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En voilà une qui ne se fatigue pas trop ! La salamandre des grottes (ProteusProteus anguinus), aussi appelée protée anguillardprotée anguillard, est plutôt du genre casanière. Les scientifiques ont même découvert un spécimen qui n'avait pas bougé depuis... 2.569 jours, soit plus de sept ans. Il faut dire que cet étrange animal cavernicole et aquatique est totalement aveugle et dépigmenté. Pour se déplacer, il se tortille comme une anguille, difficilement aidé de ses minuscules pattes atrophiées. Mais comme il faut quand même bien se nourrir (essentiellement de petits crustacéscrustacés, de gastéropodesgastéropodes et d'insectesinsectes), le protée doit quand même quitter son trou de temps en temps.
Le protée a un cycle de vie extrêmement lent : il peut vivre plus de 100 ans, son cycle de reproduction dure 12 ans et en cas de disette, il est capable de réduire son métabolismemétabolisme et de jeûner jusqu'à 10 ans. Autant dire qu'il faut s'armer de patience pour étudier son comportement. Deux zoologisteszoologistes de l'université de Budapest (Hongrie) se sont attelés à la tâche et ont suivi 19 spécimens dans une grotte de Bosnie-Herzégovine entre 2010 et 2018, en leur injectant un pigment sur la queue pour les reconnaître. Ils ont ensuite effectué des visites régulières dans la grotte pour marquer leur position.
Selon leurs résultats, publiés dans la revue Journal of Zoology, la plus longue distance parcourue par un protée s'élève à 38 mètres en 230 jours. À l'inverse, un autre n'avait pas bougé d'un poil en 2.569 jours et la plupart n'avaient pas effectué plus de 10 mètres en huit ans. Évidemment, il est possible que les salamandres effectuent des petits déplacements quotidiens que ne révèle pas l'étude. Plusieurs individus marqués ont également disparu des radars, « suggérant qu'ils se seraient cachés dans une fissure », indiquent les auteurs. Néanmoins, « étant donné leur capacité à survivre sans nourriture et leur cycle de reproduction très lent, il apparaît logique que le protée économise ses déplacements au maximum », notent les chercheurs. En l'absence de prédateurs les obligeant à fuir et profitant des quelques proies passant à leur portée, ils peuvent ainsi rester scotchés à leur bout de pierre durant des années.
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