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Les triangles
Les belles cristallisations en triangles creux sont si peu fréquente, que le récent "Cave Minerals of the world", de Hill et Forti ne les mentionne qu'accessoirement, et celles de Proumeyssac, par leur taille et leur présentation, méritent de retenir l'attention." (Ph. Renault).
"Un petit couloir évidé naturellement, et tout entier à même la calcitecalcite étincelante de blancheur, aboutit à une chambrette où la cristallisation, sous une mince tranche d'eau, a revêtu (une) curieuse forme triangulaire." écrivait le spéléologue E.-A. Martel, à la suite de sa visite du gouffregouffre, le 26 juillet 1907..."
© Alain Frances
"Rappelons que la calcite est le minéralminéral le plus riche en combinaisons cristallines : plus d'un millier ! La calcite des grottes se limite à quelques formes cristallographiques toujours les mêmes. Parmi celles-ci la forme triangulaire, correspondant à une symétrie typique du rhomboèdre, a semble-t-il, été décrite pour la première fois par le minéralogiste Des Cloizeaux dans son Manuel de Minéralogie en 1874 dans la galerie des Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées). Elles s'observent aussi bien à l'échelle microscopique, dans les calcites flottantes (la calcite cristallise en une fine couche à la surface de l'eau des bassins), qu'à l'échelle centimétrique, voire décimétrique, avec les stalagmitesstalagmites de section triangulaire (nombreux exemplaires d'environ un mètre de hauteur pour une dizaine de centimètres de diamètre, dans la grotte de l'Aguzou, Ariège), et les triangles creux dans les bassins." (Ph. Renault).
Il est à remarquer que ces triangles creux ne se forment que dans les bassins à eau calme, plus ou moins stagnante, donc saturée en CO3Ca. Sur les parois ou les fonds de ces bassins, se développent des pointes cristallines en forme de "scalénoèdres" (en minéralogie : nom des triangles scalènes = à cotés inégaux), et dont la croissance s'achève lorsque les cristaux atteignent la surface du plan d'eau. Il s'agit, bien évidemment, d'une croissance très lente, le plus souvent liée au développement du gour et à l'alimentation en eau de celui-ci.
© Alain Frances
La rareté des triangles creux prouve qu'ils exigent pour apparaître, un environnement très particulier, tant au point de vue atmosphérique, que morphologique. Leur variété, d'une grotte à l'autre, permet de définir les facteurs déterminant l'évolution géologique de chaque site. En fait, tous les triangles examinés dans les différentes grottes se localisent dans les endroits calmes et "confinés". En résumé, en ce qui concerne la formation de ces triangles creux, à Proumeyssac comme ailleurs, mais particulièrement remarquables à Proumeyssac, il faut retenir qu'elle est tributaire de la situation "confinée" du bassin, de son alimentation hydrique (eau calme et peu profonde), de la composition chimique de cette eau (très chargée en CO3Ca), et de l'atmosphèreatmosphère environnante. De la même façon, il faut noter que les grands triangles de Proumeyssac sont vides, alors que ceux de la Grotte de l'Aguzou (Ariège) sont très empâtés, surtout à l'intérieur de la corollecorolle, par de la calcite récente. Ce qui pose problème de la différence entre les grands triangles isolés de Proumeyssac et les petits triangles centimétriques que l'on peut voir en plancher stalagmitiqueplancher stalagmitique dans certaines autres grottes. L'épaisseur de la tranche d'eau, dans laquelle se rassemblent ces cristaux, pourrait expliquer cette différence.
Toujours est-il que Proumeyssac se félicite de pouvoir montrer à ses visiteurs, ce magnifique travail de la nature, surprenant et rare.