Le superordre des Xénarthres, abusivement appelé « édentés », regroupe des mammifères bien différents en apparence et tous plus curieux les uns que les autres : les tatous, les paresseux et les fourmiliers (comme le tamandua).

Tamandua appelé aussi le tamandou. © Photogallet, Fotolia
Tamandua appelé aussi le tamandou. © Photogallet, Fotolia
Le tamandua (<em>Tamandua mexicana</em>). © Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin
Le tamandua (Tamandua mexicana). © Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Origine du nom du tamandua

Peluche dont rêveraient tous les enfants, le tamandua, ou tamandou, est l'une des quatre espèces de fourmiliers d'Amérique. Son pelage atypique est marqué par une très large bande de poils noirs le long du dos et à hauteur des membres, qui contraste avec le reste du pelage de couleur crème, donnant l'impression qu'il s'est affublé d'un petit blouson noir. Dans un dialecte brésilien, taa signifie fourmi et mandeu le piégeur. Ainsi, de nuit ou de jour, au sol ou dans les arbres, cette boule de poils d'environ 50 cm (le double avec la queue) traque termites et fourmis. Un art dans lequel le tamandua est passé maître.

Le tamandua (<em>Tamandua mexicana</em>). © Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin
Le tamandua (Tamandua mexicana). © Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Le tamandua, à la chasse aux fourmis

Les fourmiliers n'ont pas de dents et leur bouche se dessine à la manière d'un tube dans lequel circule une langue longue et rugueuse recouverte de villosités enduites d'une salive collante. Son terrain de chasse est vaste et chaque jour, le tamandua explore plusieurs dizaines de termitières et fourmilières. En ne détruisant pas le nid à chaque repas, il s'offre le privilège de revenir plusieurs fois au même endroit. Mais termites et fourmis se défendent chimiquement contre les fourmiliers, qui ne sont pas toujours immunisés. Le tamandua parade en limitant le temps de prélèvement sur chaque nid : il réduit ainsi ses chances d'ingérer de trop grandes quantités de produits nocifs.

Cette espèce n'est pas limitée aux forêts pluviales. On le trouve également dans des savanes plus sèches ou des zones plus marécageuses.

L'observation du tamandua

C'est au Costa Rica, dans le sous-bois du parc national de Corcovado, que nous l'avons le mieux observé. Cette fois-là, au détour d'un sentier, nous nous sommes retrouvés nez à nez avec cette espèce si longtemps convoitée. Un fin rideau végétal nous séparait encore de lui. Nous l'observions attentivement au travers de quelques interstices feuillus, puis nous avons tenté une approche, mètre après mètre. Le petit fourmilier était bien trop occupé à sonder les anfractuosités du bois alentour pour remarquer notre présence, jusqu'à ces craquements de feuilles mortes sous nos pieds... il détala sans même se retourner, jusque dans les hauteurs du premier arbre venu. Par malchance dans sa hâte, l'animal n'aura choisi qu'un petit arbre dégarni en guise de cachette. On y distinguait aisément sa silhouette. Nous nous sommes donc cachés une dizaine de mètres plus loin : il lui fallait bien descendre à un moment ou un autre. Une heure s'écoula. Il semblait s'être assoupi. L'attente s'est poursuivie au pied de l'arbre et enfin le tamandua a montré ses premiers signes d'impatience... nous nous sommes rapprochés discrètement du tronc pour établir notre planque un peu plus près de la cible, malgré les moustiques virulents, les fourmis hargneuses et les tiques boulimiques.

Enfin, après deux heures de faction, le fourmilier résigné abandonna le combat. Vaincu mais bon joueur, il redescendit en douceur de sa cachette comme pour nous laisser contempler toutes les coutures son costume. Un moment privilégié avec ce drôle de mammifère !