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Le département de l'Aveyron compte près de 1000 dolmens ce qui en fait la plus grande concentration de dolmens d'Europe. Par contre, seule une cinquantaine de menhirs est connue dans cette région, ils se rencontrent sur les causses comme le menhir de Vessac avec 4 mètres.
Fragments de statue-menhir. © Jean-Pol GRANDMONT, CC BY-SA 3.0
Une statue-menhir est un mégalithe anthropomorphe sculpté en ronde-bosse dans une pierre fichée en terre à la manière des menhirs, mais certains préfèrent le terme de stèle anthropomorphe.
Le Rouergue offre un ensemble d'une cinquantaine de statues-menhirs en grèsgrès très homogènes datés du IIIe millénaire av. J.-C. Les attributs des personnages varient selon le sexe : certaines statues sont féminisées, d'autres masculinisées.
La découverte de la Dame de St Sernin a beaucoup intrigué l'abbé Hermet en 1888 et il cherche alors d'autres dalles sculptées qu'il fait connaître à la communauté scientifique entre 1892 et 1926. Hermet et Louis Balsan ont répertorié et collecté les statues que l'on peut aujourd'hui admirer au musée de Rodez. A part cette région on a trouvé des statues menhirs en Ukraine, en Suisse, en Corse et dans quelques autres endroits d'Europe.
L'âge de ces statues est actuellement estimé de 3300 à 2200 av JC. c'est-à-dire qu'elles seraient contemporaines des dolmens dont nous avons parlé plus haut. Elles sont en grès sculpté et les dessins se trouvent aussi bien sur le devant que sur l'arrière de la statue, malheureusement pour le moment leurs fonctions ne sont pas déterminées, cependant ces sculptures nous donnent des informations sur les attributs masculins et féminins de l'époque : armes, bijoux, vêtements etc.
Archéologie du Larzac, sur les pas de l'Abbé Frédéric HERMET
par Alain VERNHET, chercheur au CNRS nous accompagné durant nos visites de la région. Texte de la communication, donnée lors de l'Assemblée Générale du Cercle Généalogique du Sud Aveyron, le 9 septembre 2001.
« Né en 1856, près de Saint-Izaire (Aveyron), l'abbé Frédéric Hermet fut nommé curé de la paroisse de l'Hospitalet du Larzac en 1894. Il y exerça son ministère jusqu'en 1934 et, parallèlement à ses activités religieuses, il développa sa curiosité archéologique pendant quarante ans sur tout le Sud du Rouergue. Ses travaux les plus célèbres aujourd'hui concernent les découvertes de statues-menhirs préhistoriques et la fouille des ateliers de potiers gallo-romains de la Graufesenque (Millau). Mais Frédéric Hermet a également réalisé de nombreuses recherches historiques et archéologiques sur le Causse du Larzac et les vallées voisines.
On lui doit le signalement et l'étude de plusieurs dizaines de sites gallo-romains ou médiévaux. C'est ainsi qu'il fut le premier à explorer, au nord de l'Hospitalet, les habitats de la Vayssière, en bordure de la voie romaine de Millau à Lodève. C'est encore lui qui réalisa les premières fouilles de fours gallo-romains destinés à la réduction du mineraiminerai de fer dans la grotte de la Reynelle, près des Liquisses. Pour le Moyen Age, ses précieuses recherches sur les Bénéfices du Diocèse de Vabres l'amenèrent à reprendre l'histoire de plusieurs églises perdues dans la campagne.
Il s'intéressa, bien sûr, aux ruines de Saint-Etienne (commune de Sainte Eulalie), qui fut la première église paroissiale de l'Hospitalet, et il détruisit justement l'hypothèse de ceux qui voulaient y voir le siège de l'antique évêché d'Arisitum. A Saint-Amans-du-Larzac, il attira l'attention sur les dévotions populaires autour de cette chapelle abandonnée dans les boisbois de la Crémade. Dans le vallon de Boundoulaou (Creissels), il eut l'extraordinaire intuition de situer l'église de Saint-Martin-de-Pris où Raymond VII, le dernier Comte de Toulouse, rédigea son testament avant de mourir à Millau en 1249.
D'autres érudits proposaient de rechercher cette église sur le Larzac ou près de Rodez : le hasard a voulu qu'elle puisse être dégagée et identifiée en 1981, à l'endroit même ou Frédéric Hermet l'avait pressentie. C'est en suivant les pas de l'abbé Frédéric Hermet que ses successeurs peuvent aujourd'hui dresser un tableau complet de l'archéologie du Larzac. Fermes, villages, cimetières, routes et enceintes fortifiées permettent de cerner les conditions d'un développement économique fondé sur l'agricultureagriculture et l'élevage, l'artisanat du métal et le commerce avec le littoral méditerranéen.
Grâce à la fouille des sanctuaires de Pech-Caut, du Pas de la Selle, de Sargel, du Rajal deldel Gorp et de l'Ourtiguet, on connaît avec précision certaines pratiques religieuses originales des périodes gauloises et romaines. Et c'est encore sur les pas de Frédéric Hermet que furent fouillées deux-cent-cinquante tombes de la nécropole gallo-romaine de la Vayssière, avec, en particulier, celle de la druidesse Severa Tertionicna, qui conservait une lettre de près de soixante lignes en langue gauloise - le plus long document celtique connu à ce jour en Europe. » Alain VERNHET
Quelques menhirs du département recensés :
- Menhir à Pierrefiche près de Sonnac (Capdenac).
- Vezouillac dans la vallée du Tarn.
- Une statue menhir à Mas-Capelier près de Calmels et le Viala
- Au musée Damien-Bec à Saint-Crépin, statues- menhirs remontant à 2 000 ans avant J.-C.
- Le Mas-d'Azaïs, deux statues-menhirs.
Menhirs et dolmens, les mégalithes sont plus nombreux dans le Languedoc qu'en Bretagne. C'est un patrimoine exceptionnel... et méconnu : la plupart sont nichés sur les causses calcairescalcaires Méjean et de Sauveterre, à deux pas des gorges du Tarn.
Un élevage existe sur le causse, où l’on peut admirer ces animaux. © Ancalagon GNU Free Documentation License, Version 1.2
Pour aller plus loin :
Le musée Fenaille de Rodez présente la plus importante collection de statues-menhirs réunies à ce jour.
Son catalogue vous donne tous les renseignements sur les statues de la région mais aussi sur la vie des hommes à cette époque, du moins en l'état des connaissances actuelles...
Une grande partie du musée est consacrée aux Rutènes, les Gaulois de la région, très vite romanisés. Ce catalogue vous fournira aussi une bonne bibliographie sur ces sujets de la préhistoire et de l'histoire locale.
Pour Pierre Soulages, les statues-menhirs, c'est "la densité, la frontalité, l'impression d'une puissance permanente. On sait qu'elles sont préhistoriques, mais leur présence, leur force, surgies du passé, les font aussi y échapper et nous en oublions leur origine. Elles sont là, devant nous, énigmatiques et fascinantes".