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Les syrphes ont une technique de vol remarquable. © Alcesgaspar, Wikipédia, cc by sa 3.0
Grâce à une vidéo à haute résolutionrésolution permettant de décomposer les images avec des intervalles de temps très courts, des scientifiques ont mis en évidence la technique de vol des syrphes, des insectes diptères (ayant donc donc deux ailes, comme la mouche).
Les syrphes sont des animaux exceptionnels à plusieurs titres. D'abord par leur mimétisme. Ils ressemblent étrangement aux abeilles, avec leurs rayures souvent jaunes et noires sur l'abdomenabdomen. Ensuite, ils sont particulièrement appréciés par les arboriculteurs et agriculteurs puisque leurs larves sont carnivores et se nourrissent notamment d'aphides (des pucerons nocifs pour les cultures) et les adultes sont pollinisateurs.
L'alula, une surface mobile sur l'aile
En vol, les syrphes font preuve d'une grande habileté et sont capables de voler sur place. On les voit d'ailleurs souvent en vol stationnaire au-dessus des fleurs qu’ils s’apprêtent à butiner. Des chercheurs de l'université d’Oxford avaient déjà mis en évidence les mécanismes impliqués dans ce vol immobile. Cette fois, ils ont étudié comment ces diptères peuvent si rapidement modifier leur vitessevitesse pendant leur vol et changer de direction.
L'ensemble des diptères, contrairement à la plupart des autres insectes, ne possèdent qu'une paire d'ailes. Plus exactement, l'autre paire est atrophiée et forme des balanciers appelés haltères, dont le rôle est important dans l'équilibre de l'insecte lorsqu'il est en vol.
Syrphe en vol. La vidéo, ralentie 250 fois, met en évidence les changements de mouvements de l'aile et plus particulièrement de l'alula. Le graphique montre les différentes phases : en vert, l'alula est rétractée et l'amplitude des battements est réduite ; en rouge, l'alula est à plat (dans le plan de l'aile) et l'amplitude du battement est plus importante. © Simon Walker
À la base de chaque aile, contre le corps, se trouve l'alula. C'est une sorte de lobe, situé sur l'arrière, qui représente environ 10 % de sa surface et dont l'arrangement permet à l'aile d'être au repos à plat le long du corps de l'insecte. L'alula est mobilemobile, indépendamment de l'aile, et actionnée par la troisième sclérite axillaire (partie du thoraxthorax) qui joue un rôle dans les changements de vitesse de vol chez quelques mouches.
Cette alula est impliquée dans les changements de direction et de vitesse lorsque le syrphe est en vol, comme le montrent les résultats de l'analyse publiée dans Journal of the Royal Society Interface. En effet, elle peut prendre deux états différents : rétractée ou à plat. En fonction de cet état, le mouvementmouvement et la vitesse de l'aile sont modifiés.
Le pilotage de la syrphe
Plusieurs paramètres sont liés à la modification d'état de l'alula : l'amplitude du battement de l'aile, ses angles d'attaque lors du battement et le moment de la supinationsupination (mouvement de rotation entre la phase descendante et la phase ascendante de l'aile). Autant de paramètres qui sont également corrélés à la modification de vitesse de vol.
En outre, à l'instar des rameurs sur une barque qui cessent leur mouvement à droite afin d'effectuer un virage à gauche, les syrphes ne déploient qu'une seule alula pour se diriger, ce qui crée une accélération d'un côté, mais pas de l'autre. Cette dissymétrie provoque le changement de direction à la manière des ailerons d'un avion.
Toutes les inventions humaines pour voler - échecs et réussites - sont inspirées du monde animal, que ce soit des oiseaux, des mammifèresmammifères (chauve-sourischauve-souris, écureuilécureuil volant, etc.) ou des insectes. La technique de vol des syrphes donnera peut-être de bonnes idées aux ingénieurs et inventeurs...