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Un regalecidé ne rencontre que très rarement l'Homme. Il vit dans les profondeurs abyssales et loin des côtes. Les biologistes le connaissent si mal qu'on ne peut dire où il vit, s'il est solitaire et ce qu'il mange. © Mark Benfield et al., Journal of Fish Biology
Un mystérieux poisson a été filmé par un robotrobot sous-marin contrôlé à distance, ou ROV (Remotely Operated Vehicle), à 364 m de profondeur. Il s'agit d'un régalec (Regalecus glesneRegalecus glesne), plus connu sous son nom anglais oarfish. Ce poisson est probablement le plus long du monde dans la catégorie des poissons osseux. Le plus grand jamais observé faisait 8 m de long, mais les scientifiques pensent qu'il peut largement atteindre 15 m. Cela ferait alors de lui le poisson le plus grand du monde, avec le requin-baleine, un cartilagineux qui peut mesurer jusqu'à 20 m.
Le régalec de la vidéo (ci-dessous) a été filmé durant une campagne de recherche menée dans le nord du golfe du Mexique. Il fait l'objet d'une description complète dans la revue Journal of Fish Biology. Ce poisson nage la tête droite et son corps à la diagonale, de sorte qu'il se déplace aussi bien de haut en bas, que d'avant en arrière, rapidement. On note d'ailleurs, qu'à la fin de la vidéo, le régalec, lassé d'être épié par le ROV, met alors un coup d'accélérateur et file rejoindre les profondeurs océaniques.
Un robot sous-marin a filmé un régalec lors d'une mission scientifique dans le nord du golfe du Mexique, le 5 août 2011. Le projet visait initialement à surveiller l'écosystème après la catastrophe du Deepwater Horizon. © Craig McClain, YouTube
Un regalecidé étonne par son incroyable carrure, lui donnant l'apparence d'une anguille géante. Mais s'il impressionne, c'est surtout parce que, méconnu du grand public, il est souvent considéré comme une effrayante créature des abysses. On en sait très peu à son sujet, les seuls spécimens qui ont pu être étudiés sont ceux retrouvés échoués sur les plages, et son écologie reste un mystère.
Le régalec, un détecteur de séismes ?
Sa façon d'onduler sa longue nageoire dorsale, qui compte quelque 400 raies cartilagineuses, lui est propre. Mais le régalec dispose également de nageoires pelviennes, comprenant une à cinq raies. Ses pectorales, considérablement petites par rapport à celles des autres poissons osseux, se situent en bas de son corps. L'espèceespèce a si rarement été rencontrée, que les biologistes ne sont pas en mesure d'évaluer sa répartition géographique. Ils supposent que le regalecidé vit dans toutes les mers du monde, à des profondeurs avoisinant les 1.000 m.
Probablement solitaire, ce poisson n'en reste pas moins fascinant. Peu de temps avant le séisme et le tsunami de Tohoku en 2011, une vingtaine de régalecs se sont échoués sur les plages japonaises. Le professeur Mark Benfield, principal auteur de l'étude, suggère que ces poissons ont sûrement senti le tremblement de terretremblement de terre arriver. Mais personne ne peut expliquer comment. Après tout, cela pourrait-être une pure coïncidence.