant ces petites chronologies, on voit que la civilisation cycladique a pu influencer Cnossos, où furent importées des statuettes cycladiques par exemple, l'inverse est aussi vrai. Il en va de même pour l'Attique et Mycènes, influencés par Cnossos et les Cyclades, comme le montre la petite chronologie ci-dessous.
Hall du trône à Cnossos. © Chris 73, cc by sa 3.0
Petite chronologie de la civilisation mycénienne
- De 1900 à 1700 avant J.-C. : arrivée des premiers Grecs, les Ioniens, en Grèce continentale et en Anatolie, premiers sites fortifiés
- De 1700 à 1500 avant J.-C. : arrivée des Achéens, peuple indo-européen originaire des Balkans, et installation dans le Péloponnèse
On y voit l'apparition des premières cités-forteresses (Mycènes, Pylos, ArgosArgos, Tirynthe), l'hégémonie des Mycéniens sur le monde achéen, une société hiérarchisée de guerriers, ainsi que l'installation des Ioniens, et des Éoliens en Béotie et en Thessalie.
- En 1400 avant J.-C. : les Achéens envahissent la Crète, ruine de Cnossos et domination des Achéens en mer Égéemer Égée
- En 1150 avant J.-C. : destruction des cités mycéniennes par les Doriens, ruine de la civilisation mycénienne
- En 1050 avant J.-C. : début d'une période de transition ayant laissé peu de traces, installation des Doriens en Attique
Ruines à Mycènes. © Monniaux, GNU 1.2
Terminons avec deux événements historiques d'importance :
- entre 1645 et 1500 avant J.-C. : éruption du Santorin ;
- vers 1200 avant J.-C. : les Peuples de la mer.
Tête peinte (Mycènes). © Fingalo, cc by nc 2.0
L’époque préhellénique
Les traces les plus anciennes en Grèce continentale remontent au Paléolithique. Au Néolithique, vers 4000 avant J.-C., les populations se sédentarisent, développent l'agricultureagriculture et occupent plus d'espace, la présence d'obsidienne de Milos atteste de relations maritimes avec les Cyclades. À l'âge du bronze, vers 2000 avant J.-C., plusieurs civilisations s'épanouissent presque simultanément :
- en Crète, la civilisation minoenne dispose de trois systèmes d'écriture, d'artisans qualifiés et se diffuse jusqu'en Égypte et en Syrie ;
- dans les Cyclades, la civilisation cycladique s'épanouit sous l'impulsion des Minoens, qui y introduisent l'usage du métal ;
- dans le Péloponnèse, la civilisation helladique (entre 2500 et 1100 avant J.-C.) coïncide avec de nouveaux rites funéraires, sous l'influence des Hellènes.
Pithos, jarre destinée au stockage de denrées alimentaires non périssables (Cnossos). © DP
À la fin du IIIe millénaire avant J.-C.
C'est à cette période que commencent les migrations de peuples danubiens parlant une langue indo-européenne, qui utilisent le cheval et introduisent le cuivre et le bronze.
Entre 2000 et 1600 avant J.-C., trois groupes se succèdent :
- les Ioniens, qui occupent l'Attique et les Cyclades ;
- les Éoliens, qui s'établissent en Thessalie ;
- les Achéens (le groupe le plus important), qui s'installent dans le Péloponnèse.
À la fin de l'âge de bronze
Vers 1600-1200 avant J.-C., les Achéens donnent naissance à la civilisation mycénienne, qui doit son nom à la cité-royaume de Mycènes, où de nombreux vestiges sont découverts par l'archéologue allemand Heinrich Schliemann dans la seconde moitié du XIXe siècle. Les Mycéniens, qui occupent le Péloponnèse, la Béotie, l'Attique, ainsi que la Crète, après le mystérieux effondrementeffondrement de la civilisation minoenne, sont à l'origine de la fondation de royaumes, donc de palais et de forteresses. La religion élaborée joue un rôle important, avec Zeus, Héra, Poséidon, Artémis ou HermèsHermès. Les tombes témoignent de la richesse de cette civilisation.
Commerçants, pirates et guerriers, les Mycéniens sont peut-être à l'origine de la destruction de Troie, décrite par Homère dans L'Iliade.
Une vague de mouvements migratoires
La disparition très brutale de Mycènes, à la fin du XIIe siècle avant J.-C., a été expliquée par l'arrivée des Doriens. En fait, d'autres événements ont pu intervenir. Entre cet effondrement et l'émergenceémergence des cités, nouvelle forme d'organisation politique, s'écoulent quatre siècles, dont on ne sait presque rien, ces peuples ayant même perdu l'usage de l'écriture tant le traumatisme a été profond.
Tablette d’argile de Mycènes portant une inscription en linéaire B provenant de la « maison des Sphinx », XIIIe siècle avant J.-C. Cette tablette appartient à un groupe d’inscriptions relatives à la production d’herbes aromatiques. © Marsyas, GNU 1.2
Au XIe siècle avant J.-C. apparaissent la céramiquecéramique à décors géométriques, l'utilisation du fer et la pratique de l'incinération, mais ces innovations ne sont pas forcément liées aux Doriens.
Des Grecs émigrent vers les îles de la mer Égée et le long des côtes asiatiques. Les Éoliens occupent la Béotie, la Thessalie, l'Asie Mineure. Quant aux Doriens, ils investissent l'isthmeisthme de Corinthe, le Péloponnèse, Crète et Rhodes. Les Ioniens, eux, s'installent en Attique, en Eubée et dans les Cyclades.
Au cours des IXe et VIIIe siècles avant J.-C.
On assiste à cette époque à la redécouverte de l'écriture, la renaissance d'une vie religieuse, l'apparition de petites unités territoriales dirigées par un basileus. C'est l'émergence d'une nouvelle culture grecque commune.
Pour aller plus loin
- « Les Mycéniens, des Grecs du IIe millénaire », Dossiers d'archéologie, n° 195, juillet-août 1994
- « La Grèce, aux origines du monde égéen », Dossiers d'archéologie, n° 222, avril 1997