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Lorsque l'extension de la lithosphèrelithosphère se prolonge, elle aboutit à la rupture continentale et à une importante fusion partiellefusion partielle du manteaumanteau supérieur ascendant. Alors, une croûte océaniquecroûte océanique basaltiquebasaltique se forme, qui, généralement, recouvre entièrement le manteau sous-jacent. C'est pourquoi les zones profondes des marges continentales sont souvent mal connues, d'autant qu'au fil des temps, elles sont recouvertes par d'épais sédimentssédiments.
Entre Portugal et océan Atlantique, la marge de Galice est une exception. Soulevée au cours de la formation des Pyrénées, elle a été nettoyée de ses sédiments récents par l'érosion. Des formations profondes y affleurent et, de ce fait, cette marge est l'objet d'études approfondies depuis plus de quarante ans.
Entre Portugal et océan Atlantique, la marge de Galice est une exception. Soulevée au cours de la formation des Pyrénées, elle a été nettoyée de ses sédiments récents par l'érosion. Des formations profondes y affleurent et, de ce fait, cette marge est l'objet d'études approfondies depuis plus de quarante ans.
La marge de Galice : une ride entre continent et océan
En 1978, Gilbert Boillot effectue, avec le Noroit de l'Ifremer, une campagne de sismique par réflexion, sur la marge de Galice, sur des fonds de 5.000 mètres, situés à 300 kilomètres de la côte ibérique. La sismique par réflexion (sismique réflexion), technique héritée de l'industrie pétrolière, est fondée sur l'émission de puissantes ondes sonores et sur l'enregistrement de leurs échos. Elle permet de mettre en évidence les structures inaccessibles, en dessous du fond marin. L'objectif de cette campagne est d'apporter de nouvelles données sur un relief allongé (appelé ride), situé sous les sédiments récents, et qui court du nord au sud, au pied du talus continentaltalus continental du banc de Galice (voir carte ci-dessus).
Les investigations du Noroit confirment les observations réalisées par Lucien Montadert sur le navire scientifique La Florence de l'Institut français du pétroleInstitut français du pétrole (IFP). La ride, submergée au nord par des sédiments, émerge au sud. Elle forme ainsi un petit relief qui domine de 200 mètres la plaine abyssaleplaine abyssale : la colline 5100 ! Cette dernière constitue une occasion privilégiée de connaître la nature des matériaux qui constituent cette ride. Gilbert Boillot décide alors de tenter un dragage avec le Noroit.
La colline 5100 : un beau coup de drague
La drague croche en plein sur la colline et remonte une boue collante. Déception ? Non finalement !
Jacques KornprobstJacques Kornprobst identifie dans la boue rapportée de la colline 5100 tous les éléments d'une péridotitepéridotite à plagioclase, qu'il attribue au manteau supérieur sous-continental. La ride est-elle une unité mantellique de basse pression ? S'agit-il de la lithosphère continentale effilée durant l'extension, ou bien de la nouvelle lithosphère atlantique ? Autant de questions, auxquelles pourra répondre l'exploration avec le JOIDES Resolution.
Le JOIDES Resolution sur la colline 5100
Grâce aux importants résultats obtenus avec le Noroit, Gilbert Boillot obtient un forage ODP (Ocean Drilling Program) sur la colline 5100. Ce dernier a lieu du 28 avril au 4 mai 1985 : c'est le puits 637A du leg 103, foré par le JOIDES Resolution. Gilbert Boillot et Jacques Girardeau étaient à bord.
Le puits est foré à 5 milles au nord de la colline 5100, par plus de 5.000 mètres d'eau. Il traverse 180 mètres de sédiments de périodes récentes : 100 mètres de PléistocènePléistocène, 60 mètres de PliocènePliocène et 20 mètres de MiocèneMiocène supérieur. Puis, il passe par une trentaine de mètres d'argilesargiles contenant des fragments de serpentineserpentine. À 212 mètres sous le fond, il entre dans la ride elle-même qu'il va forer jusqu'à 278 mètres : 36 mètres de carottescarottes sont récupérées. Ces carottes sont constituées de péridotites plus ou moins serpentinisées. C'est peu mais c'est beaucoup mieux que la boue du dragage récupérée avec le Noroit.
Le JOIDES Resolution reviendra sur les lieux en 1993, au cours du leg 149. Les puits 897, 899 et 900 fourniront de nouvelles moissons d'échantillons.
Le manteau supérieur est bien là !
L'étude des échantillons du site 637 confirme et précise l'interprétation proposée après le dragage : la colline 5100 constitue bien un affleurementaffleurement de manteau supérieur au pied du talus continental de la marge de Galice.
Cynthia Evans et Jacques Girardeau apportent des données nouvelles sur les déformations et les recristallisationsrecristallisations subies par les péridotites au cours de leur mise en place, tandis que Jacques Kornprobst se focalise sur l'apparition du plagioclase (feldspath calco-sodique), témoin de la décompression au cours de la remontée vers la surface.
Sur la base de la composition de leurs minérauxminéraux (notamment des pyroxènespyroxènes), Jacques Kornprobst considère que ces roches appartiennent au biseau continental et non à la nouvelle lithosphère océanique, beaucoup moins riche en divers éléments (Ca, Al, Na, par exemple). Ceci vient confirmer que la colline 5100 est située en plein sur la transition continent-océan.