Les archives sur le climat permettent de lier les conditions climatiques d'une époque à de grands évènements, comme la disparition de certaines dynasties (Mayas, Incas).

Temple Maya. © Darvinsantos, DP
Temple Maya. © Darvinsantos, DP
 Sommet du volcan Huaynaputina (Moquegua, Pérou) à 4.850 m d’altitude. L’éruption explosive du volcan Huaynaputina de 1600 produisit entre autres de très nombreuses pluies de cendres volcaniques. Elle est la plus forte manifestation du volcanisme en Amérique du Sud de toute la période historique. © Illustrations : Jean-Claude Thouret, université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand
 Sommet du volcan Huaynaputina (Moquegua, Pérou) à 4.850 m d’altitude. L’éruption explosive du volcan Huaynaputina de 1600 produisit entre autres de très nombreuses pluies de cendres volcaniques. Elle est la plus forte manifestation du volcanisme en Amérique du Sud de toute la période historique. © Illustrations : Jean-Claude Thouret, université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand

Climat et histoire : les Mayas

Connaître de façon fine l'histoire du climat pendant quelques siècles grâce aux archives permet de caler les autres indicateurs des paléoclimats et donc de prouver leur qualité avant de tenter une reconstitution. Ces indicateurs indirects sont les anneaux de croissance des arbres, les coraux, les charbons de bois, le pollen, les élytres des coléoptères, les lichens, les téphras qui comprennent cendres volcaniques, lapilli, scoriespierres ponces et autres bombes...

En pays maya, la disparition des dynasties qui régnaient sur les cités-États est datée par la fin des glyphes consignant leur généalogie : ainsi, à Copan, elle est advenue après 8221. Maintenant nous savons lier cet effacement à une sécheresse de grande ampleur et prolongée qui correspond aux « âges sombres » de l'Europe et, de façon générale, à une chute de la production agricole, attestée par les traces de malnutrition, depuis l'an 650 environ, relevées sur de nombreux squelettes.

Volcan Huaynaputina (Moquegua, Pérou) - Dépôts métriques de cendres et pierres ponces de son éruption de 1600 dans la région de Chichilin, Quinistacas (Moquegua). Ses cendres et autres dépôts  donnent le marqueur gris de l’an 1600 dans les couches annuelles de glaces andines et donc un indicateur précieux en paléoclimatologie. © Illustrations : Jean-Claude Thouret, université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand 
Volcan Huaynaputina (Moquegua, Pérou) - Dépôts métriques de cendres et pierres ponces de son éruption de 1600 dans la région de Chichilin, Quinistacas (Moquegua). Ses cendres et autres dépôts  donnent le marqueur gris de l’an 1600 dans les couches annuelles de glaces andines et donc un indicateur précieux en paléoclimatologie. © Illustrations : Jean-Claude Thouret, université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand 

Climat et histoire : les Incas dans la région de Cuzco

Un autre exemple nous est fourni par la région de Cuzco, capitale des Incas, après la conquête espagnole2. Les archives locales ont permis la découverte de faits historiques correspondant aux minima historiques de l'occupation humaine et particulièrement du pastoralisme, aussi attestés dans les sédiments lacustres, telle l'épidémie mortifère de 1720, qui toucha une large partie de l'Amérique andine, et la sécheresse de 1800-1805, qui s'étendit largement jusque dans l'actuelle Bolivie. Toutes les deux surviennent dans une grande période de refroidissement qui est le pendant, mais décalé dans le temps, du « petit âge glaciaire » en Europe (XIVe-XIXe siècles). À l'inverse il est connu que l'habitat groupé et les terroirs exploités en terrasses dans les Andes centrales à partir de l'an 1100 jusqu'à l'époque Inca se trouvaient quelque 200-300 mètres au-dessus de ceux de la période antérieure, qui fut le pendant des « âges sombres » européens. Ce boom agricole, attesté aussi par la montée en altitude des pollens d'espèces de zones plus chaudes, tel le maïs aux dépens du quinoa, permit seul de nourrir, puis d'équiper les armées de l'Inca. L'histoire de cette période du XVe siècle est partiellement connue grâce aux chroniqueurs espagnols, particulièrement les missionnaires.

Climat et histoire : les Vikings

D'autres exemples sont connus, tel celui du Groenland où l'ultime voyage par bateau de Norvège vers cette colonie viking, précédé par la disparition de son chef, le dernier évêque, en 1378, date de 1406-1410. Il semble acquis qu'un faisceau de phénomènes a contribué à la disparition des Vikings au Groenland : ainsi de l'avancée des Inuits au XIVe siècle, de la coupe quasi totale de la forêt originelle de saules (visible par leur disparition dans le spectre pollinique) et d'un épisode marqué du « petit âge glaciaire » qui rendit impossibles la fenaison et donc l'élevage entre 1400 et 14203

Sources :

1. J. Diamond, (2006) Effondrement. NRF, Gallimard ; J. Diamond (2009) Nature, 24 September, 461: 479-480.
2. A.J. Chepstow-Lusty, M.R. Frogley, B.S. Bauer, M.J. Leng, K.P. Boessenkool, C. Carcaillet, A.A. Ali, A. Gioda, (2009) Climate of the Past, 5: 375-388.http://www.clim-past.net/5/375/2009/cp-5-375-2009.pdf
3. J. Diamond, (2006) ibid.