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Un Kjokkenmodding (mot d'origine danoise signifiant « dépotoir de cuisine ») représente un amas coquillier préhistorique formé par la consommation humaine de coquillages.
Il s'agit d'un terme principalement utilisé par les archéologues. Les Kjokkenmodding les plus anciens ont été retrouvés en Espagne et datent de la fin du Paléolithique. Leur nombre se multiplie ensuite durant le Mésolithique mais les amas présentent des spécificités différentes en fonction des régions.
C'est la Société royale des sciences du Danemark, en 1848, qui définit clairement les caractéristiques des Kjokkenmoddings, afin de pouvoir les étudier et les comparer. Ainsi, un Kjokkenmodding ne doit être composé que de coquilles de coquillages de taille adulte comestibles par l’homme. Il doit contenir différentes espèces provenant d'habitats différents. Les amas peuvent également contenir des os de mammifèresmammifères, d'oiseaux et des restes de poissonspoissons.
Les poubelles du Mésolithique en environnement côtier
En d'autres termes, il s'agit des déchetsdéchets alimentaires produits par les populations préhistoriques installées sur un site et vivant du ramassage de coquillages. L'étude des Kjokkenmoddings permet donc de comprendre et de reconstituer le régime alimentaire de ces sociétés mais également leurs modes de vie et l'environnement dans lequel elles vivaient. Certains amas coquillers peuvent avoir une épaisseur de plusieurs mètres et indiquent de le site a été occupé durant une longue période. Son intérêt archéologique est donc majeur. De plus, le carbonate de calcium qui constitue les coquilles permet la conservation des autres éléments se trouvant potentiellement au milieu de l'amas, comme des ossements.
L'analyse des Kjokkenmoddings révèle ainsi que ces populations possédaient un mode d'alimentation très opportunistes : elles ne se limitaient pas aux coquillages et pêchaient et chassaient tout ce qui était disponible dans leur environnement proche.
Il existe plusieurs Kjokkenmodding connus en France, sur la côte Atlantique, comme par exemple sur la Pointe de la Torche et l'île de Béniguet dans le Finistère ou encore à Saint Michel en l'Herm et à Beauvoir sur Mer en Vendée.
La pointe de la Torche a ainsi été peuplé dès la fin du Mésolithique (5 640 à 5 550 avant J.C.). Le Kjokkenmodding y est la plus ancienne trace d'occupation.