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    De Bello Gallico - Guerre des Gaules de Jules César - nous montre la rapiditérapidité avec laquelle ses légions ont progressé sur le sol gaulois, et rares sont les occasions où il va entreprendre des travaux routiers pour faciliter le passage de ses soldats.

    Pont romain à Saint-Thibéry. © Christian Ferrer, Wikimedia commons, CC by-sa 4.0
    Pont romain à Saint-Thibéry. © Christian Ferrer, Wikimedia commons, CC by-sa 4.0

    Cela prouve qu'il y avait en Gaule un réseau routier et que les communications étaient satisfaisantes. Les ingénieurs reprendront ces tracés, les mettant aux normes des « viae ».

    Image du site Futura Sciences

    La première décision prise sera la création d'une route (supervisée par le consul Cneus Domitius Ahenobarbus) qui reprit le tracé de la hérakléenne et de la route empruntée par Hannibal. La Via Domitia, qui porteporte son nom, c'était la coutume, est la première route construite, et ce dès -118 avant J.-C.

    Le développement des voies romaines en Gaule va prendre son essor sous le principat d'Auguste. Les travaux des axes de la Gaule furent confiés par Auguste à son gendre Marcus Vipsanius Agrippa qui choisit la ville de Lugdunum (Lyon) comme origine de ces voies. Strabon les décrit : « Lyon se trouve au milieu de la Gaule comme l'Acropole au milieu d'une ville... c'est pourquoi Agrippa en fit le point de départpoint de départ des grandes routes qu'il ouvrit. Au nombre de quatre, l'une va chez les Santons et en Aquitaine, la seconde se dirige vers le Rhin, la troisième vers l'océan, la quatrième gagne la Narbonnaise et le rivage de Marseille ».

    L'extension des routes se fait jusqu'au milieu du IIIe siècle (premières incursions des Francs et des Alamans).

    Pont romain de St-Thibery. © Faguerolles
    Pont romain de St-Thibery. © Faguerolles

    Les premières grandes voies

    • La Via Aurelia : plus récente, voie du littoral, par Antibes, Fréjus, Brignoles, Aix-en-Provence, Salon-de-Provence et Saint-Gabriel.
    • La Via Domitia : lien entre l'Italie et l'Espagne. Elle arrivait en Gaule au Col de Montgenèvre, passait ensuite par Sisteron, Apt, Cavaillon, Beaucaire, Nîmes, Montpellier, Narbonne et le Col du Perthus. Cette route, de 500 kilomètres, traversait la Narbonnaise entre les Alpes et les Pyrénées.
    • Le col de Montgenèvre est un col des Alpes françaises culminant à 1.850 mètres. Historiquement le plus commode et le plus fréquenté des cols transalpins. Sur le versant français, la via y accédait par le sillon durancien, qu'elle rejoignait à Sisteron, et était jalonnée d'agglomérations montagnardes : Gap, Chorges, Embrun et Briançon.

    Elle traversait la région, devenue la haute Provence, y laissant des chaussées, bornes, gués, ponts mais aussi une langue (le latin), des chiffres (romains), des façons de boire et de manger, et bien d'autres choses.

    Reliant Rome au sud de l'Espagne, la Via Domitia, jalonnée de relais routiers, d'ouvrages d'art, de lieux de culte, fait revivre une partie de notre histoire. Elle était jalonnée par les cités de Briançon, Gap, Sisteron, Apt, Cavaillon, Nîmes, Béziers, Narbonne, et Ruscino/Château Roussillon et passait les Pyrénées au col de Panissars près du Perthus.

    Ambrussum, traves de chariots. © Benoît Strépenne
    Ambrussum, traves de chariots. © Benoît Strépenne

    La province Narbonnaise

    La province romaine de Gaule la plus ancienne s'étendait des Alpes aux Pyrénées et de la Méditerranée au lac Léman, aux Cévennes et à la Montagne Noire. Qualifiée à sa création à la fin du IIe siècle avant J-C, de Province Transalpine, avec pour capitale Narbonne, elle prit sous Auguste, en 22 avant notre ère, le titre de Narbonnaise.

    À l'est de la Durance, les Alpes, occupées par des royaumes indépendants soumis tardivement, ne furent transformées en provinces romaines qu'au 1er siècle de notre ère (Alpes Maritimes, Alpes Cottiennes, Alpes Graies).

    La construction des voies antiques

    Les romains ont fait preuve de techniques très élaborées et utilisaient des instruments de visée performants : groma, dioptra, chorobate.

    La route elle-même, formée de longs tronçons rectilignes et dont le profil était amélioré par des passages en remblai ou en déblai, était construite en couches superposées. Dans les passages difficiles, en montagne, la chaussée pouvait être, taillée dans le roc et maintenue par des murs de soutènementmurs de soutènement bâtis.

    C'était en campagne une voie de terre, dallée qu'en certains endroits (villes, gués) et les ornières ne sont que la conséquence d'un roulage intensif. Les chantiers routiers avaient des équipes nombreuses, ingénieurs terrassiers, et des réquisitions de manœuvre indigèneindigène.

    Narbonne Via Domitia. © Franz Clemens
    Narbonne Via Domitia. © Franz Clemens

    Les stations routières

    Des gîtes (mansiones) étaient aménagés à partir de bourgades existantes ou par créations ; entre eux, des relais (mutationes). Du Rhône aux Alpes, toutes ces stations sont bien localisées.

    Les bornes milliaires

    Des pierres de deux à quatre mètres de haut, colonnes ou piliers, implantées tous les milles (1.480 mètres) indiquaient la distance à certaines villes de l'itinéraire. Pour la voie domitienne, on a des bornes au nom d'Auguste (3 av. J.-C.), de Tibère (32 ap. J.-C.), de Claude (41 ap. J.-C.), d'Antonin le Pieux (144 ap. J.-C.), etc. Aucune borne n'a été retrouvée sur le tronçon Apt-Mont Genèvre.

    Militaire à sa création, la voie domitienne est devenue une des plus grandes voies publiques de l'Empire Romain. Le service des postes de l'administration romaine en est un de ces principaux utilisateurs.

    Les ouvrages d’art

    Ponts et gués étaient nombreux : chaque traversée de cours d’eau était aménagée. Les ponts en grand appareil sous le Haut Empire ou en petit appareil au IIe siècle mais aussi en boisbois, en montagne, ce que confirme Strabon. Les ruisseaux modestes étaient franchis par des gués construits.

    (Infos tirées des textes de Guy Barruol, Association Alpes de Lumière, CNRS Centre Camille Jullian, Direction Régionale des Affaires Culturelles, Bernard François).