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Une autre conséquence du réchauffement climatiqueréchauffement climatique couplé à une agricultureagriculture intensive est l'abaissement, et même le tarissement, des nappes phréatiquesnappes phréatiques. Il devient alors impossible de poursuivre l'extension, voire l'exploitation, des surfaces irriguées qui les utilisent, avec pour conséquence une exacerbation des conflits.
Les experts, qui observent une augmentation très forte des prélèvements dans plusieurs nappes importantes (+ 144 % en trente ans aux États-Unis, + 300 % en dix ans en Arabie saoudite, + 100 % en dix ans en Tunisie) prévoient l'épuisement rapide de certaines d'entre elles. À Islamabad (Pakistan), Guanajuato (Mexique) ou Chanaran (Iran) et dans le Hebei en Chine ou la vallée du Gange en Inde, le niveau d'eau peut baisser de plusieurs mètres par an dans les puits. La conséquence est simple : ces zones, où l'on produit beaucoup de nourriture actuellement, vont à terme baisser fortement leur production. Il est possible qu'on continuera à y manger, mais leur capacité à exporter de la nourriture vers les régions avoisinantes et moins bien dotées va décliner fortement.
Le manque d'eau menace la survie des populations
Tout aussi dramatique, la fonte des glaciersglaciers menace l'agriculture irriguée qui s'est développée au XXe siècle dans les plaines en dessous des montagnes. D'ici la fin du siècle, au rythme où s'opère cette fonte, nombre de glaciers vont purement et simplement disparaître. Il n'y aura presque plus d'eau l'été dans les rivières, à l'époque où les agriculteurs en ont justement besoin (une part importante de l'eau de ces rivières l'été provient de la fonte des neiges et des glaces). Ceci menace directement la survie des populations dans d'immenses régions, et en premier lieu ceux qui se nourrissent via l'eau des fleuves qui descendent de l'Himalaya, qui permettent une agriculture productive parce qu'irriguée, nourrissant carrément un tiers de l'humanité.
L'Indus, au sud-ouest de l'Himalaya nourrit le Pakistan ; au sud, l'Inde et le Bangladesh dépendent fortement du Gange et du Brahmapoutre ; si le seul Gange s'assèche l'été, l'approvisionnement en eau de 500 millions de personnes de juillet à septembre ainsi que de 37 % des cultures irriguées en Inde sera directement menacé, d'autant plus qu'en dessous, le niveau de la nappe phréatique souterraine a déjà baissé de 60 mètres !
On peut poursuivre avec l'Irrawaddy, le Salween et le Mékong au sud-est, dont dépendent tous les pays de la péninsulepéninsule indochinoise. Puis le Yangzi (Fleuve Bleu) et le Huang He (Fleuve Jaune) à l'est, dont vit l'immense Chine... Le second est de plus en plus menacé, et maintenant à sec sur des centaines de kilomètres la majeure partie de l'année, obligeant les Chinois à des travaux titanesques pour relier par de gigantesques canaux les bassins des deux fleuves.
La mer d'Aral : un désastre écologique
Au nord, l'Amou-Daria et le Syr-Daria recueillent l'eau de 17.000 glaciers et traversent l'Afghanistan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan, le Turkménistan et le Kazakhstan. Des pays qui ont développé une agriculture tellement irriguée que ces fleuves n'approvisionnent presque plus la mer d'Aralmer d'Aral, laquelle, autrefois 4e étendue d'eau du monde, a perdu 75 % de sa surface depuis 1960, 14 mètres de profondeur et 90 % de son volume.
De même, en Afrique, le lac Tchad, anciennement 3e réserve d'eau douceeau douce du monde a perdu 90 % de sa superficie.