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La distribution des tannes dans le monde
Le mot tanne (nom masculin) est un terme scientifique d'origine ouolof sans équivalent en anglais. Il tend depuis quelques années à s'imposer pour désigner cet espace lié à la mangrovemangrove. Il a le mérite de la clarté et de la précision alors que d'autres expressions prêtent à confusion.
Si ce terme a été emprunté à une langue du Sénégal, cela tient au fait que c'est dans ce pays et en Gambie que le phénomène a été longtemps le mieux étudié, sous l'impulsion des pédologuespédologues de l'IRDIRD et de ceux de l'université de Wageningen aux Pays-Bas. Leurs travaux entrent dans le cadre plus large des études sur les sols sulfatés-acides.
Le vocabulaire longtemps employé pour désigner les tannes révèle une grande imprécision. Nous avons relevé quelques-uns des termes usités en français et en anglais ; leurs auteurs travaillent dans des disciplines très différentes. Sachant que ces listes sont loin d'être complètes, on comprend mieux ainsi l'urgence d'une dénomination précise. La même imprécision règne dans d'autres langues comme l'espagnol où l'on parle de salares, de salitrales ou de marismas au Mexique. Au Brésil, on emploie un nom amérindien : apicum qui est l'exact équivalent du mot tanne ; au Honduras, on parle de playón.
Terminologie française relative aux tannes :
zone nue, zone de vase sans végétation, sols salés, sols nus, plaine à sira-sira, zone salée intermédiaire, marais découvrant sursalé, sansouire, solontchak, zone d'évaporiteévaporite, marécage, aire dénudée des mangroves, vase nue de mangrove, souillère
Terminologie anglo-saxonne relative aux tannes :
Vegetation free zone, Salt pans, Salt swamp, Unvegetated saline tidaltidal flat, Salt marsh, Bare salt flat, Hight tide mud flats
Jusqu'à une date récente, il fallait disposer de cartes topographiques au 1 : 100 000e pour les repérer,. Aujourd'hui, il suffit de cliquer sur Google EarthGoogle Earth pour faire un tour du monde des tannes.
Tanne et climat
Sur l'île volcanique d'Utila au Honduras (mer des Caraïbes), un petit tanne en formation
© JM Lebigre
Reproduction et utilisation interdites
L'existence de tannes sur la plupart des littoraux à mangroves a été mise en évidence assez tardivement. André Guilcher semble avoir été le premier à décrire des tannes observés en Papouasie-Nouvelle-Guinée (1955) puis à Madagascar (1956). René Battistini (1960) lui emboîte le pas à propos du deltadelta du Sambirano, également à Madagascar. Au même moment, F.R. Fosberg (1961) mettait en évidence l'existence de tannes au Queensland en Australie, aux embouchures du Rio Villanueva (Nicaragua) et du Rio Guayas (Equateur). Depuis cette période, les observations accumulées sur les tannes se sont multipliées, permettent de se faire une idée assez précise de leur répartition.
Longtemps on a pu croire que le « phénomène tanne » était circonscrit aux régions tropicales soumises à des climatsclimats tropicaux « vrais » caractérisés par une opposition tranchée entre une saisonsaison sèche et un hivernage.
Dans la baie de la Mondah près de Libreville, au Gabon, tannes formant grossièrement des auréoles autour d'îlots couverts de forêt pluviale
© JM Lebigre
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Aujourd'hui, la question est finalement davantage de savoir où il n'y a pas de tannes que de savoir où il y en a, puisqu'au prime abord on semble en découvrir à peu près partout sur les littoraux tropicaux. Même s'il subsiste une certaine incertitude, nous savons que les tannes sont inexistants en Guyane, au Cameroun, à Sumatra, à Bornéo et dans la plupart des îles des Philippines. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, les tannes observables autour de Port-Moresby se développent sur un littoral où sévit une saison sèche courte mais bien marquée; en revanche, ils disparaissent là où le littoral est soumis à un climat équatorial sans aucune saison sèche. On a le même phénomène au Gabon : dans ce pays, on observe des tannes dans le delta de l'Ogooué, dans l'estuaireestuaire du Gabon, dans la baie de la Mondah et dans l'estuaire du Rio Mouni. On note que le régime des précipitationsprécipitations comporte une saison sèche d'environ trois mois, ce qui constitue un élément explicatif suffisant à la présence de tannes.
Près de Tuléar à Madagascar, tanne, mangrove et lambeaux d'ancien cordons littoraux couverts de végétation xérophile
© JM Lebigre
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