au sommaire
En quoi les orchidéesorchidées sont-elles donc si exceptionnelles ? Qu'ont-elles de particulier ? Leur beauté exotiqueexotique, sans doute, explique en partie leur valeur aux yeuxyeux du public, quoique certaines d'entre elles soient si discrètes qu'elles se distinguent à peine dans un foisonnement de roses, d'irisiris ou de mufliersmufliers.
Orchidée Paphiopedilum. © Tsui, CC by-sa 3.0
Dans cette importante famille de plantes (avec presque 30.000 espècesespèces recensées !), les modes de vie diffèrent beaucoup des autres végétaux. Tout chez l'orchidée est original : sa floraison, son habitat, ses astuces pour survivre et se reproduire, aux dépens de ses hôtes involontaires.
Paphiopeditum raïta. © Michel Caron
Une association avec des champignons
Les orchidées tropicales, en règle générale, ne plongent pas leurs racines dans la terre, mais poussent sur les arbresarbres, le plus près possible de leur cime. Leurs graines sont assez légères pour que le ventvent puisse les emporter, une seule capsule séminale pouvant en compter en moyenne 100.000, parfois plusieurs millions de graines microscopiques ! Ces semences sont dépourvues d'albumenalbumen, c'est-à-dire qu'elles ne possèdent pas de réserves de substances nutritives, si bien que pour germer, elles dépendent de certaines espèces de champignons leur procurant les hydrates de carbone indispensables à leur croissance.
C'est la raison pour laquelle les premières cultures d'orchidées en serre présentèrent tant de difficultés car on ignorait encore leurs rapports avec ces cryptogames. Aujourd'hui, on se passe de ces derniers, les graines germant dans un milieu de culture saturé d'une solution à forte teneur en glucoseglucose.
Angraecum veitchii. © Michel Caron
Une vie dans les arbres
Les orchidées tropicales n'ont pas « grimpé » aux arbres par hasard. La nécessité les a forcées à s'adapter à une vie dépourvue de terre car elles ont avant tout besoin de la lumière du soleil qui, on le sait, est rarissime au sol dans les forêts, à cause de la densité du feuillage. Elles n'avaient donc pas d'autres recours que de devenir les locataires de ces arbres qui les dépossédaient d'un soleil indispensable à leur croissance.
Les « épiphytes », c'est ainsi qu'on les nomme (du grec : « ce qui pousse par-dessus ») ne sont pas pour autant des parasitesparasites, comme le guigui par exemple, car elles ne s'alimentent pas aux dépens de la plante sur laquelle elles vivent, mais se contentent de l'utiliser comme hôte. Elles s'abreuvent directement dans l'air saturé d'eau et se nourrissent des substances apportées par le vent ou des gouttes de pluie. C'est pour ces raisons que les orchidées de nos forêts ne recherchent pas le faîte des arbres, la pluviométrie y étant trop faible.
Aériennes, les racines
Comme les orchidées n'ont pas accès à la terre nourricière, elles survivent grâce à des racines aériennes recouvertes d'une couche de tissus cellulaires morts, le « velamen », dont le rôle est d'absorber la pluie, la roséerosée et même le brouillardbrouillard. Les tissus vivants internes y puisent l'eau dont la plante a besoin. Une partie de cette eau, ou des substances nutritives, est alors stockée dans des « pseudobulbes », c'est-à-dire par des tiges réservoirs en forme de bulbes recouvertes d'une membrane. Grâce à cette dernière, ces petites citernes vitales sont à la fois à l'abri du vent, donc d'une trop rapide évaporation, ainsi que des rayons desséchants du soleil tropical.
D'autres espèces d'orchidées ne vivent pas uniquement de l'air humide et de la pluie. Dans leur pétalepétale en forme de coupe, elles recueillent aussi toutes sortes de substances organiques mortes, d'origine végétale ou animale. Lorsque la fleur se fane et tombe, elle se transforme en humushumus, aussitôt absorbé par certaines racines spécialisées.
Pephiopedilum armeniacum. © Michel Caron
Orchidées terrestres
Il existe une cinquantaine de variétés d'orchidées qui ne ressemblent pas à leurs cousines vivant dans les arbres tropicaux. Ces plantes disposent en effet de racines qui se développent dans la terre et on peut en trouver dans certaines forêts françaises, comme l'Orchis grenouille, l'Orchis singe, l'Orchis frelonfrelon, l'Orchis araignéearaignée, etc., malheureusement en voie de disparition à cause de cueillettes abusives.
Des floraisons magnifiques
C'est une évidence, les fleurs d'orchidées sont parmi les plus subtiles créations de la nature. Aucune autre famille de plantes ne présente une telle multiplicité de formes et de couleurscouleurs. Et pourtant, dans chaque fleur, on retrouve toujours le même modèle : trois pétales et trois sépalessépales. L'un des pétales est plus grand, plus coloré que les autres et d'une forme particulière : c'est le labelle, fait pour attirer l'attention de l'insecteinsecte butineur et le faire plonger au cœur de la fleur.
Paphiopedilun 'Albert Février'. © Michel Caron
C'est là, en effet, que se trouve le gynostème, un organe complexe que les orchidées sont seules à posséder et qui réunit les organes reproducteurs mâle et femelle (étaminesétamines et stigmatestigmate) de la plante. Le pollenpollen mâle s'y agglutine en massesmasses compactes gluantes (les pollinies) qui adhèrent aux poils des insectes et au bec des oiseaux-mouches. Lorsque l'insecte ou le volatile visitera une autre fleur, il déposera les pollinies sur son stigmate. Un procédé astucieux !
Des pièges pour favoriser la pollinisation
Tous les moyens sont bons pour attirer les insectes pollinisateurs ? Certaines orchidées exhalent le parfum du citron, d'autres celui de la cannellecannelle, de la vanille, de la giroflegirofle ou du poivre. D'autres ont l'odeur capiteuse du lilaslilas ou le doux parfum de la violette. D'autres enfin, parmi les plus magnifiques, sentent si fort la charogne que leur puanteur n'a d'égale que celle de la viande en putréfaction, afin d'attirer les mouches !
Coryanthes speciosa 'Won Hee'. © Éric Hunt
Le piège du magnifique Coryanthes sud-américain est tout aussi perfectionné. Ses glandesglandes spécifiques lui permettent d'attirer les insectes grâce à une sécrétionsécrétion qui les droguedrogue, les conduisant alors à glisser dans un entonnoir empli de liquideliquide. Pour en sortir, ils n'ont alors qu'une solution : s'agripper au gysnostène qui émerge au-dessus du liquide, chaque insecte piégé contribuant ainsi à la pollinisation !
Catasetum planiceps. © Éric Hunt
D'autres orchidées, comme le Catasetum d'Amérique centrale et australe, possèdent un astucieux mécanisme leur permettant de catapulter du pollen sur les insectes qui se posent sur leurs fleurs. Certaines variétés asiatiques disposent d'un labelle mobilemobile qui plaque l'insecte pollinisateur contre le gynostème, pour être certaines que le pollen sera bien transmis à son destinataire. Certaines orchidées agitent aussi un labelle velu dans le vent, ressemblant parfaitement à la femelle de certains insectes, de façon à attirer le mâle !