Au tout début d'une campagne en cours dans les profondeurs de l'océan Pacifique, des chercheurs américains ont filmé, à l'aide d'un engin télécommandé, une magnifique hydroméduse, dont l'espèce n'avait jamais été décrite.

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    D'avril à juillet 2016, le navire océanographique Okeanos Explorer, de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric AdministrationNational Oceanic and Atmospheric Administration), explore la fosse des Mariannes, dans l'océan Pacifique, là où se trouve le point le plus profond du Globe. Il ne s'agit pas de battre des records de profondeur mais d'étudier la faune abyssale.

    Lors de la première des trois campagnes prévues, qui se terminera le 11 mai, « D2 », qui se promène tous les jours entre 250 m et 6.000 m, a déjà fait de jolies trouvailles. D2, alias Deep Discoverer, est un ROV (Remote Operated Vehicle), c'est-à-dire un petit sous-marin contrôlé à distance.

    Pendant sa quatrième plongée, le 24 avril dernier, la caméra du bord a filmé une superbe méduse, d'une espèce inconnue, à environ 3.700 m de profondeur. Sa coloration et son émissionémission de lumièrelumière, phénomène fréquent dans ces abysses obscures, lui donnent un aspect inhabituel à nos yeuxyeux.


    Une méduse, du genre Crossota mais d'espèce inconnue, nage à 3.700 m de profondeur dans la fosse des Mariannes, le 24 avril 2016, dans un zone baptisée mont Enigma. © NOAA Office of Ocean Exploration and Research, 2016 Deepwater Exploration of the Marianas

    Des espèces inconnues nous attendent dans l'océan

    Les biologistes reconnaissent en elle le genre Crossota. Elle possède deux rangées de tentacules, des longs et des courts, les premiers servant apparemment à piéger les proies. Au début de la vidéo, ils remuent légèrement alors que le cnidaire est immobile. Jusqu'à présent, cinq espèces étaient connues dans le genre, comme en témoigne la liste du Worms (World Register of Marine Species). On peut jouer à comparer cette nouvelle venue avec une de ses cinq cousines répertoriées, Crossota norvegica.

    Ces animaux sont des hydroméduses et diffèrent donc, selon les spécialistes, des Sciphozoaires, le groupe des « vraies » méduses, comme la célèbre pélagie, qui, parfois, rend cauchemardesques les baignades en Méditerranée. D'après l'équipe de la NOAA, les structures jaunes sont les gonadesgonades (testiculestesticules ou ovairesovaires) et les canaux rouges seraient le chemin de sortie des cellules sexuelles. Pour comprendre ces grandes familles, une bonne adresse est le dossier La Dame aux méduses, écrit par Jacqueline GoyJacqueline Goy pour Futura-Sciences ; elle a consacré sa vie à l'étude de ces cnidaires et en parle avec passion.

    Les plongées de D2 ne font que commencer et amèneront sûrement d'autres surprises. Une découverte si rapide d'une espèce nouvelle donne la mesure de notre faible connaissance des habitants de l'océan.