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« Oui, toute odeur est fée », écrit François Coppée, au XIXe siècle, dans un poème de son recueil Promenades et Intérieurs. Pour le poète, la féerie des parfums tient à leur puissance d'évocation. Les fragrances épicées appellent en effet les réminiscences et réveillent des souvenirs d'enfance, de voyage ou de festins. Surtout, les épices nous donnent le cadeau somptueux de leurs saveurs et de leurs parfums, contenus dans les huiles essentielles qu'elles renferment, en proportion importante.
Plus qu'un simple présent, il s'agit d'un échange. L'odeur comme le goût n'existent pas en tant que tels : ils apparaissent seulement lorsqu'ils sont perçus par nos sens, olfactif et gustatifgustatif, puis interprétés par notre cerveau, qui décrypte le message et le met en correspondance avec notre mémoire.
La féerie des épices réveille les sens
De ce processus complexe, et pourtant très rapide, naît l'émotion, forte, que nous procurent les épices. Si le parfum et la saveur de chaque épice sont reconnaissables par tous, ils sont, en même temps, uniques pour chacun d'entre nous car nous les interprétons avec nos souvenirs olfactifs personnels, mis en correspondance avec notre propre histoire. Pour décrypter l'odeur, le cerveaucerveau la compare à d'autres, qu'il a conservées en mémoire, et il l'associe à des faits ou à des souvenirs. Pour toutes ces raisons, chaque rencontre olfactive est singulière, et cette singularité explique nos préférences.
Comme l'odoratodorat, le goût n'apparaît qu'en interaction entre un message émis par l'aliment et la présence d'un sujet capable de percevoir et décoder ce message. Comparables dans leur processus et alliés dans la dégustation, les deux sens de l'odorat et du goût sont à la source de la satisfaction que nous procurent les épices, lesquelles, en plus de nous raconter des histoires et des légendes depuis l'Antiquité, nous font plaisir...