au sommaire
Prévision versus Prévention
Prévoir les séismes afin de sauver des vies humaines et de préserver un patrimoine historique, industriel, économique compte parmi les priorités de la recherche en sciences de la terre de ce siècle. De nombreux signes précurseurs peuvent annoncer un tremblement de terretremblement de terre mais malheureusement ceux-ci ne sont pas reproductibles, leur occurrence apparemment aléatoire ne permet donc pas une approche systématique en terme de prévision. Nous pouvons évoquer toutefois certains de ces phénomènes précurseurs qui ont pour certains eu des succès spectaculaires ayant entraîné la mise au point de méthodes "infaillibles". Malheureusement infaillibles pour un temps ! En janvier 1975, des anomaliesanomalies du champ magnétique, des variations de niveau d'eau dans les puits et le comportement "particulier" de certains animaux ainsi que l'occurrence de nombreux petits séismes entre le 1er et le 4 Février permirent aux chercheurs chinois de prédire le séisme de Haicheng et d'éviter donc une catastrophe. Ce tremblement de terre de magnitude supérieure à 7 ébranla dans la nuit du 4 au 5 Février, le NE de la Chine.
Figure 11 - Le satellite Demeter © CNES
Plus d'un an plus tard le 28 Juillet 1976, se produisit le séisme le plus meurtrier de ce siècle sous la ville de Tangshan à seulement 300 km au sud-ouest du séisme d'Haicheng. Il provoqua 300.000 morts et ne fut malheureusement pas prédit! De leur côté, scientifiques russes et grecs ont expérimenté des méthodes de « prédiction ». Les premiers basent leurs recherches sur des lois statistiques qui permettraient de déterminer un seuil d'alerte, alors que les seconds s'attachent à mesurer les anomalies du potentiel électrique entre des électrodes dans le sol. Plus récemment la surveillance de signaux éléctro-magnétiques détectés dans la ionosphère par une instrumentation embarquée dans un satellite en orbite autour de la terre semble avoir donné des indications intéressantes avant les derniers gros séismes du globe. Cette mission spatiale du CNESCNES (Centre National d'Etude Spatiale) nommée « Demeter » (Detection of Electro-Magnetic Emissions Transmitted from Earthquakes Regions) - Figure 11 - a pour vocation de surveiller les zones à aléa sismiquealéa sismique élevé en vue de mieux comprendre le comportement sismogénique de ces zones et d'améliorer un jour la prévision sismique. Dans tous les cas même si ces démarches scientifiques sont prometteuses, elles peuvent être, à ce jour, contestées car elles ne donnent pas de résultats systématiques.
En l'absence de technique de prévision fiable, la préventionprévention reste sans conteste le seul moyen de minimiser les risques de destruction matériel et de perte en vie humaine. Un séisme comme celui de Lambesc produirait aujourd'hui de nombreuses victimes, quelques centaines de morts, des milliers de blessés, et des destructions sans précèdent en France, pouvant s'estimer en millions voire milliards d'euros de dégâts, d'après une étude menée par le Ministère de l'Environnement. En l'absence d'une prévision fiable, il convient donc d'améliorer la prévention... Or, là où la Terre a tremblé, elle tremblera de nouveau. Cette loi naturelle permet une première étape vers la prévention. En effet, elle permet d'établir des cartes de zones potentiellement sismiques. Et par conséquent, à défaut de prévoir "Quand" elle re-tremblera, nous pouvons définir "Où" elle re-tremblera... L'évaluation de l'aléa sismique reposera donc, entre autre, sur l'identification et la localisation des séismes du passé, comme du présent et donc des failles qui les générèrent.