au sommaire
Les historienshistoriens du climatclimat s'attachent aux archives pour retracer l'évolution de notre climat. Parmi les grands évènements dont nous avons les traces, la caniculecanicule de Pékin en 1743 et celle de 2003 sont restées dans les mémoires.
Que nous disent les archives au sujet de l'évolution du climat au cours des cinq derniers millénaires1 ? L'importance de l'étude des impacts du climat dans l'histoire a été perçue en France de manière aiguë lors de l'été 2003. Dans un monde urbain, développé et éloigné des anciennes sociétés agraires et pastorales, cette canicule causa le décès de presque 15.000 personnes.
Pour un historien, le parallèle est aisé avec la canicule de Pékin de juillet 1743 et ses milliers de décès, connus grâce aux données de l'observatoire jésuite2.
La canicule historique de Pékin en 1743
Le père français Antoine Gaubil (Gaillac 1689 - Pékin 1759), fut envoyé en 1723 en Chine où il mérita la confiance des empereurs Yongzheng puis Qianlong. Ses relevés de températures lors de la grande sécheressesécheresse de Pékin de 1743 sont une pierre miliaire des débuts de la météorologiemétéorologie scientifique hors d'Europe. Les maximums journaliers dépassèrent pendant de longues périodes les 30 º Réaumur entre le 1er juin et le 25 juillet 1743 soit 37,5 ºC avec un maximum de 44,4 ºC). Ces températures caniculaires de 1743 sont à relier vraisemblablement à un grand épisode El NiñoEl Niño de 1744-1747 et elles sont plus fortes que celles observées à Pékin au XXe siècle, lors des étés 1942 et 1999. Les météorologuesmétéorologues les considèrent comme les plus élevées de ces dernières 700 années. Cette canicule causa des dizaines de milliers de victimes selon les sources chinoises à Pékin, Tianjin et dans les provinces de Hebei, Shanxi et Shandong.
Le travail d'historien du climat
Toutefois l'historien du climat ne recherche pas seulement les paroxysmes, il bâtit surtout une histoire sérielle en comblant les lacunes chronologiques par le dépouillement des archives des monastères et églises, des municipalités, de la comptabilité des entreprises, etc.3
Il ne s'agit donc pas d'une recherche purement académique : de fait, l'histoire du climat permet de reconstituer finement les aléas du climat du passé.
Histoire du climat et naissance de l'écriture
Le père de l'histoire est HérodoteHérodote (Ve siècle avant J.-C.), pour qui ce mot est entendu comme enquête et exploration. Toutefois, en remontant plus avant, le moment à partir duquel nous pouvons faire de l'histoire du climat correspond très exactement à la naissance de l'écriture, une invention survenue sans lien géographique vers 3000 avant J.-C. en Mésopotamie et en Égypte, puis plus tard dans la vallée de l'Indus, en Chine et au Mexique. Partout il est possible de lier cette naissance à la sédentarisation des populations. Dans bien des cas elle apparaît comme fille de la comptabilité commerciale, particulièrement en Mésopotamie. Mais que dire des autres continents et contrées, ceux où les civilisations ne connaissaient pas l'écriture malgré leur richesse, ou bien celles où subsistaient des communautés de chasseurs-pêcheurs n'ayant pas besoin d'écrire ?
Sources :
1. Ce texte est tiré de façon presque intégrale de ma contribution à l'ouvrage collectif présenté par Erik Orsenna, Michel Petit (2011) Climat : une planète et des hommes, Cherche Midi.
2. G. Demarée, (2002-04) Bull. Scéance Acad. R. Sci. Outre-Mer (Bruxelles), 48: 393-395.
3. Emmanuel Le Roy Ladurie, (1983) Histoire du climat depuis l'an mil. Flammarion, Paris, 2e édition.