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    Je préfère céder la parole, ici, aux spécialistes, même si, chance insigne, j'ai pu goûter une fois ce « divin nectar » avec une impression particulière de participer à un rite d'initiés, une occasion, ma foi unique, que je n'oublie pas ! Et de temps en temps, je me dis que je pourrais en faire partager l'émotion, c'est le but de ces pages !

    Vin blanc et rouge de Bourgogne. © Photo-Mix, Pixabay, DP
    Vin blanc et rouge de Bourgogne. © Photo-Mix, Pixabay, DP
    Les bouteilles de ces crus du domaine. © Domaine public
    Les bouteilles de ces crus du domaine. © Domaine public

    Résumé d'une conférence avec Aubert de Villaine, de la famille propriétaire du domaine de la Romanée-Conti, le 21 juin 2003, à Lavinia, Paris.

    Le domaine de la Romanée-Conti est propriétaire de 25 hectares de vignobles, principalement dans les grands crus de la Côte de Beaune (MontrachetMontrachet) et de la Côte de Nuits (Romanée-Conti, Échézeaux, Grands-Échézeaux, Romanée-Saint-Vivant, La Tâche, Richebourg). Le domaine (souvent appelé DRC) ne commercialise que des grands crus. Aubert de Villaine se considère comme l'héritier d'un grand terroir, la DRC doit selon lui ambitionner de faire des grands vins dignes du passé. « Un grand domaine est avant tout une philosophie. Le terroir est le moteur de ce que nous faisons. »

    Le grand cru de la « Romanée-Conti » est propriété totale du domaine et peut dans ce cadre-là faire figurer la mention « monopole » sur les étiquettes produites. Cette parcelle mesure 1,8050 hectare. Sa taille n'a pas varié d'un centimètre depuis 1580.

    « En Bourgogne, on fait encore le vin comme au XIVe siècle » : Aubert de Villaine se reconnaît dans cette phrase retrouvée dans le Laval, un livre datant de 1850. Certes, le domaine a aujourd'hui une bien meilleure connaissance des terroirs. Certes, les moyens techniques ont évolué : on utilise notamment une table de tri au moment des vendanges, la technologie du froid permet de mieux contrôler les vinifications... Toutefois, le domaine se doit de perpétuer sa tradition de qualité, de respecter la fragilité d'un terroir, un héritage que les propriétaires actuels se doivent de transmettre. Le terroir de la Romanée-Conti reste inchangé depuis de nombreux siècles, si l'on fait exception des quelques tombereaux de terre que le Prince de Conti y avait fait amener...

    La main humaine a ici pour mission de sélectionner : sélection de plants de vigne, sélection de terroirs, sélection de sarments, sélection de raisinsraisins tant à la vigne pendant l'été que pendant la vendange, sélection de cuvées bien sûr, mais également sélection des Hommes qui travailleront à la vigne ou aux chais. Au domaine, les vignes qui serviront à l'assemblage des cuvées, ont une moyenne d'âge de quarante ans. Le vin issu des vignes les plus jeunes n'est pas assemblé. Il est commercialisé au négoce bourguignon en vrac. On comprend pourquoi le domaine porteporte un soin tout particulier à ses vignes. On pratique ici la culture biologique, et six hectares sont même consacrés à la culture bio-dynamique. Le cheval a également été réintroduit dans certaines parcelles, et ne croyez pas qu'il s'agisse là d'un acte de communication : « le folklore n'est pas le genre du domaine », rétorque sobrement de Villaine.

    En ce qui concerne la vinification des vins du domaine, elle se veut respectueuse d'un terroir, un grand vin se fait dans la vigne. Les vins sont ensuite élevés en fûts de chêne neuf, dont les boisbois sont achetés et sélectionnés trois ans auparavant, et soigneusement séchés par leur tonnelier.

    Des rendements faibles (25 à 30 hectolitres par hectare en moyenne), des matières denses, permettent aux vins du domaine de supporter ensuite un long élevage en fûts de chêne. Lors des vendanges, le domaine peut demander aux vendangeurs de faire des tries successives, afin de récolter les seules baies à maturité.

    Vient alors le temps de la mise en bouteille. Les vins sont généralement directement prélevés dans les barriques à l'aide d'une « chèvre à deux becs » et mis en bouteille directement. Pour certains millésimes, dont le millésime 1999, un besoin d'aération et donc de soutirage a fait renoncer à cette pratique du domaine.

