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Un peu de géologie

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Marbres et albâtres dans la série stratigraphique du Jura - Dessin - P. Rosenthal - © Inventaire général, ADAGP, 2001/Université de Franche-Comté, Laboratoire de Géosciences.

Si les géologues ne reconnaissent pas le titre de marbre à ces roches, ils nous éclairent sur leur origine et sur leur répartition.

Laissons la parole à Patrick Rosenthal (maître de Conférences au Département Géosciences, Université de Franche-Comté, Besançon) :

L'histoire du Jura commence il y a 245 millions d'années, avec le cycle orogénique alpin, succédant au cycle varisque responsable de la formation du socle cristallin du Jura, qui n'affleure que dans les Vosges, dans le Massif Central et dans le petit massif de la Serre au nord-est de Dole.

Dès le Trias, les roches qui constituent le Jura s'élaborent, essentiellement sous le niveau de la mer. Au Jurassique et au Crétacé (entre -200 et -100 millions d'années), s'accumulent 1000 à 1500 m de sédiments marins en couches successives sur les dépôts de grès, marnes, sel et gypse triasiques. Ces matériaux sont essentiellement formés de calcaires fins, graveleux, ou oolithiques (les oolithes sont des sphères millimétriques constituées de couches concentriques de calcaire).

Lame mince de calcaire oolithique d'Audelange vue au microscope : oolithes et bioclastes - <br />Photo : M. Rossy - &copy;  Inventaire général, ADAGP, 2001/Université de Franche-Comté, Laboratoire de Géosciences<br />

Lame mince de calcaire oolithique d'Audelange vue au microscope : oolithes et bioclastes -
Photo : M. Rossy - © Inventaire général, ADAGP, 2001/Université de Franche-Comté, Laboratoire de Géosciences

Les calcaires renferment souvent des bioclastes, fragments d'organismes fossiles - tels que les échinodermes (entroques), les coraux, les mollusques et les bryozoaires - ou encore des encroûtements algaires (oncholithes). La sédimentation calcaire est parfois interrompue par quelques épisodes marneux. Depuis 35 millions d'années, le socle et la couverture sédimentaire subissent des déformations liées à la collision alpine responsable des failles et des plis du Jura. C'est dans ce contexte mouvementé que s'élaborent les conglomérats et les brèches et qu'apparaissent, au cœur de la roche, des plans de dissolution hérissés de pics (stylolithes) et des fissures ouvertes où recristallise la calcite.

Entre les plaines suisse et bressane, où les calcaires secondaires sont enfouis sous deux à trois kilomètres de sédiments tertiaires, l'arc jurassien constitue un môle rocheux où les calcaires forment des lignes de relief nord-est / sud-ouest.

Milieux de sédimentation variés et déformations intenses fournissent aux hommes une grande variété de pierres calcaires, voire gypseuses, aux propriétés physiques et mécaniques satisfaisantes pour donner après polissage un marbre ou un albâtre de qualité.

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Carte de localisation des carrières et des marbreries - Dessin Inv. A. Céréza, P. Rosenthal - © Inventaire général, ADAGP, 2001/Université de Franche-Comté, Laboratoire de Géosciences

De Dole à Saint-Claude, on traverse les principales unités structurales du Jura, où la géologie commande la distribution des sites. On rencontre successivement le Dolois avec des marbres du Jurassique moyen et supérieur, la zone bressane où les calcaires sont absents, le Vignoble et le Revermont renfermant les albâtres du Trias, les marbres noirs à gryphées (huîtres arquées) du Sinémurien et les nombreuses carrières de marbres à entroques du Bajocien. Sur le plateau de Champagnole s'extrayaient les marbres du Jurassique supérieur et dans le Haut Jura, les marbres et brocatelles du Jurassique supérieur et du Crétacé.