au sommaire
En 2008, le monde stupéfait découvrait un mystère chez la vache, le chevreuil et le cerf élaphe : ces animaux s'orienteraient préférentiellement dans le sens des lignes du champ magnétique terrestre, la tête vers le nord ou vers le sud. Les zoologisteszoologistes Sabine Begall, Hynek Burda et Julia Neef (université de Duisburg-Essen, Allemagne) et leurs collègues tchèques Jaroslav Červený et Oldřich Vojtčch (institut de biologie des Vertébrés, Académie des sciences de République tchèque, Brno) s'appuyaient sur des observations de terrain et sur des images dénichées sur Google EarthGoogle Earth.
L'analyse statistique, expliquaient-ils dans les Pnas, concluait à cet alignement préférentiel quand les autres facteurs étaient absents (troupeaux en marche, pente forte, vent...). Aucune base physiologique n'étant venue étayer cette déduction, elle restait hypothétique. Il fallait donc au moins la compléter avec d'autres observations mais il est sans doute difficile de décrocher des crédits de recherche sur ce thème.
Quatre chercheurs tchèques l'ont fait et ont publié au début de l'année le résultat de leur travail : non, les vaches ne s’orientent pas préférentiellement selon une direction particulière. Cette équipe a analysé des images de Google Earth (décidément une bonne manière d'explorer la Terre puisque des paléoanthropologues y ont trouvé une nouvelle espèceespèce d'hominidéshominidés et d'autres une région inexplorée d'Afrique qui s'est révélée riche en espèces inconnues). Depuis ce poste d'observation virtuel, 232 troupeaux, totalisant 3.412 animaux, ont été repérés et ces données ont été confiées à deux équipes indépendantes qui ont abouti à la même conclusion.
Exemple de diagramme obtenu par les chercheurs tchèques, comptabilisant les orientations des animaux par rapport au pôle nord magnétique dans les cas où la tête a pu être repérée (faute de quoi l'observation est limitée à un demi-cercle). Chaque barre représente le nombre de vaches, chaque cercle concentrique correspondant à 5 animaux. Les barres indiquent des directions différant de 10°, qui correspond donc à la résolution de la mesure. © J. Hert/L. Jelinek/L. Pekarek/A. Pavlicek
Un feuilleton qui n’est pas terminé
Affaire terminée ? Peut-être pas, car les auteurs de la première étude ont analysé la seconde et concluent qu'elle défaille sur plusieurs points, comme le rapportent les actualités de Nature. Hynek Burda explique que certaines zones observées se trouvent sur des sols en pente ou sous des lignes électriques. De plus, insiste-t-il, certaines images analysées n'étaient que de piètre qualité et auraient dû être ignorées. « La moitié de leurs données ne sont que du bruit » conclut-il...
Lukas Jelinek, de l'équipe des « contre », concède qu'il peut y avoir eu quelques imperfections dans l'analyse, par exemple que des erreurs de coordonnées sur certaines aient pu parfois conduire à des confusions entre les deux groupes d'analystes.
Bref, la situation n'est pas encore très claire. Pourtant, L'équipe « contre » annonce qu'elle n'ira pas plus loin tandis que celle des « pour » continue, comme elle le fait depuis plusieurs années, de travailler sur la magnétoréceptionmagnétoréception chez d'autres animaux. On sait déjà qu'elle existe chez le pigeon, la fauvette et la mouche. Ne manquez pas le prochain épisode de ce feuilleton.