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Mauremys rivulata est une petite tortue, qui ne mesure pas plus de 24 cm. Elle est largement répandue dans les lacs et ruisseaux de l'est méditerranéen, du sud-est de l'Europe, de la Grèce à l'ouest de la Turquie et jusqu'au Liban, en Israël, en Syrie et dans les îles de Crète et de Chypre. D'après une étude publiée dans Zoologica Scripta, cette tortue serait capable de traverser des centaines de kilomètres en mer.
Des travaux précédents utilisant l'ADN mitochondrial n'avaient pas trouvé de différences génétiquesgénétiques importantes chez les tortues Mauremys rivulata dans toute leur zone de distribution. Pour confirmer ce résultat étonnant, les chercheurs ont cette fois voulu utiliser 13 sites de l'ADNADN pour comparer les variations génétiques entre 340 tortues provenant de 63 localités différentes.
Ils ont alors retrouvé une faible variation génétique entre les tortues. « Même des tortues vivant à de grandes distances les unes des autres présentent un profil génétiqueprofil génétique presque identique, par exemple dans le sud-est de l'Europe et la Turquie asiatique », explique Uwe Fritz, professeur au musée zoologique de Dresde, en Allemagne. « En raison des nombreuses barrières géographiques dans le territoire de cette tortue d'eau douce -- en particulier la mer Égée --, nous supposions qu'il y aurait beaucoup de populations différentes. » En effet, la mer représente une barrière génétique pour d'autres espèces, comme des grenouilles ou des serpents. Cette faible différence génétique entre des tortues éloignées géographiquement suggère qu'elles ont trouvé un moyen de transporter leurs gènesgènes sur de grandes distances, par-dessus la mer.
La tortue à dos de diamant pourrait-elle aussi prendre le chemin de la mer, comme sa cousine Mauremys rivulata l’a vraisemblablement fait en Méditerranée ? © JD Wilson, Plos One, cc by sa 2.5
Tortue d’eau douce qui fait des centaines de kilomètres en mer
Comment expliquer le déplacement de la tortue d'eau douce sur de si grandes distances ? Une première hypothèse serait qu'elle soit transportée par l'Homme, mais ces tortues ne sont pas consommées en raison de leur forte odeur. Les chercheurs n'ont aucune preuve de l'influence de l'Homme dans la répartition de ces animaux.
C'est pourquoi il ne restait plus qu'une possibilité : traverser la mer Égée. Pour Melita Vamberger, principale auteure de l'article, « il est probable que des tortues soient balayées de manière répétée de leur habitat dans les marais côtiers vers la mer par des tempêtes. Elles peuvent manifestement survivre longtemps dans la mer, suffisamment longtemps pour être emportées vers un littoral. »
Ce transport maritime pourrait concerner d'autres espèces de tortues, comme la tortue à dosdos de diamantdiamant (Malaclemys terrapin) qui connaît elle aussi peu de variations génétiques, malgré sa large répartition en Amérique du Nord.