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Pour les ONG de protection de la nature, les introductions d'espècesespèces sont une des principales causes d'érosion de la diversité biologique. Une affirmation qui mérite pour le moins d'être explicitée.
Il est vrai que sur les îles, les introductions volontaires ou accidentelles d'espèces (rats, animaux domestiques) ont causé la disparition d'espèces autochtones qui avaient évolué sur les îles de manière isolée. La liste des espèces éteintes comprend beaucoup d'espèces insulaires.
La situation est plus complexe pour les systèmes continentaux. Ainsi, l'Europe qui subit depuis des millions d'années des vaguesvagues de glaciationsglaciations, suivies de réchauffements, s'est repeuplée lors du dernier évènement climatique par des espèces qui avaient trouvé refuge dans le Sud. Et par des espèces commensales qui ont accompagné les premiers agriculteurs, ou qui ont été importées, certaines depuis fort longtemps, en raison de leur intérêt agricole ou autre. Personne n'a pu prouver que la recolonisation de l'Europe du Nord était achevée... ! Et pour cause, c'est un processus continu, qui n'a pas de raison de s'interrompre avant la prochaine glaciation...
Le rôle salvateur des animaux
On reconnaît en écologieécologie le rôle des animaux dans le transport des espèces et leur dissémination. On a mis l'accent notamment sur la zoochoriezoochorie. On a montré que l'écureuilécureuil et le geai avaient joué un rôle important dans la recolonisation « par sauts de puce » de l'Europe par les chênes, lors du dernier réchauffement climatiqueréchauffement climatique. On a démontré que les oiseaux aquatiques transportaient nombre d'espèces d'un système à l'autre, soit dans leur tractus digestif, soit dans leurs plumes... et on s'en félicite. Mais quand l'Homme se mêle de transporter des espèces, cette activité est mise en cause.
Les espèces introduites : seules menaces pour la biodiversité ?
On utilise vis-à-vis des espèces introduitesespèces introduites le langage xénophobe : elles viennent prendre la place des espèces autochtones, sont prolifiques.... Il est vrai que quelques-unes d'entre elles se mettent à proliférer et deviennent envahissantes, créant ainsi des nuisancesnuisances. Au même titre d'ailleurs que des espèces autochtones qui prolifèrent parfois elles aussi, à l'exemple des méduses sur nos côtes. Mais, dans ce cas, on traite les médusesméduses d'envahisseurs. L'idéologie ici encore prime sur l'objectivité scientifique.
Un cas assez emblématique en matière d'introduction d'espèces est celui de la perche du Nil dans le lac Victoria qui aurait entraîné la disparition des petits poissonspoissons cichlidés endémiquesendémiques du lac. Sans nier le rôle prédateur de cette espèce, on a pu montrer que l'une des causes principales de la disparition des Cichlidés et de la prolifération du prédateur était en réalité l'eutrophisationeutrophisation du lac : diminution de la transparencetransparence, désoxygénation des eaux du fond sur lequel se reproduisent les Cichlidés, etc. L'arbrearbre cache la forêt !
Dans le monde réel, nos paysages regorgent d'espèces introduites dont certaines sont considérées maintenant comme patrimoniales (le mimosamimosa ou la carpecarpe par exemple.). Les transferts d'espèces pour l'horticulture ou pour les activités ludiques sont importants. Les espèces voyagent aussi dans les containers et les ballasts des bateaux. Alors ? Bienvenues aux immigrés ? Ou allons-nous interdire les transports internationaux ? Ou allons-nous barricader les frontières ? La page de garde du supplément hebdomadaire du Monde affichait en décembre 2009 une photo d'un ours avec le commentaire « espèces, vos papiers ! ». Quoi qu'il en soit les législations concernant les introductions sont inappliquées et probablement inapplicables...