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Les variables du climat ... quelles sont les causes de l'évolution actuelle ?
Réchauffement atmosphérique, diminution des précipitationsprécipitations, autres variables du climatclimat, quelles sont les causes de cette évolution actuelle ?
Si les glaciersglaciers nous donnaient directement, tels de gigantesques stations météorologiques, la tendance du climat, ce serait trop beau et il n'y aurait pas de glaciologues ! En fait, le signal que nous donne le glacier au travers de ces variations de volume (on parle plutôt du bilan de massebilan de masse) que l'on mesure chaque année, parfois chaque mois, il faut l'analyser pour déterminer quelles sont les variables climatiques impliquées dans cette évolution, température de l'air, précipitations, flux radiatifs, etc... Le glacier est une machine complexe parce qu'il met en jeu de nombreuses variables physiques qui se combinent les unes aux autres ; mais dans le même temps, c'est une machine commode pour approcher le climat, car il intègre ces variables et donne une information que l'on peut plus facilement extrapoler à un plus grand espace que celui qui mesuré par une simple météorologique. De surcroît, la fonction de transfert du glacier au climat une fois bien connue, on peut bâtir avec des images ou des documents anciens représentant les glaciers dans des phases d'extension différentes de l'actuelle des scénarios climatiques pour le passé, qui sont alors « reconstruits » indirectement. Le glacier est donc un bon « proxyproxy » du climat, comme disent les paléoclimatologues.
Mesure du bilan d'énergie sur le glacier Antizana 15 alpha en Equateur à 4880 m - Photo copyright Bernard Francou - Tous droits de reproduction interdit.
Actuellement, on observe dans les Andes de Bolivie, du Pérou et d'Equateur une augmentation significative des températures. Elle a été de l'ordre de 0,1°C par décennie depuis le début des années 1950, puis elle est passée de 0,2°C par décennie depuis le début des années 1970. Cette tendance s'effectue avec une augmentation sensible de la teneur de l'atmosphèreatmosphère en vapeur d'eau, évaluée à 0,1-0,2 hPa par décennie sur la même période récente de 30 ans. Sur cette même période et dans cette partie des Andes, aucune tendance nette, vers un accroissement ou une diminution, n'est observée au niveau des précipitations, mais par contre on voit une forte variabilité selon les années, nous y reviendrons.
A l'origine du recul des glaciers, doit-on donc incriminer cette augmentation simultanée des températures et de l'humidité de l'airhumidité de l'air ? Il est tentant de montrer du doigt la température, car on observe qu'elle est bien corrélée avec le bilan de masse des glaciers que l'on mesure : dit plus simplement, ce sont les années les plus « chaudes » qui enregistrent les pertes de glace les plus significatives et inversement. Mais les précipitations sont aussi reliées aux températures dans les Andes, et cela de deux façons au moins. Quand il fait chaud, la limite pluie/neige remonte sur le glacier, ce qui déprime l'albedo et augmente automatiquement la fonte : ceci est particulièrement net sur les glaciers situés proches de l'équateuréquateur. Par ailleurs, les années chaudes sont celles aussi où les précipitations sont les plus irrégulières et déficitaires, entraînant le même effet sur l'albedo (la neige qui n'est pas remplacée rapidement devient sale, donc son pouvoir absorbant vis à vis de la radiation augmente). La température a sans aucun doute son rôle dans la déglaciation, mais c'est l'albedo que l'on doit mettre le plus en avant comme principal responsable de la fonte accélérée actuelle. L'augmentation de l'humidité de l'air, elle aussi, est importante car elle modifie la nature des processus à la surface du glacier : plus l'atmosphère est humide, moins la sublimation est active, ce qui libère de l'énergieénergie pour la fonte, plus efficace en terme d'ablationablation, nous l'avons vu.