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Les techniques de fabrication utilisées par les fondeurs de cloches actuels n'ont guère évolué depuis le Moyen Âge, même si certains d'entre eux ont introduit récemment l'ordinateurordinateur pour effectuer des calculs. L'activité reste artisanale.
Sans entrer dans le détail des aspects techniques, disons que la fonte d'une cloche comprend un certain nombre d'opérations.
- Le tracé pour déterminer la forme et les proportions de la cloche.
- Le moulage qui lui donnera la forme d'après le moule : la planche à trousser sert à bâtir le moule qui comporte :
- le noyau, moule intérieur, constitué de sablesable et de briques recouvertes d'argileargile, espace du creux intérieur ;
- la « fausse cloche », entièrement en terre, elle doit tenir sur le noyau la place qu'occupera plus tard le métal. Sur une légère couche de cendre destinée à empêcher l'adhérence du noyau à la fausse cloche, on dépose la terre en couche épaisse d'abord puis très fine, de la même manière que pour le noyau. Ainsi faite, elle est enduite d'une couche de cire molle ;
- les ornementations et inscriptions, sont posées en relief sur la fausse cloche, donc en creux une fois la cloche coulée ; on badigeonne le moule de suif chaud raclé par un calibre poli. La fausse cloche offre alors une surface lisse et brillante coupée à différentes hauteurs par des cordons circulaires que font les encoches pratiquées sur la tranche du calibre. Les ornements et inscriptions ont été préparés sur des matrices sculptées dans du buisbuis, en creux, avec de la cire qui, tiédie et comprimée, épouse fidèlement toutes les finesses; quand ils sont découpés et n'ont plus de bavures, on les colle sur le suif, et le moule alors présente l'aspect d'une cloche brune couleur de noyer verni sur laquelle se détachent en blanc les cordons et en jaune les inscriptions et ornements. Sur les ornements une terre très fine, très délayée, pulvérisée prendra place dans les moindres détails des motifs. Cette terre s'applique par couches à mesure du séchage du moule à l'air ;
- la chapechape, partie de couche réfractaireréfractaire renforcée avec de la filasse.
- La coulée.
Les cloches, de véritables œuvres d'art
Du fait que le moule est brisé après la fonte pour dégager la cloche, mais aussi parce que les inscriptions et les décors figurant sur chaque cloche lui sont spécifiques, il n'est pas exagéré de dire que les cloches sont des œuvres d'art uniques.
Le bronze de cloche, alliagealliage de 78 % de cuivrecuivre et 22 % d'étainétain, est fondu et contrôlé, porté à 1.050 °C, le métal en fusionfusion est versé dans le moule par un chenal. Quelques jours après la coulée, le moule calciné est brisé : la cloche apparaît grise et noire.
La cloche possède une note déterminée par sa taille et son profil. Plus une cloche est grosse, plus le son est grave, l'accordeur va enlever au burin de petites portions de métal à l'intérieur de la cloche pour que le son soit correct. Avec ses accessoires (monture, battant, roue...), la cloche est fixée sur une palette pour être expédiée.
Il existe bien entendu aussi une fabrication industrielle...
« La Savoyarde », célèbre cloche du Sacré-Cœur de Montmartre
Informations d'après le site de la maison Paccard qui comporte d'ailleurs un musée de la cloche.
C'est en 1796 que fut coulée la première cloche Paccard. À cette époque, la commune de Quintal, ayant besoin d'une cloche, s'adressa à un maître-fondeur de Carouge, près de Genève, Jean Baptiste Pitton. C'était encore le temps où la fonte des cloches se faisait à pied d'œuvre. Jean-Baptiste Pitton eut besoin d'un aide, le syndic de la commune offrit ses services et c'est ainsi qu'Antoine Paccard, fondateur de la maison, fit son apprentissage et créa la fonderie de Quintal. À sa mort, ses fils Jean-Pierre et Claude Paccard continuèrent l'exploitation de la fonderie. Devant l'extension prise par la nouvelle industrie, Georges fit transférer l'usine de Quintal à Annecy-Ie-Vieux en 1857.
C'est à l'initiative de Monseigneur Leuilleux, archevêque de Chambéry, qu'a été fondue la plus grosse cloche de France : « La Savoyarde ».
- MasseMasse en mouvementmouvement 25.765 kgkg
- Poids 18.835 kg
- Hauteur 3,06 m
- Circonférence 9,60 m
- PortePorte-battant 525 kg
- Battant 850 kg
- Monture ou joug 4650 kg
- Deux roues de lancement 5,00 m
- Roues et noyaux en fonte 905 kg
C'était la contribution de la Savoie à l'édification de la basilique votive du Sacré-Cœur de Montmartre, dont la souscription fut commencée le 29 janvier 1889 et clôturée le 18 décembre 1890. Elle avait rapporté en une année la somme de 14.138 francs et 50 centimes. Le 17 octobre 1889, le contrat était passé avec les Frères Paccard d'Annecy-le-Vieux et la cloche était coulée le 13 mai 1891. Elle fut livrée à l'achèvement du campanile en 1898.
