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Département appartenant à la région Centre-Val de Loire, le Cher est représentatif de toute l'histoire du Berry, depuis les peuples celtes jusqu'au Moyen Âge. Son chef-lieu, la ville de Bourges, est un important foyer artistique et religieux qui invite à découvrir tout un patrimoine médiéval d'exception.
Le département du Cher, situé entre les premiers contrefortscontreforts de l'Auvergne au sud, bordé à l'est par les collines du Sancerrois, s'ouvrant à l'ouest sur la campagne berrichonne et au nord-ouest sur le Loire-et-Cher, est un territoire marqué par l'histoire.
Le Cher, en plein cœur du Berry
Les peuples gaulois, et en particulier les Bituriges cubes, avaient fait de ce département inclus dans le territoire du Berry historique l'un des plus puissants de la Gaule.
Ce dossier revient sur la passionnante et complexe histoire de ces peuples gaulois, des Celtes qui ont façonné le Cher et plus généralement la France d'aujourd'hui. Dès le début du Moyen Âge, la cité de Bourges, son chef-lieu, est un centre de pouvoir religieux majeur sous le règne du duc Jean de Berry. Nous partirons à la découverte de son patrimoine médiéval, de sa cathédrale et d'autres chefs-d'œuvre.
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Le département du Cher
Le Cher tire son nom de la rivière qui le traverse. Ayant Bourges pour chef-lieu, ce département de la région Centre-Val de Loire formait autrefois avec l'Indre la région du Berry. Le Cher abrite de nombreuses cités et paysages pittoresques.
Le département du Cher, au doux relief, est traversé de nombreuses rivières, comme l'Auron, la Sauldre, l'Yèvre, la Vauvise, le Cher.
Jusqu'au milieu du XXe siècle un dialecte de langue d'oïl, le berrichon, était parlé dans presque tout le département. Il était influencé par les parlers locaux des aires limitrophes, à savoir la vallée de la Loire, l'Orléanais et la Sologne au nord et à l'ouest, et le Nivernais à l'est.
Le Cher en quelques chiffres
D'une population totale de 307 110 habitants (en 2016), sur une superficie de 7 235 km2, le département du Cher est partagé en :
- 3 arrondissements ;
- 3 circonscriptions législatives ;
- 19 cantons ;
- 16 intercommunalités ;
- 287 communes.
Il n'existe pas de dénomination particulière pour les habitants du Cher. En référence à l'ancienne province du Berry dont est issu le département, il est d'usage de les appeler les Berrichons.
Quand les Gaulois du Berry luttaient contre Jules César
Les Bituriges cubes (ou Bituriges cubi), peuple gaulois qui régnait sur le Berry, ont donné leur nom à la ville de Bourges. La cité est passée aux mains des Romains en 52 av. J.-C. lors du célèbre siège d'Avaricum (son ancienne dénomination).
Les Gaulois, des Celtes, étaient divisés en de nombreux peuples et certains de leurs noms utilisés actuellement pour les désigner leur ont été donnés par les Romains. À l'instar d'autres peuples, ils ont conquis des territoires et se sont mélangés aux populations locales ou les ont exterminées. Ils ont introduit de nouvelles langues et techniques.
Bourges ou Avaricum selon les Romains
Dans l'Antiquité, la ville de Bourges se nommait Avaricum « la ville des eaux ». Elle doit son nom au peuple gaulois des Bituriges cubes. Durant la guerre des Gaules, elle fut assiégée par César, qui réussit à prendre la cité en affamant ses combattants. Partout ailleurs en Gaule, Vercingétorix avait mis en place une politique de la terre brûlée mais les habitants d'Avaricum supplièrent les Romains d'épargner leur ville.
Les Gaulois de Bourges : les Bituriges cubes
On désigne sous le nom Bituriges une confédération de peuples gaulois. Les Bituriges cubes, les plus puissants dont la capitale était Avaricum (Bourges), dominaient la Gaule celtique. Avaric, capitale des Bituriges cubes, est occupée dès le premier âge du fer (Hallstatt) par un oppidum. En 52 av. J.-C., Avaric prend le nom latin d'Avaricum, lors de la prise de la ville par César qui trouva dans cette victoire les réserves qui lui permirent de préparer le siège d'Alesia.
