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Un devoir de mobilisation
Face à la crise de la biodiversitébiodiversité, une prise de conscience s'est révélée au Sommet de la TerreSommet de la Terre de Rio en 1992 puis au Sommet de Johannesburg en 2002. La France est à la fois un pays à très forte biodiversité et la 5e puissance économique mondiale. Elle a ainsi une responsabilité de premier plan pour la préservation des richesses naturelles sur son territoire et hors de ses frontières. Elle doit donc conduire aux niveaux national, européen et international une action ambitieuse et exemplaire sur la biodiversité, condition d'un véritable développement durabledéveloppement durable.
1 - Une nouvelle ambition nationale
En février 2004, la France a adopté une stratégie nationale pour la biodiversité fixant l'objectif de stopper le déclin de la diversité biologique d'ici 2010. Cet objectif impose un effort de mobilisation sans précédent de tous les acteurs : Etat, collectivités, associations, entreprises... Les principaux défis sont d'intégrer la biodiversité dans toutes les politiques, de renforcer les connaissances scientifiques, et de reconnaître une valeur à la fois économique et éthique au vivant.
Luberon. © Domaine public
La biodiversité soutient des activités économiques essentielles et procure toute une gamme de biens et de services indispensables à notre qualité de vie. Sa préservation est un enjeu de société qui doit faire l'objet d'une grande campagne de sensibilisation, en particulier pour l'outre-mer.
La stratégie nationale est déjà déclinée en plans d'action sur l'agricultureagriculture, la mer, le patrimoine naturel, l'urbanisme, les infrastructures et l'outre-mer. Ils doivent apporter des réponses concrètes aux enjeux de la biodiversité. Cet effort doit aussi s'étendre à d'autres domaines clés comme l'économie, l'éducation ou le tourisme, et permettre de renforcer les initiatives existantes, comme l'Initiative française sur les récifs coralliensrécifs coralliens (Ifrecor).
La France possède un important réseau d'acteurs sur la biodiversité : des établissements publics en charge de la gestion de la nature, comme le Conservatoire du littoral, les parcs nationaux, l'ONF ou l'ONCFSONCFS, des organismes de recherche regroupés au sein de l'Institut Français de la Biodiversité et un large panel d'ONG engagées de longue date sur cette cause. Elle doit donc mobiliser toute cette capacité d'action et cette expertise, avec les moyens financiers adéquats, pour apporter des réponses décisives.
Ours blanc. © Tous droits réservés
2 - Un engagement et des devoirs européens
Avec ses partenaires européens, la France s'est engagée à stopper la perte de biodiversité d'ici 2010. En tant que pays fondateur de l'Union Européenne, elle peut avoir un rôle moteur pour impulser les politiques en faveur de la biodiversité, ce qui nécessite d'améliorer significativement l'application des directives européennes sur l'environnement et de poursuivre activement la mise en place du réseau Natura 2000Natura 2000 sur son territoire. La France pèse également un poids important dans les domaines de l'agriculture et de la pêchepêche. Elle doit poursuivre les efforts de réforme de la politique agricole communepolitique agricole commune (PAC) et de la politique commune de la pêche en y intégrant des objectifs de préservation des milieux naturels et en respectant les capacités biologiques des espècesespèces.
Avec les Pays-Bas et le Royaume-Uni, la France pourrait également lancer une initiative pour la biodiversité des territoires européens d'outre-mer qui, aujourd'hui, ne fait l'objet d'aucune politique spécifique de l'Union Européenne.
3 - Une présence et une action à l'international
La biodiversité est devenue un thème majeur des négociations internationales en raison des bouleversements observés à l'échelle de la planète, et parce qu'elle est l'objet d'enjeux économiques considérables. Elle est aussi directement liée à la lutte contre la pauvreté et à l'aide au développement car de nombreux pays du Sud dépendent étroitement des ressources naturelles vivantes.
Dans ce contexte, la France peut déployer une action importante en s'appuyant sur ses valeurs humanistes et sur sa forte présence internationale. Elle devrait en particulier exercer son influence au sein du G8, promouvoir un renforcement de l'action de l'ONU sur l'environnement et améliorer l'application des grandes conventions internationales.
Par ailleurs, la France a aussi la possibilité d'encourager la prise en compte des enjeux de la biodiversité et du développement au sein de l'Organisation Internationale de la Francophonie. Cette plate-forme unique de coopération Nord/Sud permet notamment de valoriser les liens entre biodiversité et diversité culturelle.
Dans les pays de la Zone de Solidarité Prioritaire, la coopération française devrait, d'une part accroître la prise en compte de l'aspect biodiversité dans ses projets et, d'autre part, renforcer le financement d'actions spécifiquement dédiées à la biodiversité, en s'appuyant sur la société civile et les ONG. Le Fonds Français pour l'Environnement Mondial doit poursuivre son action pour la biodiversité tout en adaptant ses modalités de financement aux micro-projets de terrain.
Enfin, la France devrait engager des projets en coopération régionale associant les collectivités d'outre-mer et les pays voisins dans les zones clés de la biodiversité mondiale que sont les Caraïbes, le plateau des Guyanes, l'Océan indien, les îles subantarctiques et le Pacifique Sud.