Généralement inaccessible, perchée en haut du clocher ou du campanile, la cloche est rarement vue de près. Pourtant la plupart d'entre elles, notamment les cloches d'église, méritent d'être admirées : les décors en relief constituent parfois de véritables tableaux, avec la représentation de la Vierge à l'Enfant, de saints (locaux ou plus connus), d'instruments de la Passion, de blasons ou de sceaux, de guirlandes de fleurs voire de représentations animales en tant que survivance du symbolisme religieux.
La quasi-totalité des grosses cloches portent une date, la marque du fondeur et des inscriptions ; outre la mention des parrains et marraines, des autorités locales civiles ou religieuses, des donateurs, les cloches affichent souvent une formule dédicatoire ou laudative, évoquant la dévotion au Christ, à la Vierge ou aux saints ou exprimant les pouvoirs d'exorcisme et de protection de la cloche (contre l'orageorage, la tempêtetempête...). Quelques cloches comportent des inscriptions davantage liées aux événements historiques (au moment de la Révolution, après les guerres).
Œuvre d'art, la cloche est aussi un objet témoin historique par l'épigraphie qu'elle supporte et sonore car son matériaumatériau n'évolue pas.
Petite histoire de la cloche de la chapelle de Beauport
Cloche en bronze, fondue en France, qui se trouve maintenant dans les collections des Archives nationales du Québec, c'est la cloche la plus ancienne du Canada.
En 1666, Robert Giffard (1587-1668, décédé à Beauport), maître chirurgien, premier médecin de l'Hôtel-Dieu de Québec et seigneur colonisateur, verse à la paroisse de Beauport cent livres pour le paiement d'une portion de terre. Cette somme sert à l'achat d'une cloche pour la première chapelle paroissiale construite vers 1662. En 1713, la paroisse de Beauport fait don de cette cloche à l'église de Saint-Pierre-de-la-Rivière du Sud, une nouvelle paroisse fondée près de Montmagny. Cette même cloche sera cédée au Musée du Québec en 1949.
La cloche de Beauport porte la lettre « L » surmontée d'une couronne royale, symbolisant Louis XIV régnant, avec la date de la fonte, 1666. Sur la paroi opposée, figurent les trois fleurs de lys du royaume de France.
N'oublions pas non plus le carillonneur…
- Les cloches de carillon et les cloches d'horloge ou de Jacquemart sont tintées : un marteau, généralement externe, frappe sur la partie inférieure de la cloche.
- Les cloches d'église sonnent en volée : elles sont mises en branle par la corde (ou une chaîne et un moteur) qui agit sur un bras, entraînant la cloche et le joug qui la soutient. Les forces importantes mises en jeu nécessitent un bon équilibrage pour préserver la maçonneriemaçonnerie de l'édifice. C'est ce qui limite le poids des cloches dans nos contrées.
- Dans d'autres régions, la sonnerie peut être provoquée par l'agitation du battant auquel est attachée la corde (tradition orthodoxe) ;
- Le tintement peut encore être provoqué par un heurtoirheurtoir horizontal en boisbois (tradition asiatique).
Dans ces deux derniers cas, la cloche est fixe et peut dépasser les 100 tonnes !
- Le carillon (de... quatre cloches : quadrillo) est obtenu par un ensemble de cloches, au minimum de trois. Les carillons les plus anciens, en Chine, sont constitués de cloches suspendues et frappées avec un maillet. Ce type de carillon était courant en Europe au Moyen Âge. Dès le XVIe siècle, le carillon à clavierclavier en bois est actionné via une tringlerie. Les grands carillons se sont développés en Flandre et aux alentours. Quelques carillons Paccard, les plus connus :
- Chambéry: Tour Yolande / 70 cloches
- Douai : Beffroi communal / 62 cloches
- Dijon: Cathèdrale Saint-Bénigne / 56 cloches
- Berkeley University, 1978 / 68 cloches
Les fanzhong : de grandes cloches aux sons harmonieux
Elles se caractérisent par une coupe transversale circulaire, un rapport du diamètre de la bouche à la hauteur relativement précis (0,7), une jupe épaisse pour résister aux percussions, un corps divisé en plusieurs sections et un anneau de suspension. Leur forme est dictée par le concept chinois du son qui doit être unique, épais et éclatant, pouvant se prolonger dans l'espace. C'est en raison de leur taille imposante, de la richesse harmonique de leurs sons et de leur capacité à produire une gamme cohérente, que les « fanzhong » sont qualifiées de « grandes cloches aux sons harmonieux ». Apparues sous la dynastie des Han, aux environs de notre ère, les cloches fanzhong ont connu une évolution continue et si le vocable « fanzhong » désigne, au sens strict, des cloches réservées aux rituels bouddhiques, il doit être compris comme un terme générique (elles marquent en effet les activités liturgiques et quotidiennes des temples, les audiences du palais, les heures et les veilles).
Les 36 longs « éperons » qui font saillie des deux côtés constituent le fait le plus marquant. La cloche émet un son pur et sonore, adapté à l'atmosphèreatmosphère solennelle du temple impérial des ancêtres. L'inscription de 123 caractères est la plus longue inscrite sur une seule cloche de la dynastie Shang et la dynastie Zhou. La cloche appartient au Roi Li de Zhou (878-827 avant J.-C).