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Quel rapport entre le recul des glaciers avec le réchauffement global ?
Si l'on raisonne sur le siècle, on constate que le rythme du recul des glaciersglaciers, presque partout dans le monde, suit d'assez près (à quelques exceptions cependant), la courbe de réchauffement des températures (voir cette courbe dans Courbe de réchauffement
Jusqu'aux années 1930, le recul des glaciers n'était pas encore très prononcé, mais la première accélération marquée se produit ensuite dans les années 1940. Survient un palier très clair dans ce recul accompagné de quelques avancées dans de nombreux massifs au cours des années 1950 et jusqu'au début des années 1970. Puis le recul s'emballe presque partout à partir des années 1975-1985. Les études en cours dans les Andes montrent bien ces tendances. Aussi, dire que « les glaciers diminuent de volume, parce que le climatclimat se réchauffe » est globalement vrai, même si le glacier est une machine complexe qui met en jeu beaucoup plus de variables du climat que la température.
Carottage au Chimborazo en 2000 à 6220 m - Photo copyright Bernard Francou - Tous droits de reproduction interdit.
Si on regarde plus dans le détail, on voit que les glaciers des Andes tropicales suivent la courbe de température des eaux du Pacifique et leur « décrochement » depuis 1976 répond à la fréquence augmentée des phénomènes El NiñoEl Niño (1976 est une date-clé, qui marque pour les océanographes et les climatologuesclimatologues une rupture dans le Pacifique appelée le « Pacific shift »). Ce réchauffement récent du Pacifique est-il le reflet d'une variation naturelle de basse fréquence prenant la forme d'un cycle naturel s'établissant sur une échelle de temps pluri-décennale ? Aujourd'hui (depuis 1976), des oscillations chaudes en plus grand nombre (forte fréquence de El Niño), demain le balancier dans l'autre sens, comme avant 1976, avec des oscillations froides (La NiñaLa Niña) plus fréquentes ? Ou bien ce réchauffement est-il une tendance de fond, lié au réchauffement accéléré actuel de la planète. Dans ce cas, l'oscillation pluri-décennale se superposerait à une tendance au réchauffement et les phases chaudes deviendraient de plus en plus chaudes, tandis que les phases froides le seraient de moins en moins ! Il est encore trop tôt pour trancher la question de savoir si la fréquence actuelle des El Niño a quelque chose à voir avec le « changement global ». Pour cela, il convient d'interroger le passé pour y voir plus clair, en analysant des archives (océaniques, glaciaires ou autres) qui auraient enregistré ces événements du Pacifique au cours des temps anciens...
Ce qui est sûr, par contre, c'est que si cela continue encore plusieurs décennies comme depuis 1976 dans les Andes, une grande partie (combien ? représentant quel volume de glace ?) des glaciers sont voués à disparaître, et avec eux s'évanouit une ressource en eau et aussi un symbole fort pour les populations andines.