D'après les Romains, cette cité fortifiée est l'une des plus belles, et dispose d'installations métallurgiques et de fermes agricoles qui font tout son intérêt. C'est un carrefour terrestre (entre la Bourgogne, l'Aquitaine, Lyon et l'Armorique) qui offre des ressources en fer (les Celtes étaient forgerons). En outre, sa position est facile à défendre (éperon calcairecalcaire dominant une région de marais entre deux rivières, l'Yèvre et l'Auron).
Les Bituriges cubes demeuraient sur un territoire correspondant approximativement aux trois départements du Cher, de l'Indre et de l'Allier. Selon certains historienshistoriens, ils auraient imposé leur domination sur le nord-ouest de la Gaule, mais, conscients de leur faiblesse, ils ont intégré la confédération éduenne. Ils possédaient aussi l'oppidum d'Argentomagus près d'Argenton-sur-Creuse. Pour en savoir plus sur le sujet, l'hôtel Cujas à Bourges abrite depuis 1892 le musée du Berry, et rassemble des collections protohistoriques et gallo-romaines locales.
Qui sont les Gaulois, ces peuples celtes ?
Les peuples celtes étant nombreux, il est parfois difficile de s'y retrouver et de comprendre qui sont les Gaulois. Ces peuples appelés « Galli » par les Romains se sont particulièrement développés à l'âge du fer, et le territoire qu'ils dominent, la Gaule, s'étend du Rhin jusqu'aux Pyrénées.
L'appellation Celtes apparaît en premier chez Hécatée de Milet (vers 500 av. J.-C.) puis chez HérodoteHérodote (vers 450 av. J.-C.). Ce mot viendrait de l'indo-européen keletos, rapide, ou kel-kol, habitant, colon. Le terme Galate (« ceux d'ailleurs » ou « envahisseurs ») est présent dans la littérature grecque en 279 avant notre ère.
Les Gaulois, des peuples celtes : Galates, Galli, Germain ?
C'est Porcius Caton qui parle pour la première fois de « Galli » (traduction latine de « Galates »), en 168 av. J.-C. Au IIe siècle, Dion Cassius traduit Gaulois par Galates, et Celtes par Germains. La Galatie reste le nom de la province d'Asie Mineure où les Celtes ont fondé un royaume. Les termes de Gaulois et de Celtes, sont initialement synonymes. Puis les Romains réservent le premier terme (distinction géographique) aux Celtes fixés en Gaule cisalpine (Italie du Nord) et transalpine (la France d'aujourd'hui). César était conscient du caractère conventionnel de ces distinctions : « Ceux que nous nommons Gaulois dans notre langue, se nomment Celtes dans la leur. »
Aujourd'hui, le terme de Gaulois est réservé aux habitants de la Gaule dès le IIIe siècle av. J.-C. Auparavant on parlait de Celtes, terme qui sera réservé aux autres aires géographiques. Si l'on résume, les Gaulois sont donc bien des Celtes, mais les Celtes ne sont pas des Germains !
Un des textes les plus complets sur les Gaulois est le récit que Jules César a fait de la conquête de la Gaule. Les Gaulois y sont présentés comme frustes mais César ne les sous-estime pas, bien au contraire. La tombe de la princesse de Vix, découverte en 1953, est un des sites archéologiques les plus célèbres de la fin du premier âge du fer. Elle témoigne du fait que, quand ils étaient fortunés, les Gaulois avaient des goûts tout aussi luxueux que les Romains, avec lesquels ils pratiquaient de nombreux échanges commerciaux.
L’âge du fer : le temps des Gaulois
La culture celte que nous connaissons en Gaule environ en 600 av. J.-C., date de la fondation de Marseille par les Grecs qui ont été premiers à parler de ces peuples. Elle s'étend jusqu'en 52 av. J.-C., date de la conquête de la Gaule par César. Ce qui comprend les périodes des deux âges du fer.
Le premier âge du fer (de 750 à 450 av. J.-C. environ) est nommé période de Hallstatt du nom du site archéologique considéré comme représentatif de cette culture. Le second âge du fer, ou période de la Tène (400 à 52 av. J.-C. environ), doit son nom à un site situé sur les bords du lac de Neuchâtel en Suisse. Ces deux périodes correspondent à l'émergenceémergence et au développement des cultures celtiques, et au passage de la civilisation du cuivre à celle du fer, progrès techniques très importants.
Le territoire que nous désignons comme « Gaule » est délimité par César des Pyrénées au Rhin. Il est divisé en peuples, les civitas dans lesquelles le pouvoir est exercé par des membres de l'aristocratie. Certains peuples dominent, c'est le cas des Éduens, en Bourgogne, dont les Bituriges et les Sénons sont les clients.
