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Cette civilisation de l'âge de bronze sera décrite à partir des objets rassemblés par un collectionneur tenace qui fut à l'origine du musée cycladique d'Athènes. L'évolution des sépulturessépultures d'où proviennent nombre d'entre eux mérite elle aussi de s'y arrêter.
La collection de Nicholas Goulandris
« Toute collection est le fruit d'un rêve devenu passion, et qui, pour se réaliser, demande un effort long et obstiné, une quête tenace vers l'objet recherché. » Ce sont les propres mots de Dolly Goulandris, femme de Nicholas Goulandris. Ils ont tous deux collectionné des pièces dans un souci de qualité esthétique et documentaire, avec un amour profond pour ces îles dont Nicholas était originaire. Les œuvres ont été exposées dans le monde entier avant de trouver leur présentation définitive dans un musée athénien : le Musée d'art cycladique, dit parfois musée d'art Goulandris, fondé en 1986.
Les premières figurines cycladiques en forme de violon en marbre (3200-2800 avant J.-C.). Elles représentent une figure féminine accroupie, mais leur signification exacte n’est pas connue. Il s’agit très probablement d’une divinité de la fertilité féminine. © Musée archéologique national (Athènes), Flickr, cc by nc 2.0
Les périodes du Cycladique ancien
À la fois en raison de leur isolement et de leur situation géographique de passage est-ouest, ces îles ont connu une brillante civilisation au troisième millénaire. Les habitants maîtrisaient bien la navigation dans la région. Cette civilisation est plus ou moins contemporaine du Minoen ancien de Crète et antérieure à la civilisation helladique ancienne du continent. On distingue trois périodes dans le Cycladique ancien :
- Cycladique ancien I de 3200 à 2800 avant J.-C.
- Cycladique ancien II de 2800 à 2300 avant J.-C.
- Cycladique ancien III de 2300 à 2000 avant J.-C.
Kernos, vase à offrande composé de récipients reliés entre eux, découvert dans une tombe à Mélos (vers 2000 avant J.-C.). © DP
Ces divisions pratiques sont assez arbitraires. D'autres archéologues ont proposé d'autres divisions, mais nous en resterons là pour simplifier. Chacun de ces stades est ensuite divisé en groupes définis, entre autres, par des critères céramiques. On peut ainsi distinguer six groupes :
- Lakoude (Naxos) ;
- Pélos (Milos), avec les figurines en forme de violon ;
- Plastiras (Paros), avec des idoles ;
- Kampos (Paros), qui fait la transition avec le Cycladique ancien II ;
- Syros, le plus important de la période moyenne ;
- Kastri, avec des innovations métallurgiques de la fin du Cycladique ancien II.
Idole de 1,5 mètre de haut, la plus grande connue du début de la période dite du Cycladique ancien II. © ProfSaxx, cc by nc 3.0
Le Néolithique
Il n'y a pas de traces paléolithiques connues sur les îles, peut-être à cause de l'incapacité des populations continentales à franchir les distances qui les en séparent, même s'il faut garder à l'esprit qu'à l'époque, vu le niveau de la mer, elles étaient peut-être moins importantes qu'aujourd'hui.
Jarres de stockage découvertes à Santorin. © Claire König
L'exploration du site de Saliagos, près de Paros, a révélé l'existence d'une culture régionale datée de 4800 avant J.-C. Fondations en pierres, céramiquecéramique à décors de peinture blanche sur fond noir, objets en marbremarbre : toutes ces figures annoncent les œuvres de l'âge du bronze.
Il est évident que le Cycladique fait suite au Néolithique sur ces îles. Un autre site, Képhala (sur Kéa), a été fouillé et on a découvert que l'enterrement collectif y existait déjà. On a aussi trouvé des vases qui ont une certaine parenté avec ceux de l'Attique à la même époque, et des marbres précurseurs du Cycladique.
Habitats et sépultures
Dans un premier temps, il n'y a pas de constructionconstruction « en dur » et pas de fortifications non plus. Ceci laisse supposer que les habitants vivaient tranquilles sur leurs îles.
Vieille maison, à Oia (Santorin). © Claire König
La situation change au Cycladique ancien II où l'on voit apparaître des fortifications avec tours d'observation et de défense. Les maisons se regroupent, faites de pierres et de mortiermortier, tantôt carrées, tantôt rondes, avec une ou deux pièces et un toittoit léger de branches et de terre. Pas de foyer dans ces maisons mais des braseros. Puis les fortifications disparaissent. Les cimetières, à l'extérieur des maisons, ont des tombes signalées par des muretsmurets ou de petits amas de galets blancs. Il est évident, comme pour beaucoup d'autres civilisations, que la majorité des objets que l'on connaît provient des tombes.
Les corps ne sont pas incinérés, ils sont couchés sur le côté droit, en général, et sont entourés de toutes sortes d'objets. Pour le Cycladique ancien I, il s'agit de tombes à cisteciste individuelles mais groupées.
Tombe à ciste reconstituée. © DP
Puis, au Cycladique ancien II, on observe des enterrements successifs dans un même endroit : les nouveaux morts étant déposés sur les précédents, on a ainsi des tombes à « étages », où les niveaux inférieurs servent d'ossuaires. Le tout comporte un système de fermeture à encorbellementencorbellement.
À la fin de la période, on voit apparaître des tombes creusées directement dans le rocher, avec un sol recouvert de divers matériaux : sablesable, galets ou plaques.
On ne sait pas trop quels seraient les critères à retenir pour différencier, dans ces tombes, des rangs ou des groupes sociaux différents : clans, familles, etc.