Déjà à l'origine de la plus importante pollution au pétrole dans l'Arctique au mois de mai (lire ci-dessous), la compagnie minière Norilsk Nickel a reconnu le 12 juillet une nouvelle fuite de 44,5 tonnes de pétrole dans un pipeline près de la ville de Tukhard, dans la région de Krasnoïarsk au nord de la Russie. La fuite s'est produite suite à une dépressurisation du pipeline lors d'un transfert de kérosène depuis un bateau et aurait duré 15 minutes environ.

Les quantités sont évidemment bien moindres que celles déversées lors de la fuite du réservoir de Norilsk au cours de laquelle 21.000 tonnes de diesel s'étaient échappées dans la nature. Mais elle noircit un peu plus l'image de l'entreprise russe, déjà sous le feu des critiques après la marée noire et une autre révélation début juillet concernant des déchets toxiques. Norilsk Nickel assure mener une investigation interne pour comprendre les causes de l'incident, et jure avoir pris toutes les mesures nécessaires pour recouvrer le pétrole. Espérons que ce sera fait à temps : Tukhard est situé à moins de 70 km du port de Dudinka sur l'Ienisseï, le cinquième plus long fleuve du monde qui se jette dans l'Arctique.


Arctique : après la marée noire, Norilsk Nickel récidive avec une nouvelle pollution de l'eau

Article de Céline Deluzarche publié le 01/07/2020

Série noire pour le géant minier russe Norilsk Nickel : déjà à l'origine de la gigantesque marée noire ayant pollué les cours d'eau de la région du Krasnoïarsk en Sibérie orientale (lire l'article ci-dessous), la compagnie a reconnu dimanche qu'une de ses usines déversait ses eaux de stockage dans la nature.

Cette usine d'enrichissement, située à Talnakh, à 25 km au nord de Norilsk où a eu lieu la fuite de pétrole, relâcherait illégalement de l’eau contaminée depuis plusieurs années, selon l'agence gouvernementale TASS citée par le Siberian Times. « Une pompe mobile avec deux tuyaux en caoutchouc d'environ 40 cm de diamètre a été trouvée sur le site. L'état des tuyaux indique que ce pompage dure depuis longtemps », rapportent des sources internes citées par l'agence.

Depuis combien de temps durait ce déversement illégal de déchets toxiques ? © Mariya Ryabinina, Siberian Times

Des journalistes de la Novaya Gazeta et une équipe d'écologistes de Greenpeace ont filmé deux grandes conduites d'eau déversant l'eau toxique issue du réservoir de stockage directement dans le lac Piassino et la toundra environnante. Les militants ont immédiatement alerté la police locale et posté les vidéos sur les réseaux sociaux, conduisant les employés de Norilsk Nickel à stopper la pompe en catastrophe et à démanteler les tuyaux.

« Cette pollution constitue une violation manifeste de notre protocole opérationnel », s'est offusquée l'entreprise dans un communiqué qui affirme avoir mis à pied les responsables et collaborer avec les autorités. Même à supposer qu'elle n'ait pas été au courant, cette affaire est bien embarrassante pour Norilsk, déjà empêtrée dans la fuite de diesel massive survenue il y a un mois et dont les dégâts se chiffreraient en milliards d'euros.


Sibérie : une gigantesque marée noire provoquée par une fuite de pétrole

Article de Céline Deluzarche publié le 04/06/2020

L'état d'urgence a été déclaré le 3 juin à Norilsk, dans le territoire de Krasnoïarsk en Sibérie orientale, après que 20.000 tonnes de diesel se sont échappées d'un réservoir sur un site industriel. La fuite, qui s'est produite le 29 mai, a coloré la rivière Ambarnaïa et son affluent Daldykan en rouge orange, et des vidéos impressionnantes montrent l'eau de la rivière s'enflammer au contact d'une étincelle. Les causes de la fuite n'ont pas été clairement établies, mais selon la compagnie minière Norilsk Nickel qui exploite le site, le réservoir pourrait avoir été endommagé par l'effondrement du sol causé par le dégel du permafrost en raison du réchauffement climatique.

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La fuite de pétrole pourrait en tous cas se transformer en catastrophe écologique. Selon le Parquet général de Russie, les produits pétroliers ont été détectés dans la rivière Ambarnaïa, qui alimente en eau potable un quartier de Norilsk, le lac Piassino et le fleuve Piassina qui se jette dans la mer de Kara. Le taux de concentration de pétrole dans les rivières concernées est « plusieurs dizaines de milliers de fois supérieur à la norme », a reconnu Svetlana Radionova, la directrice du Service russe de contrôle de l'exploitation des ressources naturelles lors d'une réunion d'urgence.

Près de 20 km de cours d'eau sont pollués et 6.000 tonnes de pétrole ont pénétré le sol. Des barrages flottants ont été installés et des absorbants déversés dans la rivière afin de limiter les dégâts. D'après Greenpeace, cet accident est la plus grosse catastrophe écologique en Arctique depuis l'Exxon Valdez en 1989, qui avait provoqué une énorme marée noire en Alaska.

 

 

 

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