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    Exemple de bocage mêlant haies vives et basses, champs et prairies, d'un grand intérêt paysager et écologique, en Écosse. © Supergolden, CC by sa 3.0

    Exemple de bocage mêlant haies vives et basses, champs et prairies, d'un grand intérêt paysager et écologique, en Écosse. © Supergolden, CC by sa 3.0

    On appelle bocage une région où les champs et les prés sont enclos par des levées de terre portant des haies ou des arbres marquant les limites de parcelles de tailles et de formes différentes, à l'habitat dispersé en fermes et hameaux. Le bocage occupait une large part de la façade atlantique et de l'intérieur des terres. 

    Origine du mot « bocage »

    Le mot viendrait du latin boscus ou boscum (bois) qui a donné bois, bosc, bosquet, forme qui a dû précéder bos fréquent en ancien français, peut être introduit par les scandinaves en Normandie. Le mot est devenu bôqueige en Bourgogne, boscatge en Provence, boscage en Espagne.

    L'étymologie prête à confusion puisque le bocage est une constructionconstruction humaine ! Au XIIIe, le bocage évoque un milieu sauvage et, au XVIIIe siècle, le dictionnaire lui donne une connotation plus positive : petit bois, lieu ombragé et pittoresque. La notion contemporaine de réseau maillé de haies n'a été diffusée que dans les années 1960-1980 au moment de la régression rapide du bocage détruit par les remembrements et l'urbanisation. Le bocage est adapté à la production fourragère et à l'élevage en pâturages. Il offre des ressources fruitières, en gibier et en champignonschampignons bien plus que l'openfield.

    Exemple de néobocage monospécifique et artificiel à Açores, Portugal. © Luis Silveira, domaine public

    Exemple de néobocage monospécifique et artificiel à Açores, Portugal. © Luis Silveira, domaine public

    Le bocage, élément écologique important

    Ses réseaux de prairies, haies, talus et fossés sont des éléments fonctionnant comme corridors biologiquescorridors biologiques.

    Il permet :

    • une meilleure rétention de l'eau ;
    • une forte limitation de l'érosion ;
    • la conservation de rivières claires à saumonssaumons et truitestruites.

    La haie protège du ventvent, tout en atténuant les chocs climatiques. En Bretagne les fossés sont larges et forment des chemins creux. C'est un paysage dans lequel il y a peu de pullulations biologiques, car les haies abritent des animaux régulateurs des insectesinsectes.

    La haie permet aussi un apport de bois de chauffage. Elle peut abriter des arbres fruitiers : néflier, noisetier, sureau, merisiermerisier etc.

    Le bocage demande un entretien constant, compensé par la production de bois, de fourrage et de fruits qui ne sont plus attrayants pour les agriculteurs d'aujourd'hui. Le bocage est une sorte de « forêt linéaire » densément maillée qui a pu préserver des reliques de forêt antique, ce sont les haies patrimoniales. C'est un écosystèmeécosystème résilientrésilient où les pullulations (de rats, souris, limaces, insectes et autres parasitesparasites) sont étouffées dès leur origine par leurs prédateurs toujours présents dans ce refuge permanent que constitue pour eux le réseau de haies.

    Haies de type néobocage avec très peu de diversité. © Erwin Cole, domaine public

    Haies de type néobocage avec très peu de diversité. © Erwin Cole, domaine public

    Le bocage au fil de l'histoire

    Le bocage est un élément important du réseau écologique. Au Moyen Âge, l'augmentation des besoins entraîne des défrichements. Après 1100, les seigneurs organisent les opérations. On met en place des champs de petite taille, carrés, délimités par des enclos. L'araire qui fait son apparition, impose des parcelles carrées.

    À partir de 1900, le bocage est complété par des champs de même taille, tirés au cordeau.

    Mais, à l'époque contemporaine, le bocage est bouleversé : la haie, les talus et le réseau hydraulique de fossés et mares associés, trois éléments qui se complètent pour créer des bocages riches et écologiquement stables sont menacés par l'apparition des tracteurs et des grandes machines agricoles, qui engendrent la mise en place de parcelles de plus en plus grandes, donc de remembrements.

    On estime à 40.000 km, les haies détruites dans le Finistère et 2 millions de km pour l'ensemble de la France, non sans conséquences :

    • la gestion de l'eau est bouleversée ;
    • les inondationsinondations et les sécheressessécheresses plus fréquentes et exacerbées ; 
    • les pullulations d'insectes dits « nuisibles » ;
    • la dégradation des sols ;
    • la pollution de l'eau par ruissellement et érosion.

    La reconstruction est localement subventionnée, permettant la restauration des écosystèmes qu'abritent les haies, mais ces haies ne sont pas plantées des mêmes espècesespèces qu'auparavant et ne comportent que des arbres du même âge : il est très difficile de refaire, en un temps très long, ce qu'il a été si facile de détruire, en un temps si court !