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    Depuis 2019, les particuliers ne peuvent plus trouver de Roundup à acheter dans leur jardinerie. En 2023, ils ont probablement écoulé leurs derniers stocks, et ils sont bien obligés de se débrouiller pour désherber autrement les allées de leur jardin. Chacun y va de sa méthode : le mal au dosdos lorsqu'on arrache soi-même ses mauvaises herbes, la consommation d'énergie lorsqu'on choisit de les brûler, d'autres consommations chimiques lorsqu'on passe à des herbicidesherbicides encore autorisés, diverses couvertures des sols, ou tout simplement le choix d'allées enherbées.

    Différentes techniques utilisées pour avoir une allée impeccable sans avoir à la désherber. © JillWellington, Pixabay, DP
    Différentes techniques utilisées pour avoir une allée impeccable sans avoir à la désherber. © JillWellington, Pixabay, DP

    On a déjà un peu plus de recul dans les jardins publics, les cours d'école, les cimetières, les tennis, les terrains de pétanque et de sport, etc., car c'est depuis 2017 que l'on a interdit ce produit aux dernières municipalités qui l'utilisaient encore. Songeons quand même que tous les enfants nés avant 2017 en ont absorbé lorsqu'ils suçaient les cailloux dans les parcs publics ou les cours de récréation !

    Diverses méthodes pour se passer du glyphosate

    On sait maintenant à peu près comment faire pour s'en passer. Parmi les méthodes nombreuses et souvent complémentaires qui ont été mises en œuvre (et que les particuliers peuvent eux aussi utiliser chez eux), on peut citer :

    • la réduction de la largeur des chemins (n'oublions pas que le piéton a un pied qui tond !) ;
    • leur couverture avec différents matériaux comme les graviers de lavelave relativement coupants, ou le boisbois raméal fragmenté ;
    • la limitation des angles droits (sur lesquels on marche rarement), au profit des courbes ;
    • l'enherbement des allées ;
    • l'entretien et la réparation des joints des dalles et les pavés ;
    Une allée étroite et en courbe bénéficiera davantage de la « tonte naturelle » du piéton qu’une allée large avec des angles droits. Une allée de dalles permet de laisser pousser l’herbe et de la tondre normalement. © Hanaa Boughal, <em>Wikimedia commons</em> CC 4.0, Bruno Parmentier Arboretum Angers, tous droits réservés 
    Une allée étroite et en courbe bénéficiera davantage de la « tonte naturelle » du piéton qu’une allée large avec des angles droits. Une allée de dalles permet de laisser pousser l’herbe et de la tondre normalement. © Hanaa Boughal, Wikimedia commons CC 4.0, Bruno Parmentier Arboretum Angers, tous droits réservés 
    • l'entretien régulier des espaces de jonction (limite trottoir-murmur, trottoir-bordure, route-rigole, mobilier urbain, panneaux de signalisation, etc.) ;
    • l'installation de prairies fleuries et de zones fleuries (par exemple autour des arbresarbres en ville) ;
    • l'utilisation de plantes couvre-sol (en faisant attention aux espècesespèces exotiquesexotiques envahissantes) ;
    • le paillage, en particulier avec du bois raméal fragmenté fabriqué sur place avec des déchetsdéchets de bois ;
    Le paillage permet de réaliser de beaux jardins sans avoir besoin de désherber, en particulier sur les allées des parcs publics avec du bois raméal fragmenté (BRF) obtenu en hachant les déchets de bois de la commune. © Thierry Ryo, Adobe stock
    Le paillage permet de réaliser de beaux jardins sans avoir besoin de désherber, en particulier sur les allées des parcs publics avec du bois raméal fragmenté (BRF) obtenu en hachant les déchets de bois de la commune. © Thierry Ryo, Adobe stock
    • le désherbage mécanique (à la balayeuse, à la tondeuse, au jet d'eau, au Kärcher, etc.) ;
    • le désherbage manuel à la binette (bonjour le mal au dos !) ;
    • le désherbage thermique (à flamme directe, air chaud, eau chaude, vapeur, infrarouge, moussemousse chaude, etc.) qui a le gros inconvénient d'utiliser énormément d'énergie fossileénergie fossile, et donc de réchauffer la planète ! ;
    • l'utilisation de ruminants (chèvres, moutons) ;
    • la pose de gazon synthétique.

    Il est à noter que ces différentes méthodes ont toutes un coût supérieur à celui de la simple pulvérisation de glyphosateglyphosate... et qu'il a fallu travailler sérieusement l'opinion publique pour lui faire admettre que ses envies d'un monde plus écologique doivent passer par l'acceptation d'un peu plus de nature, jugée auparavant « sale » ou désordonnée dans la ville. De même que le maintien de la végétation au bord des routes au printemps pour favoriser le maintien d'un minimum de biodiversité.

    Le désherbage pour la SNCF, un impératif de sécurité

    De son côté, la SNCF doit impérativement empêcher les mauvaises herbes de pousser sur ses 30 000 kilomètres de voies ferrées pour maintenir la sécurité. C'est la raison pour laquelle elle était le plus gros consommateur français de glyphosate. Elle a donc été amenée à abandonner définitivement cet herbicide fin 2021, un défi fort complexe et onéreux. Elle a opté pour la combinaison de traitement thermique (elle fait passer la nuit des trains qui avancent lentement avec des lance-flammes) et de traitement chimique alternatif, avec un mélange d'acide pélargonique et de flazasulfuron. 

    Dans tous les cas de figure, cela va lui coûter beaucoup plus cher (on parle de plus de 110 millions d'euros supplémentaires par an), et il n'est pas du tout sûr que ces solutions soient pérennes. Car certains disent que le remède est pire que le mal. Et que l'acide pélargonique est également nocif : sa toxicitétoxicité serait trois fois supérieure à celle du glyphosate pour les écosystèmesécosystèmes aquatiques, et comme il est question de l'épandre trois à quatre fois par an (au lieu d'une fois tous les trois ans comme préconisé), les mauvaises herbes acquerront très vite des résistancesrésistances spécifiques à ce produit.

    L'histoire est donc loin d'être finie.