Un primate en danger d'extinction a étendu son aire de répartition. Presbytis hosei canicrus a en effet été aperçu dans une forêt qui ne fait pas partie de son habitat connu. C'est une bonne nouvelle à condition que cette population soit viable et que la sous-espèce soit encore présente dans son ancien habitat.

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    Quand des biologistes détectent une espèce rare dans un endroit inédit, c'est plutôt une bonne nouvelle. C'est ce qui vient de se produire à Bornéo pour Presbytis hosei canicrus, un primate de cette île, de la famille des cercopithécidés. Normalement cantonnés à l'extrême est de l'île, des individus ont été aperçus davantage à l'intérieur.

    Une bonne nouvelle donc, car en 2006 cette sous-espèce faisait partie des 25 primates les plus menacés. Le fait que des individus aient été aperçus dans des zones non colonisées jusque-là peut signifier que le nombre global d'individus est à la hausse. Quoi qu'il en soit, cela veut dire que l'espèce n'est pas encore éteinte, ce qui, compte tenu de la tendance à la baisse du nombre d'individus, n'était pas acquis.

    Fragmentation de l'habitat de Presbytis hosei canicrus

    Jusqu'à présent, les scientifiques avaient déterminé que ces animaux n'occupaient que deux zones : la péninsule de Sangkulirang et le parc national de Kutai. Au début des années 1980, une estimation de 20 spécimens par kilomètre carré avait été réalisée, mais depuis, la sécheressesécheresse causée par les années El NiñoEl Niño a provoqué des incendies (en 1982-1983 et 1997-1998 notamment). En a résulté une fragmentation de l’habitat, ce qui a fragilisé l'espèce. La chasse n'a par ailleurs rien arrangé.

    Des primates de la sous-espèce <em>Presbytis hosei canicrus</em> dans la forêt de Wehea. © Eric Fell

    Des primates de la sous-espèce Presbytis hosei canicrus dans la forêt de Wehea. © Eric Fell

    Comme l'expliquent des chercheurs dans un article de Americain Journal of Primatology, c'est à proximité de deux sources que les nouvelles populations ont été aperçues, dans la forêt de Wehea, un peu plus à l'intérieur de l'île de Bornéo, par rapport aux espaces initialement habités par le primate.

    Les chercheurs sont restés plusieurs jours sur les deux sites d'observation et ont pu apercevoir jusqu'à 11 spécimens au cours d'une même journée. Ils avaient également placé des appareils photo à détecteurs de mouvementdétecteurs de mouvement qui se sont déclenchés à plusieurs reprises. Des groupes, comptant jusqu'à 7 singes, ont ainsi été photographiés sur le même cliché.

    Des populations viables ?

    Mais les scientifiques restent néanmoins réservés. Malgré le nombre encourageant d'observations, ils n'excluent pas que cette nouvelle population ne soit pas viable. Les sources sont des lieux privilégiés pour ces animaux et en apercevoir à ces endroits n'a rien de vraiment exceptionnel. D'ailleurs la présence de ces singes avait déjà été détectée à l'une des deux sources par des chasseurs, habitants ou scientifiques.

    Il faudra maintenant explorer le reste de la forêt de Wehea à la recherche d'autres sources afin d'obtenir une meilleure estimation de la viabilité de la population. Les scientifiques recommandent également que ces lieux soient protégés, ce qui est partiellement le cas depuis 2004 et l'interdiction d'y couper des arbresarbres. Mais il ne faut pas non plus oublier les zones côtières que les singes occupaient traditionnellement et où les seules populations viables ont été observées jusqu'à présent.