La culture gauloise : oppida, murus gallicus et orfèvrerie
Les Gaulois, ayant amené avec eux de nouvelles croyances et rituels celtes, ont aussi modifié les pratiques agricoles et artisanales. Leurs oppida et les techniques d'architecture de leur fameux murus gallicus ont retenu l'intérêt des Romains et fascinent encore les archéologues.
À partir de 150 av. J.-C., des villes fortifiées, les oppida, sont édifiées par les Gaulois. On pense que la création des oppida correspond à des centres administratifs d'un territoire. Les oppida sont protégés par un fossé et un talus renforcé de poutrespoutres, le murus gallicus. Ils abritent des habitats résidentiels, des quartiers dédiés au commerce (artisanat et foires), des espaces pour les événements religieux et d'autres pour les rassemblements politiques.
Torques en or et tombe de la Dame de Vix
À cette même époque, l'espace rural se modifie. L'outillage en fer pour les socssocs d'araire, et l'usage de la faux favorise le développement de cheptels plus importants. L'assolement devient plus courant (divisions des terres d'une exploitation agricole en partie distinctes). Les cultures se diversifient (orgeorge, froment et seigle, linlin, chanvre, choux, ailail, oignonoignon, etc.). On remarque la pratique du salage de la viande, et le développement des voies de commerce fluvial, et de la monnaie (d'abord au contact des Marseillais, puis des Romains).
Les espaces sacrés des Gaulois étaient souvent des lieux naturels (boisbois, sources, sommets...) et les eaux étaient vénérées. Les bijoux celtes sont célèbres, et en particulier les torques en bronze, en argentargent ou en or.
Le fameux « murus gallicus » des villages gaulois
L'expression murus gallicus (mur gaulois) désigne les remparts gaulois tels qu'ils sont connus par les découvertes archéologiques et par certains textes antiques. Dès 1875, les archéologues ont répertorié, surtout en France, une quarantaine d'ouvrages identifiés comme mursmurs gaulois.
Jules César en donne la description dans le livre VII de la guerre des Gaules et souligne l'intérêt de ce type d'ouvrage :
« Tous les murs gaulois sont faits, en général, de la manière suivante. On pose sur le sol, sans interruption sur toute la longueur du mur, des poutres perpendiculaires à sa direction et séparées par des intervalles égaux de deux pieds. On les relie les unes aux autres dans l'œuvre, et on les recouvre d'une grande quantité de terre ; le parement est formé de grosses pierres encastrées dans les intervalles dont nous venons de parler. Ce premier rang solidement établi, on élève par-dessus un deuxième rang (...). On continue toujours de même jusqu'à ce que le mur ait atteint la hauteur voulue. Ce genre d'ouvrage offre un aspect varié qui n'est pas désagréable à l'œilœil (...) ; il est, de plus, très pratique et parfaitement adapté à la défense des villes, car la pierre le défend du feufeu et le bois des ravages du bélier (...). » (source Wikipédia).
Bourges : palais Jacques Cœur et les « Très riches heures du duc de Berry »
Bourges, préfecture du département du Cher était la capitale du Berry sous l'Ancien Régime. Elle est traversée par la rivière l'Yèvre et arbore un riche passé médiéval, comme en témoignent la cathédrale Saint-Étienne et l'art florissant sous l'impulsion de Jean de Berry.
La cathédrale de Bourges, un trésor patrimonial
Au Moyen Âge, la ville de Bourges était le siège d'un puissant archevêché, dont relevaient les diocèses d'Albi, Cahors, Clermont, Mende, du Puy-en-Velay, Rodez, Saint-Flour et Tulle. Le diocèse fut fondé vers le IVe siècle par saint Ursin, qui instaura le christianisme au IIIe siècle, aidé par la mission évangélisatrice de l'évêque de Tours, saint Martin. Les archevêques de Bourges eurent droit au titre de primat des Aquitaines et patriarche de l'Église romaine.
Dès la période carolingienne, de nombreux édifices sont construits, signe d'une réorganisation complète du Royaume de France, tant au niveau social, politique que religieux. Les premières pierres de ce qui deviendra plus tard la cathédrale Saint-Étienne de Bourges sont posées : aujourd'hui, il ne subsiste de cette époque que la crypte mérovingienne.