    Les vins du domaine de La Romanée-Conti sont élevés en fûts de chêne neufs. © Renzo Grosso, wikimedia commons, CC 3.0
    Les vins du domaine de La Romanée-Conti sont élevés en fûts de chêne neufs. © Renzo Grosso, wikimedia commons, CC 3.0

    Les vins sont commercialisés par caisse complète de 12 bouteilles contenant un unique flacon de « la-romanée-conti ».  Il faut préciser que le domaine ne produit que 6.000 bouteilles par an de ce célèbre cru bourguignon. Face à une offre si faible, le domaine a opté pour ce mode de commercialisation permettant de rendre « abordable » la bouteille de « la-romanée-conti » en la proposant avec onze autres grands crus du domaine « plus accessibles ». Le domaine produit également 3.000 bouteilles par an de montrachet. Celles-ci sont commercialisées indépendamment. Les premiers crus du domaine ne sont commercialisés qu'exceptionnellement (en 1999, un vosne-romanée premier cru a été commercialisé !). La DRC possède également 12 ouvrées de bâtard-montrachet, produisant chaque année quelques pièces (de 228 litres), une rareté que le domaine réserve à sa consommation personnelle !

    En conclusion, lorsqu'on lui demande de décrire ses vins, il préfère nous livrer leur personnalité, telle qu'il a pu la reconnaître au cours d'une récente et « mythique » dégustation verticale des vins du domaine remontant jusqu'à 1911 (le domaine en possède encore une bouteille !).

    • Échézeaux : c'est le vin de la gaité, un vin plein d'enthousiasme, sur le fruit. Un vin exubérant qui peut prétendre à dépasser le grand-échezeaux dans sa jeunesse.
    • Grand-Échézeaux : à l'exubérance de l'échézeaux s'oppose la sérénité de l'échézeaux. Un vin qui prend toute sa dimension au cours des années.
    • Romanée-Saint-Vivant : la finesse, l'élégance du domaine, une bouche marquée par une austérité monastique.
    • Richebourg : un vin d'une grande richesse, comme son nom l'indique, d'une très grande finesse également.
    • La-Tâche : un vin d'une grande rigueur, un vin vertical, il lui évoque le célèbre portrait de Richelieu par Philippe de Champaigne.
    • La-Romanée-Conti : un vin sphérique, une grande puissance agrémentée de douceur.

    Pour tous ceux à qui cette conférence aura donné envie de goûter un millésime de la-romanée-conti, il nous paraît nécessaire de préciser que la DRC n'a pas produit de « la-romanée-conti » des millésimes 1946 à 1951. Le domaine a en effet arraché la vigne en 1945, afin de la replanter. Le premier millésime commercialisé dans les années qui suivent est le 1952 !

    Les vignes avec ses feuilles aux couleurs si particulières. © Arnaud 25, <em>wikimedia commons</em>, CC 4.0
    Les vignes avec ses feuilles aux couleurs si particulières. © Arnaud 25, wikimedia commons, CC 4.0

    Les deux plus grands crus du domaine : « Romanée-Conti » et « La Tâche »

    • Le cru La Romanée-Conti évoque la grandeur d'un vignoble si exigu. Une bouteille de la-romanée-conti relève de l'exceptionnel, de l'unique même ! 6.000 bouteilles produites lorsque la qualité caresse la perfection. Classé en A.O.C. Grand cru (Décret du 11.09.1936). Cépages : gris (pinot Beurot) ; noirs (pinot et pinot Liébault). L'incorporation de cépages blancs et gris tels les chardonnaychardonnay et pinot reste autorisée à condition de ne pas dépasser 15 %.
    • Le cru La Tâche est le grand cru le plus renommé, le plus délicat, puissant, réputé du domaine de la Romanée-Conti (DRC), après bien entendu, le cru La Romanée-Conti. Quelque 20.000 bouteilles produites, sur un hectare et 50 ares, pour la partie dite historique, s'ajoutant aux cinq hectares nommés également « gaudichots ». Soit une superficie d'un peu plus de six hectares.

    Juste quelques prix approximatifs :

    • La Tâche Grand cru (1995) : 2.300 euros ; 
    • La Tâche Grand cru (1996) : 2.400 euros ;
    • Richebourg (1990) : 3.000 euros ;
    • La Romanée-Conti (1988) : 10.000 euros ;
    • La Romanée-Conti (2000) : 14.000 euros, et il n'y a qu'une ou deux bouteilles par négociant averti !