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L'ONG The Nature Conservancy vient d'annoncer la découverte d'une très importante population d'orangs-outans (ou orangs-outangs) à Bornéo, à l'est, dans la partie indonésienne de l'île. Selon l'organisation, qui travaille avec les autorités d'Indonésie, des rumeurs auraient fait état, en 2003, de la présence d'orangs-outans dans ces forêts denses et peu peuplées dans la province du Kalimantan Est (Kalimantan étant le nom de la partie indonésienne de Bornéo). Une première expédition avait confirmé la présence de plusieurs groupes de Pongo pygmaeusPongo pygmaeus, l'une des deux espèces d'orangs-outans.
En décembre 2008, une exploration plus complète a montré que ces forêts abritent un nombre bien plus grand de ces primates, en découvrant 219 nids. Ces grands singes, comme d'autres, confectionnent en effet des matelas de branchages pour dormir à leur aise dans les hauteurs des arbres. Cité par l'AFP, Erik Meijaard, qui travaille pour l'ONG, estime à plus de 5.000 la population d'orangs-outans dans cette région, occupant 800.000 hectares.
Un orang-outan observé dans la province du Kalimantan Est, là où vivent probablement cinq mille congénères, à l'est de l'ïle de Bornéo. © The Nature Conservancy
Migration devant la déforestation
La nouvelle est d'importance car ces animaux sont en voie de disparition. D'après les estimations précédentes de The Nature Conservancy, l'île de Bornéo en abriterait moins de 50.000, constituant le sanctuaire de ces primates. Sur un total mondial estimé à moins de 60.000, 80% des orangs-outans vivraient en Indonésie et 20% en Malaisie, pays qui possède le nord de l'île de Bornéo. Autrefois présents dans une grande partie de l'Asie, les orangs-outans sont désormais retranchés sur cette île et sur celle de Sumatra, où vit l'autre espèce, Pongo abelii.
Les déforestations sont la cause principale de cette raréfaction, qui touchent bien d'autres espèces végétales et animales, émotionnellement moins touchantes que ces grands singes qui partagent 98% du génomegénome avec l'être humain. Les incendies, naturels ou provoqués, ont plusieurs fois ravagé les forêts. Cette nouvelle population, d'ailleurs, proviendrait, selon Erik Meijaard, d'animaux ayant fui de feux de forêt en 1997 et 1998. Les arbres sont également abattus par les hommes, pour l'exploitation du bois tropical ou au profit de plantations de palmiers à huile, dont le produit fini se vend très bien aux industries agroalimentaires du monde entier. Le braconnage fait également pesé une lourde menace. Il vise les jeunes, capturés vivants et élevés ensuite comme animaux de compagnie. Selon l'Institut Jane GoodallJane Goodall, il faut tuer dix animaux (dont la mère) pour en capturer un.
En migrant sur de grandes distances pour se réfugier dans une région reculée, les orangs-outans ont donc démontré qu'ils savent s'adapter à des conditions difficiles et se protéger de graves dangers en explorant des territoires plus tranquilles.