au sommaire
Le coq chante non pas pour faire tomber la pluie ou parce que le soleil pointe le bout de son nez. Mais surtout parce que c'est inscrit en lui et que son horloge biologique le pousse à le faire. © Shimmura et al., Current Biology
Mieux vaut ne pas habiter près d'un poulailler lorsque l'on aime les grasses matinées. Avant même que le soleilsoleil ne se pointe à l'horizon, le coq prend un peu de hauteur et envoie de toutes ses forces un « cocorico » puissant. Est-ce les premiers rayons du jour qui le poussent à ainsi s'annoncer auprès de tout le voisinage, ou bien est-ce un phénomène plus instinctif ?
Les deux réponses sont à priori possibles. Chez de nombreuses espèces animales, et nous ne faisons pas exception, certains processus physiologiques varient selon l'alternance jour/nuit, ce qu'on appelle aussi le rythme circadien. Bien qu'elle n'ait pas d'aiguilles, nous disposons au fond de nous d'une horloge biologique, notamment sous la dépendance d'hormoneshormones telles que la mélatoninemélatonine, fortement synthétisée en l'absence de lumièrelumière. C'est aussi à ce moment que les taux d'insulineinsuline baissent, ce qui diminue le métabolismemétabolisme de notre corps qui se prépare à dormir et à jeûner les heures suivantes.
Le coq, comme l'Homme, est à n'en pas douter sous l'influence de son horloge biologiquehorloge biologique. Mais cela vaut-il pour son envie de chanter ? La question mérite d'être posée car le fier gallinacé peut aussi se mettre à chanter dans la journée ou la nuit lorsque les phares d'une voiturevoiture éclairent dans sa direction. Son cocorico pourrait donc être une réponse à des stimulationsstimulations extérieures.
Tous les coqs du monde ne parlent pas la même langue. Si en France ces gallinacés crient « cocorico », outre-Manche, plus sophistiqués, ils articulent un « cock-a-doodle-doo » quand les oiseaux allemands s’expriment à coups de « ki-ke-ri-ki ». C’est tout de même un peu différent des coqs japonais qui eux réveillent les Nippons avec leur « ko-ke-koh-koh ». © Kornilovdream, StockFreeImages.com
Le coq ne laisse jamais passer l’heure
Pour démêler le vrai du faux, des chercheurs japonais de l'université de Nagoya ont entrepris de réaliser des expériences sur des coqs. Ils en ont sélectionné 40 en tout, tous génétiquement identiques, qu'ils ont d'abord placés dans des conditions de luminositéluminosité alternant entre 12 heures de jour et 12 heures de nuit pendant deux semaines. Leurs cris étaient enregistrés.
Les oiseaux se sont mis à chanter environ 2 à 3 heures avant le lever du soleil, résultat tout à fait cohérent avec ce que l'on trouve à l'état sauvage.
Lors de la seconde phase de la recherche, ces mêmes coqs devaient désormais vivre dans une lumière certes faible, mais permanente, afin d'éviter que les changements de luminosité ne puissent éventuellement induire le cri de l'animal. Là encore, le traitement s'est prolongé durant deux semaines.
Cela n'a rien changé : tous les jours aux mêmes heures, les coqs faisaient entendre leur voix puissante et stridente. Certes, ils chantaient également à d'autres moments de la journée, quand on leur envoyait une lumière fluorescente plus intense ou en réponse au « cocorico » de leurs congénères, mais c'était moins fréquent qu'aux toutes premières lueurs de l'aubeaube. Ainsi, l'horloge biologique pousse l'oiseau à chanter à des heures bien matinales.
Se coucher avec les poules, se réveiller au chant du coq
En réalité, tous les coqs ne chantent pas exactement à la même heure. Comme cette étude publiée dans Current Biology le révèle, tout dépend du statut social. Il ne faudrait pas que l'individu dominé fasse de l'ombre à son supérieur.
D'autre part, les auteurs ont remarqué qu'à force de vivre dans un jour permanent, les coqs semblaient peu à peu perdre leurs repères et chantaient de manière de plus en plus dispersée. Un peu comme ces spéléologues qui, perdus à des dizaines de mètres sous terre et sans aucun indice sur l'heure qu'il est, perdent un peu la notion du temps.
Ces scientifiques japonais vont désormais poursuivre plus loin leurs investigations pour tenter de déterminer les fondements génétiquesgénétiques à l'origine des cris d’animaux. Pourquoi le chien aboie, le chat miaule ou la vache meugle ? Ces sons, exactement comme le cocorico des coqs, sont innés, et non appris comme peuvent l'être une langue humaine ou les mélodies des oiseaux chanteurs. Mais si on n'ignore pas tout de leur utilité, on en sait encore peu sur leur origine...
Chronique Science décalée
--------------------------------
Pourquoi une rubrique Science décalée ? Cette chronique hebdomadaire a pour ambition de montrer que la science peut aussi être drôle et inattendue, et surtout qu’elle brasse vraiment tous les domaines possibles et imaginables. Ainsi, on peut faire du sérieux avec du farfelu, et de l’humour avec des sujets à priori peu risibles. Chaque semaine donc, nous sélectionnons l’info la plus étrange ou surprenante pour vous la faire partager le dimanche, entre le fromage et le dessert.