En 1101, Bourges devient la propriété de la Couronne en entrant dans le domaine royal. C'est alors qu'elle commence son « âge d'or » symbolisé par la constructionconstruction d'une nouvelle enceinte sous Philippe Auguste, et surtout de la cathédrale. De 1192 jusqu'au milieu du XVe siècle, ce chantier colossal ainsi que celui de la cathédrale vont monopoliser toutes les énergiesénergies de la ville.
Les Très riches heures du duc de Berry
Au XIVe siècle, Bourges devient la capitale du duché de Berry, qui est donné en apanage à Jean de Berry, troisième fils du roi de France Jean le Bon, et frère du roi Charles V. Ce seigneur va développer une cour fastueuse où les arts seront particulièrement florissants. En bon mécène, il lance la construction du grand palais ducal.
D'autres éléments montrent le dynamisme de ce prince mécène pour Bourges, en particulier les célèbres Très riches heures du duc de Berry qu'il commande aux frères Limbourg, le plus beau manuscrit enluminé de l'époque.
En 1404, il commande une sépulturesépulture qui prendra place dans la Sainte-Chapelle du palais ducal de Bourges. Ce gisant est porté par des sculptures de pleurants, dont le stylestyle est représentatif du savoir-faire et du raffinement extrême des sculpteurs de l'époque, influencé par le style bourguignon. Le musée du Louvre et le musée du Berry conservent plusieurs de ces pleurants en albâtre, véritables chefs-d'œuvre de l'histoire de l'art. On doit aussi à Jean du Berry l'horloge astronomique, la première de France, actuellement abritée dans la cathédrale Saint-Étienne.
Le palais Jacques Cœur : entre gothique et Renaissance
Jacques Cœur, fils d'un marchand drapier, sera un des habitants de Bourges les plus illustres. Sa vie est un vrai roman. Fils de marchand, il devient grand argentier, suscite nombre de jalousies, et finit en homme traqué qui se réfugie chez le Pape !
Le palais Jacques Cœur, situé à Bourges, perle de l'architecture gothique tardive, naît de la volonté de ce marchand de bâtir une « grant'maison » dans sa ville. Toutefois, il n'y habita pas. Sa construction, commencée en 1443, s'achève en 1451. Ce bâtiment mêle au style gothique tardif des éléments annonçant la Renaissance.
À découvrir : l'abbaye de Noirlac et les marais de Bourges
Le Cher offre d'originaux paysages propices à la flânerie et aux balades, ainsi que des sites patrimoniaux remarquables. Les nombreux musées du département invitent quant à eux à découvrir des savoir-faire ancestraux et une histoire plus que brillante... celle de l'or.
Les marais de Bourges : les hortillonnages
À l'origine vaste ceinture marécageuse, ces hortillonnages ont contribué à la défense de la ville. Vendus en partie en 1640, ils ont été « mis en valeur » c'est-à-dire asséchés et cultivés. Les promenades en barque sur les canaux, au milieu des terres cultivées, sont très agréables au printemps pour observer les oiseaux, en été pour les potagers, et en automne pour les couleurs.
La Cité de l'or : l’histoire de la bijouterie
Saint-Amand-Montrond abrite la Cité de l’or, un pôle d'excellence des métiers d'art et un musée dédié à l'or. Vous pourrez y découvrir la géologiegéologie et l'histoire de l'or, tous les métiers du domaine de l'orfèvrerie (experts, artisans, etc.), de remarquables collections de bijoux et la coulée des lingots d'or...
L’abbaye de Noirlac : un chef-d’œuvre cistercien
Construite à partir de 1150, l'abbaye de Noirlac est le reflet de la simplicité et de la sobriété du style cistercien. Les vitraux sont l'œuvre de l'artiste contemporain Jean-Pierre Raynaud en 1975. Le site accueille de nombreux événements dans le cadre de sa saisonsaison artistique.
Des musées pour l’ocre, l’eau et les fours banaux
La Maison de l’eau, un ancien moulin transformé en musée et situé à Neuvy-sur-Barangeon, vous séduira.
Le Musée de l'Ocre de Saint-Georges-sur-la-Prée entretient la mémoire d'un riche passé, à savoir l'exploitation de l’ocre qui y cessa vers 1860.
À Vierzon, au pied du Beffroi, le Musée des Fours banaux s'organise autour de deux fours du XVe siècle. Vous découvrirez aussi les horloges du Beffroi.