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L'estuaire et les peintres…
Impression Soleil levant : ce tableau peint en 1873, fonde le mouvement impressionniste en 1874.
Claude Monet naît à Paris en 1840. Il passe son enfance et son adolescenceadolescence au Havre. Il y rencontre entre 1858 et 1862 Eugène Boudin et Jongkind qui lui donnent le goût de la peinture en plein air. (Grâce à la peinture en tube métallique mise au point par Jean-Frédéric Bazille, il est possible de peindre en extérieur).Il va étudier à Paris et rencontre Renoir, Sisley, Bazille. Il admire Manet et travaille à Trouville aux côtés de Courbet. En 1871, à Londres, il découvre Turner. C'est à cette époque qu'il commence à admirer et collectionner des estampes japonaises. Il se fixe à Argenteuil entre 1872 et 1878 et commence à travailler sur l'eau, dans une barque aménagée en atelier.
Monet - Impression Soleil levant.
Monet présente cette vue de l'ancien avant-port du Havre à la 1ère exposition de la Société Anonyme des Artistes Peintres, Sculpteurs et Graveurs. Cette exposition regroupe les peintres Boudin, Degas, Cézanne, Guillaumin, Monet, Berthe Morisot, Pissarro, Renoir et Sisley. Elle ouvre ses portesportes le 15 avril 1874 dans l'ancien studio du photographe Nadar, au 25 boulevard des CapucinesCapucines.
Cette première manifestation obtient un large écho, même si la presse conservatrice s'abstient, soucieuse d'éviter toute publicité à un mouvement jugé subversif pour l'ordre moral. Les articles signés par Burty, Silvestre ou Castagnary sont plutôt favorables. Les autres souvent ironiques. Ainsi Louis Leroy, du Charivari, voulant faire un jeu de mot désobligeant sur le titre de ce tableau, intitule son article du 25 avril 1874 "l'Exposition des Impressionnistes" et donne ainsi son nom au mouvement artistique qui, dans la deuxième moitié du XIX ème siècle, allait bousculer les conceptions établies.
Des premiers paysages peints au bord de la Seine à Argenteuil aux Nymphéas de la fin de sa vie, Monet se passionne pour les métamorphosesmétamorphoses du ciel, les moires de l'eau, tout ce qui n'a pas de forme arrêtée. Sa vie durant, il tente de rendre le dialogue incessant de l'eau et de la lumière. En 1896, Zola notait déjà : "chez Monet, l'eau est vivante, profonde, vraie surtout. Elle clapote autour des barques avec de petits flots verdâtres coupés de lueurs blanches. Elle s'étend en mares glauquesglauques qu'un souffle fait subitement frissonner, elle allonge les mâts qu'elle reflète en brisant leur image, elle a des teintes blafardes et ternes qui s'illuminent de clartés aiguës".
Honfleur, la mélancolique, Honfleur la tendre, la joyeuse, l'orageuse... depuis plus de deux siècles fait rêver le poète et le peintre.
Honfleur
Dès le XVIIIe siècle, la nature normande attire les précurseurs de l'impressionnisme. Les anglais tels Bonington et Turner sont les premiers à venir sur la côte et se laisser envoûter par cette lumière, aux accents furtifs et si éphémères. Ils se laisseront surprendre par ces tonalités et deviendront les annonciateurs de l'inspiration que les générations à venir auront pour le paysage. Huet, Leprince, CorotCorot, Isabey, et ensuite, tel, Daubigny furent à l'origine de cette exaltation pour le paysage.
Seurat, lumière à Honfleur, 1886
C'est à cette époque, fin XIXe qu'une petite auberge du nom de Saint-Siméon tenue par la mère Toutain accueillera les peintres qui commenceront à faire la notoriété d'Honfleur. Sur leurs traces on trouvera Boudin, Dubourg, Jongkind, Pécrus, et d'autres... la peinture de l'EstuaireEstuaire se montrera enfin extra-muros. Cette génération sera le berceau de l'Impressionnisme. Monet, Bazille leur succéderont, puis Nabis Vuillard, Vallotton et Maurice Denis.
Monet - Port du Havre
Les Fauves, Dufy, Friesz, Saint-Delis, acquièrent une renommée nationale, puis Honfleur voit arriver des peintres venus du Nord et de l'Est de la France : Lagar, Fillon, Hambourg, par exemple, ont eux aussi été charmés par ce village de province. Bouyssou, Lavoine, Loriot furent dans les derniers à suivre les traces des Impressionnistes à Honfleur. Ces artistes, d'entre deux guerres, ont marqué la fin d'un grand souffle qui, pendant des générations, a fait le renom d'Honfleur.
Le climatclimat paisible et tourmenté de la vie d'Honfleur, elle nous l'offre à travers Ludivine, Delphin, les Bucailles et bien d'autres. C'était un temps où l'existence et les destinées étaient bercées par les saisonssaisons, la pêchepêche et les tempêtestempêtes : la pluie battait ces façades grisâtres qui, lorsque qu'une éclaircie venait les caresser, semblaient appeler la douceur de ces couleurs mille fois changeantes.
Lucie Delarue-Mardrus (poète et romancière sculpteur et dessinatrice née à Honfleur en 1874) savait si bien conter Honfleur.
Turner - Mascaret au Phare de Quilleboeuf.
Elle serait étonnée d'apercevoir, aujourd'hui un tel désastre. Elle écrit en 1921 l'Ex-voto sur la vie à Honfleur au début du 20ème siècle , et elle y disait déjà, "... gens de Normandie, race aimée, ma race, quel sinistre vous insuffla le vice qui, lentement, vous fait perdre votre noblesse native, finesse, intelligenceintelligence, et robustesse qui vous était restée de vos ancêtres conquérants ? ..." L'alcool, l'ennui et l'appâtappât du gain ont fait tout doucement tout chavirer ...Certes les mentalités n'ont pas beaucoup changé, l'histoire de Ludivine et de Delphin, à peu de choses près, pourrait se dérouler en l'an 2000. La haine viscérale pour les Havrais (les gens d'en face !), pour les étrangers et les Parisiens est toujours là, comme si le fait d'appartenir à cette bourgade leur donnait le droit d'avoir ce ton suffisant et dédaigneux envers tout ce qui ne sort pas des entrailles du port et de la ville même...
Vieux gréements
"... Elle a ses bourgeois, la ville, comme partout, ses commerçants et aussi ses ouvriers ... Mais elle a ses pêcheurs qui ne sont qu'à elle ..." Les descendants des VikingsVikings. Il est vrai que nous n'apercevons plus que quelques voiles de vieux gréements, restaurés par des amoureux de la tradition...