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La région méditerranéenne est extrêmement riche et complexe du point de vue tectonique. Plusieurs grandes plaques s'y affrontent, notamment les plaques eurasienne, africaine et arabique. Les mouvementsmouvements propres de ces différentes plaques, mais également de blocs tectoniques plus petits, induisent une importante sismicité au niveau des limites des plaques, ce qui explique pourquoi le pourtour méditerranéen est souvent victime de puissants séismes.
Une faille qui marque la limite entre le bloc anatolien et la plaque arabique
Dans la région est de la Méditerranée se situe ainsi l'une des zones les plus complexes et les plus soumises à l'aléa sismique. Et pour cause, le bloc anatolien y est pris en sandwich entre la plaque eurasiatique située au nord et la poussée de la plaque arabique située au sud. Cette contrainte compressive induit un mouvement d'échappement vers l'ouest du bloc anatolien.
Les limites nord et sud du bloc anatolien sont donc marquées par deux grandes failles de cisaillement qui accommodent ce déplacement tectonique. Il s'agit de la faille nord-anatolienne et de la faille est-anatolienne. Toutes deux accumulent d'importants taux de déformation. Des contraintes qui se libèrent régulièrement sous la forme de séismes particulièrement puissants.
Une faille qui enregistre jusqu’à 1 centimètre de déplacement par an
La faille est-anatolienne est donc une faille sénestre (elle accommode le déplacement vers l'ouest du bloc anatolien par rapport à la plaque arabique) et court sur 700 kilomètres suivant une direction sud-ouest/nord-est. À l'est, elle se connecte à la faille nord-anatolienne au niveau du point triplepoint triple de Karliova et, à l'ouest, elle se connecte à la faille du Levant au niveau du point triple de Maras. Elle serait active depuis la fin du Miocène ou la fin du PliocènePliocène.
Si, dans sa partie orientale, la faille est bien définie et semble marquer une frontière franche entre les deux plaques, sa terminaison occidentale est bien plus diffuse et caractérisée par la présence de plusieurs failles interconnectées. Dans tous les cas, cette faille principale se décompose en de nombreux segments, tous capables de produire d’importants séismes. Les mesures GPSGPS indiquent d'ailleurs de considérables taux de glissement, de l'ordre de 11 millimètres par an sur certains segments.
De nombreux séismes très meurtriers
Dans son ensemble, la faille est-anatolienne a déjà produit, au cours de l'histoire, de nombreux séismes de magnitudemagnitude supérieure à 7, souvent meurtriers. Dernier en date, le séisme de février 2023 qui a secoué la Turquie et la Syrie a fait plus de 56 000 victimes. Lors de cet événement qui est le plus dramatique de l'histoire récente de la région, deux puissants séismes se sont succédé, un premier de magnitude 7,8 et, quelques heures plus tard, un second de magnitude 7,7. Au total, 400 kilomètres de faille ont été brutalement réactivés, engendrant un déplacement en surface de l’ordre de 3 mètres par endroit.