L’éléphant d’Afrique est capable de comprendre les gestes de l’Homme. Lorsque ce dernier pointe du doigt un objet, le pachyderme regarde l’objet. Il est capable d’interpréter le signal de l’être humain. Une observation qui remet en cause l’idée que la capacité de désigner est propre à l’humain.

au sommaire


    Montrer quelqu'un du doigt est mal poli. La personne visée peut se sentir prise pour cible, et sait qu'en étant pointée, elle attirera le regard des autres. Chez l'Homme, montrer quelque chose en désignant d'un geste la cible au loin est un comportement tout à fait naturel. Le regard d'autrui suit sans réfléchir la ligne de visée tracée par le doigt. Pourtant ce comportement n'a rien d'anodin. Dans le monde animal, certaines espèces sont capables d'interpréter correctement ce mouvementmouvement, d'autres non. Cela traduit-il pour autant une intelligenceintelligence supérieure ?

    Des études antérieures ont montré que les grands singes n'étaient pas du tout réceptifs au signe de pointage. « Quand le sage montre la lunelune, l'idiot regarde le doigt », disait un proverbe chinois... Dans ce cas de figure, le singe joue le rôle de l'imbécile. En revanche, le chien comprend ce geste, et cela sans avoir été dressé pour répondre à ce mouvement. Ce genre de différence de comportement rend difficile l'appréciation des degrés d'intelligence animale pour les éthologues.

    L'éléphant d'Afrique comprend deux espèces : le <em>Loxodonta africana </em>(la plus importante, vivant en savane) et le <em>Loxodonta cyclotis </em>(l'éléphant de forêt). Dans l'étude, les 11 éléphants sont de l'espèce <em>L. africana</em>. © Gary M. Stolz, <em>U.S. Fish and Wildlife Service</em>

    L'éléphant d'Afrique comprend deux espèces : le Loxodonta africana (la plus importante, vivant en savane) et le Loxodonta cyclotis (l'éléphant de forêt). Dans l'étude, les 11 éléphants sont de l'espèce L. africana. © Gary M. Stolz, U.S. Fish and Wildlife Service

    L'une des explications possibles serait que le chien, au même titre que le cheval ou les camélidés, a été domestiqué par l'Homme. Son évolution au cours de cette période lui a permis de développer des capacités d'interprétation des gestes de l'Homme. Mais aujourd'hui, une étude révèle que l'éléphant d’Afrique comprend aussi la gestuelle du pointage quand l'humain l'effectue, bien qu'on ne la lui ait jamais enseignée.

    Hommes et éléphants d’Afrique sont empathiques

    Anna Smet et Richard Byrne, de l'université de St Andrews en Écosse ont étudié la réaction de 11 éléphants d'Afrique, qui accompagnent chaque jour des touristes au pied de la montagne, suite à leur signal. Si ces animaux étaient déjà habitués à la voix et la présence de l'Homme, aucun n'avait jamais appris à interpréter les gestes humains. D'après les résultats de l'étude, publiés dans la revue Current Biology, les pachydermes ont compris les gestes de l'Homme aussi bien au premier essai qu'au dernier, ce qui suggère qu'il n'y a même pas eu besoin de leur apprendre à reconnaître le signal. Qu'ils fussent jeunes ou vieux, nés en captivité ou capturés plus tard, cela ne faisait aucune différence, tous ont eu le même comportement.

    Ce résultat remet en cause la théorie de base qui considérait la compréhension du pointage comme spécifiquement humaine. Les éléphants ont, comme l'Homme, un réseau socialréseau social complexe, dans lequel des sentiments tels que l'empathie ou l'aide envers les autres sont vitaux à la survie de la tribu. Il se pourrait donc bien que, plus qu'un caractère humain, la faculté de désigner soit une adaptation des espèces qui ont ce type de réseau social. Par exemple, pointer peut être utile pour aider son prochain. Néanmoins, une autre étude avait montré que l'éléphant d’Asie ne répondait pas à ces signes. Comment l'expliquer ? L'intelligence animale est loin d'avoir révélé tous ses secrets...