au sommaire
Les bords des lacs de Chalain et de Clairvaux témoignent d'un patrimoine archéologique exceptionnel et reconnu d'importance européenne, en raison de l'excellente conservation des vestiges sous le niveau de l'eau.
Le cerf, que l'on peut découvrir dans les forêts du Jura. Les Hommes du Néolithique final ont fabriqué des outils en bois de cerf. Certains ont été retrouvés sur les sites des lacs de Chalain et de Clairvaux. © TonW, DP
Archéologie près des lacs du Jura
Entre 4.000 et 1.000 avant J.-C., des communautés agricoles y ont construit leurs villages sur pilotispilotis sur les lacs de Clairvaux et celui de Chalain. Les vestiges, nombreux, de cités lacustreslacustres occupées du Néolithique jusqu'à l'âge du bronze sont regroupés au musée archéologique de LonsLons-le-Saunier, en particulier le visiteur peut observer une magnifique pirogue creusée dans un tronc d'arbrearbre et parfaitement conservée.
Le lac de Chalain, à Fontenu, dans le Jura. © via Wikipédia, DR
Les lacs de Clairvaux
Deux lacs (le grand et le petit) reposent sur un dépôt deltaïque grossier issu de la langue glaciaire de Clairvaux présente au QuaternaireQuaternaire. Les lacs de Clairvaux ont une prise en glace rare. Ils sont situés sur la commune de Clairvaux-les-Lacs.
Carte du lac de Clairvaux. © DR
Le lac de Chalain
Le lac de Chalain est situé sur la commune de Fontenu, (canton de Clairvaux-les-Lacs), en bordure du deuxième plateau, à 30 km de Lons-le-Saunier et 15 km de Champagnole.
Ce lac glaciaire est le plus grand lac naturel du département. Ses falaises calcairescalcaires (de 60 à 80 mètres) encadrent le plan d'eau de 232 ha et de 16 m de profondeur moyenne. La reculée (est-ouest) débouche sur la combecombe d'Ain.
La présence humaine est très ancienne et les fouilles menées à l'extrémité ouest du lac de Chalain en 1904 et reprises dans les années 2000 ont mis au jour une implantation s'étendant de 4.000 à 750 avant J.-C.
La pirogue de Chalain
La pirogue de Chalain est un monoxyle long de 9,35 m qui a été taillé dans un tronc de chêne il y a 3.000 ans. Il est l'une des pièces majeures des collections archéologiques comtoises. Découverte fortuitement en 1904 après une baisse brutale des eaux du lac de Chalain (EDF), signalée par l'instituteur Emile Potard, la pirogue a été transportée au musée. Sa mise au jour risquait de la mettre en danger.
Schéma des différentes couches occupées su le profil de la rive du lac Chalain. © DR
Longtemps attribuée au Néolithique, comme la majorité des vestiges découverts au bord du lac, la pirogue a fait l'objet d'une étude exhaustive en 1984. Elle a alors été datée par la dendrochronologiedendrochronologie de 959 avant J.-C., soit l'âge du bronze final, par Georges Lambert, du laboratoire de Chrono-ÉcologieÉcologie de Besançon. L'étude typologique de Béat Arnold, spécialiste suisse des embarcations monoxyles pré- et protohistoriques, l'attribue également à cette période.
Une maquette du musée rend lisible l'organisation de la vie d'une communauté d'agriculteurs et de potiers vers 1.000 av. J.-C. Le recours à l'archéologie expérimentale permet aujourd'hui de mieux comprendre dans quelles conditions techniques l'Homme a pu fabriquer de telles embarcations.
Type de maison du Néolithique. © Académie de Lille
Des « chasseurs de miel » au Néolithique ?
(D'après un article de Stéphanie Belaud, du CNRS.)
Les produits issus de la ruche ont eu une place importante pour les Hommes du Néolithique. C'est ce que suggèrent les résultats d'une équipe du Centre de recherche et de restauration des Musées de France (C2RMF). Cette équipe cherche à identifier des substances naturelles organiques exploitées par le passé. Certaines, boisbois ou graines, sont directement identifiables.
Pour les gommes, les résines ou la cire (aucun caractère morphologique), il faut remonter à leur composition chimique. C'est là le travail d'analyse effectué sur deux types de vestiges :
- les récipients en céramiquecéramique contenant des traces de ces matériaux ou des restes alimentaires ;
- les outils qui en conservent dans la colle qui a servi à les fabriquer.
Sur les sites néolithiques comme celui de Chalain dans le Jura, de la cire d'abeille a été identifiée. Elle a conduit les scientifiques à s'interroger sur l'utilisation de cette cire à l'époque. Leurs travaux apportent de nombreuses réponses : elle servait de plastifiant dans les colles, d'imperméabilisant pour les récipients de céramique, d'ingrédients pour des préparations culinaires à base de miel. Enfin, la cire devait être employée pour la pharmacopée, l'éclairage, les activités artistiques.
Une multitude d'applications qui laisse penser que les produits de la ruche ont occupé une place importante dans le quotidien des populations néolithiques. À tel point que les chercheurs imaginent que la récolte du miel, activité spécialisée, était due à des « chasseurs de miel »...
Rayon à miel. © DR
Le bois de cerf, symbole de virilité ?
(D'après un article de Magali Sarazin, du CNRS.)
On le sait : des Hommes du Néolithique final, ont fabriqué des outils en bois de cerf. Ce qu'une nouvelle étude révèle c'est la symbolique masculine associée à l'usage de ce matériau. Yolaine Maigrot s'est intéressée aux outils d'os, de dents et de bois de cerf, retrouvés sur les sites de Chalain et Clairvaux. Grâce à la tracéologie, qui permet de déterminer l'usage d'un outil à partir de son usure, et à une recherche comparative, elle en a établi l'utilisation et l'importance.
Les conclusions sont : ces éleveurs agriculteurs distinguent un outillage réservé aux activités d'extérieur, outils en bois de cerf, d'un autre outillage, au service des activités domestiques.
Les premiers, savamment façonnés, sont conçus pour la chasse, le défrichement, la constructionconstruction, autant d'activités publiques et masculines indispensables à la survie du groupe. Le choix du bois de cerf est persistant, même quand ils deviennent rares, parce que les bois se développent en fonction de leur activité sexuelle. Tout un symbole !
À l'opposé, les outils en os et en silex sont fabriqués grossièrement. Leur usage est domestique...
Sur un site archéologique on trouve toutes sortes de vestiges, notamment en bois. Utilisé dans la fabrication d’habitations ou d’outils, ce matériau permet de mieux identifier l’époque et l’activité d’un site. Anne Dietrich, xylologue de l’Inrap, nous explique durant ce documentaire en quoi consiste son travail de fouille. © Docland Yard - Gedeon Programmes - Universciences - Inrap
Plus d'informations
- Musée d’archéologie de Lons-le-Saunier ;
- le site de la commune : lonslesaunier.fr ;
- un site sur les lacs de Chalain et Clairvaux.